Au coeur de la maison-close

Lupanar, bordel, maison-close… autant de noms utilisés pour évoquer les lieux de plaisir.

Dans la Rome Antique, les prostituées étaient surnommées les « lupas » (les louves) en référence à leur activité nocturne et sexuelle. Elles exerçaient dans les lupanaria, qui a donné le nom lupanars. Parfois tolérés, souvent réprimés, ces établissements sont présents dès l’Antiquité dans la capitale et ont connu une histoire très mouvementée.

A l’époque, ils devaient être signalés par une lanterne rouge et les volets devaient être clos, d’où le nom de maison close. Elles devaient être situées loin des lieux saints et souvent en-dehors des murs de Paris, c’est-à-dire en bordure, d’où le noms de « bordel ».

La maison-close, par son nom, est une maison ou un immeuble aux volets clos, qui attire par son mystère et qui promet à l’intérieur d’ouvrir sur des horizons insoupçonnés. Ces lieux sont régis par des mères maquerelles qui prennent une commission sur les services réalisés par les prostituées. Le maigre salaire gagné par ces dernières est souvent redépensé au sein même de la maison close qui vend des liqueurs, des cigarettes, etc. Les journées sont marquées par l’attente du client, comme le représente Edgar Degas dans des dessins au réalisme saisissant qu’il ne montrera jamais de son vivant.

Degas_Monotypie.jpg

Edgar Degas (1834-1917), Les trois prostituées, c. 1879, pastel et monotype sur papier, 16x21,5cm, Amsterdam, Rijksmuseum

Capture d’écran 2023-02-08 103353.png

Edgar Degas (1834-1917), Au salon, c. 1879, monotype à l’encre noir sur papier vergé épais, 1ère de 2 impressions 16x21,5cm, Paris, musée Picasso.

Il faut bien considérer que la société de l’époque est régie par l’ascension de la bourgeoisie, qui vante l’importance des plaisirs comme le peint Thomas Couture dans Les Romains de la décadence en 1847. Ainsi, la maison close participe à ce système et est véritablement un lieu de société. Jean-Marc Gentil, chef du service de la mémoire et des affaires culturelles de la Préfecture de police de Paris explique que : « [les maisons-closes sont] une forme de service public concédé [à des personnes privées], une forme d’institution ». Les hommes sont donc des habitués des maisons-closes, et les artistes n'échappent pas à la règle. 

(Albi)_Au_Salon_de_la_rue_des_Moulins_-_Henri_de_Toulouse-Lautrec_1894_MTL.inv180(_small).jpg

Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901), Au salon de la rue des moulins, 1894, huile sur carton, 111,5x132,5 cm, Albi, musée Toulouse-Lautrec.