A. Un appartement hors place Royale
1. Généralités
L’immeuble possède 6 niveaux (Fig. 85) : le rez-de-chaussée, un entresol, 3 étages et un étage en toiture. Au- rez-de-chaussée, on peut voir une porte centrale surmontée d’une fenêtre cintrée. De part et d’autre de la porte, deux arcades enveloppant l’entresol est visible. Les vitrines ont surement été changés au fil du temps, tout comme les fenêtres de l’entresol. Les étages montrent une stratification différente du fait de la différence de hauteur des fenêtres allant de plus grande à plus petite entre le premier et le troisième étage. Les trois étages possèdent chacun 5 fenêtres Le premier et le troisième étage possède 5 fenêtres rectangulaires tandis que le second étage possède 5 fenêtres cintrées. L’étage en toiture possède quant à lui 4 lucarnes à deux pans alignées aux 5 premières travées de fenêtres. La toiture à la française est en ardoise. La façade reprend presque tous les critères d’esthétisme de la façade Robelin. Seules les lucarnes diffèrent. Robelin les a pensé à la capucine et non à deux pans.
2. Les parties communes
En rentrant dans les parties communes (Fig.86), nous nous sommes rendus compte que les portes en bois initialement prévues pour accéder aux boutiques sont toujours présentes de part et d’autre du couloir. Cependant, elles ne doivent plus être utilisées par les clients. En effet, comme nous pouvons le voir sur la photo de la façade, l’accès aux boutiques se fait maintenant par les arcades. Les portes d’arc ès aux boutiques pour les clients sont intégrées aux vitrines. Un lambris se trouve le long du couloir à mis-hauteur des murs. Un enduit recouvre la partie au-dessus de la ortie en lambris. Des boites aux letters sont fixés au-dessus du lambris sur le mur gauche du couloir. Le sol est réalisé en tomette de terre cuite rectangulaire de différentes teintes de marron. Les solives du plancher du premier étage sont visibles au niveau du plafond.
Au fond du couloir, on découvre l’escalier en bois massif (Fig.87) de style rennais à deux volées avec un palier au niveau de chaque étage. Il n’y a pas de repos à mi-hauteur ici. À droite de l’escalier une porte en bois pour accéder à l’arrière-boutique est positionnée. Les rambardes des escaliers (Fig.88) reprennent le style rennais que l’on peut observer sur certaines coursives extérieures toujours visibles ou encore dans les anciens notes particuliers place des Lices. Celui-ci est particulièrement en bon état, même si on remarque le flambement sur les marches dût à l’usure. Après l’escalier, nous pouvons voir la porte en bois qui mène aux caves mais nous n’avons pas pu les visiter. Derrière elle, une porte composé dune partie fixe et de l’autre une ouverture vers l’intérieure permet de se rendre dans la cour. On peut voir que la cour est de petite taille et a été remaniée. Une extension a été réalisée sur la droite en rentrant dans la cour. Cette extension aura un impact sur l’agencement intérieur de l’appartement que nous avons visité nous le verrons plus loin. Selon les plans de Robelin, nous devrions avoir une porte centrale niveau du rez-de-chaussée du bâtiment en fond de cour pour pouvoir accéder aux étages de ce dernier. Nous nous demandons donc si l’escalier ne se trouve pas plutôt à l’angle au fond à gauche de la cour. En effet, les fenêtre du bâtiment de gauche eau plus proche du mur du fond dont pensés à des fenêtres donnant sur une cage d’escalier. Nous pouvons surement y accéder par la porte basse situé au milieu du mur gauche de la cour. Les fenêtres sur cour sont cintrées ou rectangulaires. Et suivent toujours la stratification des étages
Une fois sur le palier de l’appartement que nous avons visité, nous avons pu observer trois portes. Deux porte latérales double pleine et au milieu une porte double vitrée à moitié sur la partie haute. C’est en visitant l’appartement que nous nous sommes rendus compte que cette porte vitrée majestueuse n’était plus utilisée. En effet, elle est condamné puisque derrière elle se trouve aujourd’hui la cuisine. Ainsi, nous nous sommes demandé si à l’époque il n’existait pas un seul appartement et que les portes latérales ont ajoutées après tout comme la cloison de la cuisine qui sépare aujourd’hui les deux appartements du second étage. La propriétaire n’a pas pu répondre à mon interrogation. Les deux portes latérales sont protégés par un volet de protection (Fig.89), sécurité supplémentaire pour le propriétaire pendant leur absence. En effet, à l’époque il n’y avait pas de digicode et il était donc plus facile de rentrer dans les immeubles et donc s’accéder aux appartements.
3. L'agencement de l'appartement
=> L'Entrée et la pièce d'apparat
Une fois dans l’appartement nous sommes dans une petite entrée (Fig.90) avec à gauche une simple porte vitrée permettant d’accéder à l’espace nuit et à droite une double porte pleine permettant d’accéder à la pièce d’apparat. La pièce principale (Fig.91) est baignée de lumière grâce aux deux fenêtres donnant sur la rue d’Estrées. Les fenêtres ont leur partie supérieure de la menuiserie cintrée est fixe tandis que la partie inférieure est croisée à 2 croisillons peuvent s’ouvrir par deux battants « à la française ». Des volets intérieurs en bois sont intégrés aux fenêtres. Etant au second étage, l’appartement n’a pas une haute hauteur sous-plafond mais nous avons tout de même une belle hauteur. Les murs de la pièce sont tapissés de panneaux de bois moulurés. Ils permettent d’éviter le plâtre qui pourrissait les solives tout en cachant ces dernières. Un miroir rectangulaire est inséré dans les boiseries au-dessus dans la cheminée. La couleur claire des boiseries sur les murs a été faite par la propriétaire que nous avons rencontré, il est difficile de savoir avec certitude qu’elle était la couleur des boiseries à l’origine de la construction de l’immeuble.
Le manteau de cheminée est en marbre blanc (Fig.92) avec une console au-dessus de l’âtre fait du même marbre. La cheminée ressemble est de style Louis XV à coquille. Au centre du manteau de la cheminée un détail significatif du style Louis XV, une coquille Saint-Jacques. Les cheminées Louis XV se développent pendant le règne de ce dernier entre 1710 et 1774, ce qui correspond à la période de reconstruction de la ville de Rennes entre 1720 et 1760. La taille de la cheminée et l’utilisation du marbre, une matière noble, nous permet de dire que les propriétaires au moment de la reconstruction doivent faire partie d’une classe sociale haute. Mais la simplicité des décors va de paire avec un appartement situé au second étage et non au premier étage. La cheminée ne présente pas encore de surenchère des courbes ce qui montre que nous sommes au début du style Louis XV s’inscrivant dans la continuité du style Régence (1715-1723). On voit bien que la cheminée est souvent été utilisée mais une flaque de fonte bouche son conduit. En effet, aujourd’hui il est interdit d’utiliser les anciennes cheminées dans les appartements rennais de peur de déclencher de nouveau incendies et ainsi préserver ce patrimoine. Le sol de la pièce principale est faite en parquet Versailles (Fig.93). Ce motif de parquet tient son nom du Château de Versailles. Il y a été inventé pour remplacer le marbre qui y était présent. Il est facilement reconnaissable par ses petits carrés embrevés dans des lames de bois entrelacées. Il est fabriqué le plus souvent en chêne. Chaque panneau du parquet Versailles fait 1m2. Les panneaux sont facilement transportables et peuvent être fabriqué en grande quantité en série. Le parquet de Versailles est associé aux lieux de prestige c’est pourquoi on le retrouve ici dans la pièce de vie qui sert agrément de pièce d’accueil pour les invités. C’est une autre manière de montrer son niveau social. Un simple parquet formant un « L » a été ajouté autour de la cheminée pour combler le vide laissé après l’installation du parquet de Versailles.
L’agencement de la pièce et les matériaux utilisés font écho à des annonces immobilières que nous avons pu trouver sur les différents portails internets. La première pièce (Fig. 109) reprend position de la cheminée et le type de parquet à « échelle » que l’on trouve dans les autres pièces de l’appartement que nous avons visité. La hauteur sous plafond est moindre car il s’agit vraisemblablement d’un appartement situé au troisième étage voir au quatrième étage. Nous avons trouvé un second exemple (Fig.110) se reprochant davantage de la pièce de vie de notre appartement. On retrouve un sol en parquet Versailles, une belle hauteur sous-plafond et une cheminée et sons manteau à l’emplacement habituel de la pièce. Cette cheminée a un manteau en marbre noir. Aucun miroir n’est incorporé dans la boiserie.
=> La cuisine
Au fond de la pièce de vie, une porte en bois permet d’accéder aujourd’hui à la cuisine (Fig.94) . La pièce est aussi longue que la pièce de vie mais de petite largeur. Nous avons une hauteur sous plafond légèrement plus basse que celle de la pièce de vie car les derniers propriétaires ont ajoutés des spots et donc ont dû créer un nouveau plafond plus bas. Le sol est fait d’un simple parquet dit en échelle. Il est mis en place avec des lames larges et courtes, entrecoupées par des lames plus étroites, posées perpendiculairement pour former des « échelles ». En général, le sales verticales mesurent de 70 à 90 mm de large, et les lames formant les « barreaux » mesurent de 90 à 120 mm de large. Cette technique ne permet pas la fabrication de panneaux pour une pose plus rapide. Il est mis en place directement sur place morceau par morceau. C’est ce type de sol que l’on retrouve majoritairement dans les appartements de la reconstruction que j’ai vu observer sur les photos des agences immobilières. Nous pouvons également observer un meuble formant un quart de cercle inséré dans les boiseries (Fig.95). La fenêtre a une menuiserie cintrée ayant une partie fixe tandis que la partie inférieure est croisée à 5 croisillons peut s’ouvrir par deux battants « à la française ».
=> La partie nuit : chambre & petit cabinet
Si on retourne sur nos pas et que l’on passe la porte à gauche de la porte d’entrée, nous rentrons dans la chambre à couchée (Fig.96). Adjoint à la chambre nous retrouvons un petit cabinet (Fig.97) auquel on accède par une porte à 4 ventaux de même largeur. Il devait sûrement servir pour se changer et stocker sa garde robe. On peut décider d’en ouvrir que deux si on le souhaite. Dans les deux pièces forme un seul et même ensemble. On y retrouve la même hauteur sous plafond que dans la pièce de vie. Des boiseries simplement décorées sont visibles sur les murs gauche et droite de la pièce. Les autres murs de la pièce ont une boiseries sur la partie basse du mur (environ 1/4 de la hauteur du mur) tout comme dans le petit cabinet. Un papier peint à rayure rouge se trouve sur la partie supérieure des murs du cabinet au dessus des boiseries. Un miroir ovale y est incorporé. Il est difficile de dire si oui ou non ce décor date de l’époque de la construction de l’immeuble. En effet, c’est au début du XVIe siècle que le papier peint prend un essor conséquent en Grande-Bretagne, avant d’apparaitre à son tour en France dans le courant du XVIIIe siècle. Le sol est fait d’un simple parquet dit en « échelle » comme nous l’avons vu plus haut dans la cuisine.
La cheminée est de style Louis XV pompadour et il semble qu’elle soit faite en marbre Enjuguerais (Fig.98). Une plaque de fonte ferme le conduit de cheminée mais il semble qu’un petit poêle à bois en fonte ait été rajouté plus tard. Les poêles en fonte deviennent populaires au milieu du XVIIIe siècle. Le manteau de cheminée est surmonté d’un miroir incorporé dans la boiseries du mur. Une moulure se situe au centre du plafond. Un placard sur mesure se situe à gauche de la cheminée sur toute la hauteur de la pièce (Fig.99). Il possède 2 travées de portes divisées en deux parties. La première travée est composée d’une porte surmontée d’une autre porte de placard. La seconde travée est composée d’une double porte surmontée d’une double porte de placard.
=> Une pièce dédiée à l'hygiène
Une nouvelle porte permet d’accéder à une nouvelle pièce, la salle de bain actuelle (Fig 100 et 101). Il s’agit d’une porte à un battant qui comprend 9 carreaux de même taille. Au-dessus de la porte se trouve une fenêtre fixe. La pièce sous nos yeux est aujourd’hui la salle de bain. Il s’agissait sûrement du cabinet d’aisance de l’appartement si on se réfère au plan de Robelin vu plus haut. Ce n'est seulement au début du XXI siècle que la salle de bain prend la forme contemporaine d’éléments de faïences tel que nous le voyons dans cette pièce et ce grâce à l’évolution de l’hygiène. Un placard est également intégré dans la pièce. La sol de la salle de bain est fait en carrelage contemporain du XXIe siècle. Au fond de la salle de bain une nouvelle porte permet à l’accès à une nouvelle pièce (Fig.102) qui, comme nous l’a dit la propriétaire, a dû être ajouté après la construction de l’immeuble. C’est l’extension dont nous parlions plus haut dans la cour. On retrouve un sol en parquet à « échelle ». Le smurf sont recouverts d’un lambris simple. Le plafond est en plâtre.