Mémoire Vive Numéro 7
Editorial
La prosopographie est bien vivante, et de nouveaux champs, comme la prosopographie comparée, s'ouvrent à elle ; encore faut-il savoir élaborer des méthodes adaptées à ces nouvelles perpectives, plaide Christophe Charle dans son article introductif sur dossier. L'apport de l'informatique aux recherches prosopographiques a depuis longtemps été démontré mais le développement des micro-ordinateurs et d'outils logiciels de plus en plus performants permet aujourd'hui des applications de plus en plus complexes comme le montrent les textes de Dominique Charpin, Jean-François Pernot et Pascal Brioist. L'analyse et le traitement des actes notariaux font l'objet des articles de Laurence Bergon et de Jean-Baptiste Pisano. L'une propose des solutions dans l'univers PC. L'autre présente un outil puissant élaboré sur Mac Intosh. Pc ? Mac ? Si l'on a pu reprocher à Mémoire Vive d'être enfermé dans un univers Pc et compatible, voici un numéro bien équilibré qui prouve que ce n'était pas délibéré. Quatre des articles du dossier concernent des applications Mac et parmi celles-ci, trois ont été développées sous 4D. les articles de Dominique Charpin et de Jean-Baptiste Pisano présentent en détail deux applications fort différentes et donnent, à eux deux, une vision assez précise de la puissance de 4D pour gérer une base de données complexe. L'importance du dossier et l'aspect très méthodologique et très informatique d'un certain nombre de textes a, d'ailleurs, conduit à supprimer la rubrique LOGICIELS qui ne s'imposait pas dans ce numéro.
Quant à la rubrique TRUCS ET ASTUCES : c'est une innovation que nous souhaiterions continuer à alimenter. Aujourd'hui, fort à propos, Christophe Bourquin nous convie à " passer de Mac à Tri-Deux...sans peine ". C'est donc que l'antinomie entre Mac et Pc n'est plus si forte et le cloisonnement aussi évident qu'on pourrait le croire. Mais les choses allant souvent mieux en le disant, transmettre ses trucs et ses astuces pour outrepasser les possibilités affichées des logiciels, contourner les difficultés liées au passage d'un logiciel à un autre, d'une machine à une autre peut être d'un grand secours pour les lecteurs.
Caroline Bourlet
LE DOSSIER
POUR UNE PROSOPOGRAPHIE COMPAREE
Christophe CHARLE Directeur de recherches au CNRS Professeur d'histoire à l'Université Lyon III
La multiplication des travaux d'histoire contemporaine utilisant les méthodes de prosopographie pratiquées de longue date en histoire ancienne et médiévale se relie à une conjoncture intellectuelle et technique née au début des années 70 et qui, près de vingt ans après semble atteindre, du moins en histoire sociale, son point de saturation. Au nom de la loi inéluctable des rendements décroissants et du retour au premier plan de thèmes historiographiques peu justiciables de cette approche, doit-on pour autant annoncer, après la mort des classes et la mort de l'homme, la fin des élites et des biographies collectives ? L'histoire contemporaine est sans doute la sous-discipline où la pression concurrentielle des historiens de plus en plus nombreux est doublée des effets souvent ravageurs des thématiques nées de l'actualité immédiate. Aussi les effets de mode y sont-ils sensibles plus que pour les autres périodes. Outre la prudence nécessaire face à ces travers, trois considérations doivent, me semble-t-il, faire refuser ce diagnostic prématuré quant aux vertus déclinantes d'une méthode qui a fait les belles heures de l'histoire sociale récente.
En premier lieu, en dehors des élites, domaine d'application privilégiée de cette méthode, d'autres groupes sociaux commencent à voir renouveler de l'intérieur leur histoire sociale grâce aux biographies collectives : les classes moyennes et, de plus en plus, les classes populaires à travers leurs élites militantes mais également les histoires de vie de témoins privilégiés.
En second lieu, une fois n'est pas coutume, l'historiographie française a été pionnière et peut faire encore école à l'étranger là où des directions différentes de l'histoire sociale voire des blocages institutionnels et intellectuels n'ont pas permis l'essor de cette méthode.
Enfin un champ encore vierge pour la prosopographie contemporaine en France, pour lequel cet article voudrait plaider, celui de la prosopographie comparée. Il apparaît d'autant plus important qu'il pose des problèmes de méthode complexes, donc sujets à débat, entre spécialistes de périodes différentes et qu'il pourrait contribuer à relancer une branche toujours négligée en France, celle de l'histoire comparative.
La principale et éternelle objection faite à la méthode comparative en histoire est la nécessité, étant donné l'abondance de la matière, de travailler de seconde main à partir des monographies établies par des tiers avec le double risque de la généralisation hâtive de conclusions extraites de leur contexte singulier et celui de l'inadéquation permanente des données comparées, notamment en histoire sociale, du fait du problème récurrent des codages. On peut songer ici aux tentatives de comparaisons faites par les sociologues ou les historiens sur la mobilité sociale dans divers pays ou à celles du recrutement des divers groupes sociaux saisis terme à terme notamment au sein des sociétés urbaines, prises comme des échantillons spatiaux. Les harmonisations de codage au plus petit dénominateur commun poussent à une perte d'information réductrice ou à l'imposition de cadres abstraits hétérogènes par rapport à l'époque considérée et générateurs de truismes fonctionnalistes. Les mêmes apories ou sentiments d'insatisfaction ont poussé naguère à délaisser la macro-histoire sociale pour la micro-histoire sociale et à recourir à la prosopographie et aux biographies collectives construites. Il apparaît donc licite, mutatis mutandis, de proposer la même stratégie de recherche et une version adaptée de la méthodologie qui va de pair à l'histoire sociale comparative. Des chercheurs étrangers ont déjà montré l'exemple, et il ne serait que temps que les historiens français fassent de même.
Choix du terrain
La biographie collective est, on le sait, une méthodologie particulièrement exigeante en temps de recherche et en rigueur d'organisation des données. Une prosopographie comparative multiplie au moins par deux - pour deux pays -, ou plus, si l'on veut comparer un plus grand nombre de cas, le temps de collecte des données. Il faut y ajouter le temps supplémentaire nécessaire pour mettre au point le cadre de saisie et d'exploitation de celles-ci. Pour tester l'hypothèse initiale de la faisabilité et de la fécondité du projet comparatif, il convient donc de partir d'un terrain sur lequel l'un des deux pays considérés dispose déjà d'une masse critique de données exploitables dont on déduira par homologie le cadre d'enquête de l'autre pays choisi, qui, lui-même, devra comporter un intérêt comparatif évident pour l'élite sélectionnée. Ces deux considérations d'opportunité expliquent que je sois parti de l'élite universitaire parisienne de la Troisième République, déjà largement explorée par moi-même ou d'autres chercheurs qui ont livré leurs principaux résultats. J'ai donc constitué un échantillon prosopographique comparable pour l'Allemagne, le grand pays de référence pour le rôle central qu'y joue l'Université mais aussi le modèle choisi par les universitaires français eux-mêmes dans leur tentative d'auto-réformation.
L'échantillon allemand, qui sert de base à cette étude, est composé de 74 professeurs ordinaires des disciplines scientifiques et de 110 relevant des disciplines littéraires appartenant tous, du fait de l'absence de différenciation, à la faculté de philosophie de l'Université de Berlin entre 1870 et 1933. N'ont été retenus que les professeurs qui ont enseigné une durée suffisante pendant la période considérée afin de n'étudier que ceux pour qui Berlin est un objectif crucial et non une simple étape de carrière. L'un des buts de la comparaison est d'isoler deux groupes de professeurs, l'un allemand, l'autre français arrivés au sommet de la consécration, ce qui en France se résume alors à l'accès à un poste parisien. L'échantillon français est constitué, lui, par les professeurs en poste à Paris entre 1879 et 1939 dont la biographie figure dans mes différents dictionnaires publiés ou dans des études faites parallèlement mais non éditées sous cette forme prosopographique.
Même si la comparaison apparaît plus particulièrement justifiée pour un groupe à vocation internationale et héritier d'un passé européen commun quant à l'exercice de ses fonctions et à son idéal social comme les universitaires, la différenciation ultérieure des systèmes universitaires implique une grande attention aux différences, afin de ne pas comparer des artefacts similaires seulement nominalement. Le but étant, comme dans toute prosopographie, de saisir, à travers les biographies collectives, le fonctionnement social réel des institutions dans lesquels agissent les individus considérés, la délimitation des échantillons sera décisive pour permettre ou non de découvrir les lois non écrites du milieu considéré. On peut se reporter ici, pour voir les effets de ces biais qui pèsent sur les conclusions, à d'autres études antérieures similaires. Le grand danger est de ne retrouver, au terme de beaucoup d'efforts érudits, que des vérités déjà connues ou admises sur chaque pays considéré. On aboutit en général à cette impasse ou à ce résultat décevant en mettant en œuvre des découpages non susceptibles de comparaisons contrôlées permettant de relativiser ou de mettre en perspective tel trait dominant. Ce risque implique donc un choix particulièrement vigilant des variables comparées.
Choix des variables
La place manque évidemment pour examiner l'ensemble des variables du questionnaire. Je me limiterai donc aux plus décisives. Malgré la similitude fonctionnelle des deux groupes, les dissymétries fondamentales entre les deux modèles universitaires (centralisme, décentralisation, plurifonctionnalité, unicité d'organisation) obligent à un effort particulier d'imagination sous peine de ne retrouver que des faits déjà connus.
Le premier exemple sera fourni par les variables sociales. Ce sont les variables classiques d'origine géographique et sociale. Comme pour toute comparaison, il s'agit de peser ressemblances et différences. On peut supposer a priori que les variables géographiques feront retrouver ce qu'on sait déjà, l'opposition centralisation/décentralisation des deux modèles. Ce qu'un codage commun doit donc mettre en évidence c'est moins ce résultat que la logique des cheminements des deux populations et leur sens social et intellectuel, d'où un traitement fonctionnel de la variable géographique. Elle doit répondre à la question : quel type de capital spécifique comporte le lieu de socialisation primaire saisi à travers le lieu de naissance ou de première formation : capital culturel (part des villes universitaires), proximité du réseau administratif dispensateur d'avantages divers pour la suite (part des villes administratives), proximité au contraire du monde de la modernité économique (part des villes à dominante commerciale ou industrielle). Au résultat attendu est donc substitué un faisceau d'indications sur l'insertion des futures élites universitaires dans les divers réseaux urbains facilitant ou retardant les carrières qu'ils ont choisies ou susceptibles au contraire de les attirer vers d'autres horizons auxquels ils ont renoncé. La répartition, pondérée en fonction de la structure urbaine spécifique, de ces formes de capital révèle ainsi les principes dominants de sélection pour chaque système dans le champ considéré.
Ce premier indicateur est affiné et précisé dans la même logique par les variables de milieu social d'origine. J'ai repris le codage déjà expérimenté sur d'autres élites non par paresse imaginative mais pour la souplesse d'adaptation déjà éprouvée sur des milieux divers et l'intérêt cumulatif de relier des prosopographies déjà existantes. Il a été doublé par trois indicateurs spécifiques et synthétiques : appartenance ou non à la noblesse, détention d'une formation supérieure par le père, appartenance du père à l'administration, ce qui permet de mettre en évidence certains traits semblables ou différents qui ont une signification générale pour les deux sociétés et pour la comparaison entre les élites universitaires et les autres élites.
En ce qui concerne les variables de carrière, l'adoption d'une grille commune pour les deux échantillons ne présente pas de difficulté majeure. Il s'agit du nombre de postes avant l'accès au poste final, de la durée des fonctions aux postes inférieurs à celui de professeur titulaire, de l'expérience ou non de l'enseignement secondaire et des fonctions de recherche, de la continuité ou non de la localisation des fonctions, de l'âge aux différents grades majeurs. On peut croiser tous ces indicateurs avec les disciplines, les périodes et les générations, ce qui permettra de dresser un portrait fonctionnel des deux populations et de comprendre plus avant le fonctionnement des deux systèmes, les comportements et les stratégies qu'ils cultivent ou au contraire découragent, germes eux-mêmes de scléroses ou de rénovations possibles. On pourra essayer de vérifier notamment si le phénomène de vieillissement qui caractérise l'élite universitaire parisienne de l'entre-deux-guerres touche ou non, à la même époque, l'élite universitaire berlinoise et si la spécificité des lettres et des sciences rejaillit sur la redéfinition identique de voies particulières analogues dans les deux pays : avec par exemple l'émergence de la fonction autonome de recherche.
Hypothèses et méthodologie
Quelles sont, pour finir, les hypothèses que cette prosopographie comparée veut confirmer ou infirmer ? Elles sont doubles. Les unes se relient à mes recherches antérieures sur les intellectuels français. A travers les portraits sociaux des deux groupes d'universitaires homologues, l'enjeu est de mesurer les effets de ces données sur la représentation que les professeurs ont de leur rôle et sur les idéaux collectifs susceptibles d'en découler. Là encore il ne s'agit pas de réaffirmer le truisme connu de la dominance du modèle des " intellectuels " en France et du refus de celui-ci en Allemagne. Il convient plutôt d'en comprendre les raisons et les fonctions, au-delà des traditions culturelles, explication paresseuse. Il faut surtout trouver où passent les clivages et leur motif. N'oublions pas, j'y ai beaucoup insisté contre les légendes pieuses, l'existence largement répandue en France d'un modèle anti-intellectuel au sein du milieu universitaire ; inversement l'émergence dans certains cercles universitaires allemands de minorités proches de l'idéal français ne peut être considérée comme négligeable car elle rend compte des tensions de l'Université allemande et de ses possibilités d'évolution. Fritz K. Ringer avait, dans son ouvrage pionnier, marqué cette opposition entre mandarins traditionnels et minorité novatrice. Ce qu'il avait analysé sur un plan d'histoire idéologique doit être croisé avec l'analyse prosopographique comme nous invitent à le faire certains travaux récents consacrés à certaines disciplines ou périodes cruciales de l'Université allemande. Pour rendre compte de ces différenciations internes, si l'expérience déjà tentée sur le cas français est généralisable, la prosopographie comparée est certainement l'outil le plus adéquat, elle qui doit déboucher sur la biographie sociale différentielle systématique et sur la mise en relation entre, d'un côté, des données socio-institutionnelles et socio-culturelles et, de l'autre, les variables d'engagement intellectuel, politique ou social.
Ainsi s'ouvre une série de questions méthodologiques communes et transversales aux périodes historiques dont la résolution pourrait permettre d'aborder un débat plus large sur les fondations possibles d'une histoire socio-culturelle comparée de la culture européenne, horizon final de cette première enquête.
QUELQUES REMARQUES SUR PROSOPOGRAPHIE ET INFORMATIQUE
A propos de l'utilisation du logiciel 4e Dimension
Jean-François PERNOT Histoire Moderne, Reims
Les Temps Modernes furent la période historique qui avait effectué la première la grande révolution méthodologique en Histoire à la suite de la réflexion des collaborateurs des " Annales " et en se fondant sur la démarche de la " Méditerranée " de Fernand Braudel. Mais cette approche laissait de côté deux domaines liés : les institutions et les hommes. Ces deux composantes de la réalité humaine étaient considérées alors comme secondaires par rapport aux forces qui étaient à la base de la vie et de l'action des hommes, l'économique et le social.
Il n'est pas nécessaire de rappeler plus de détails à propos des débats qui occupaient durant ces années-là les réflexions des historiens. Malgré des pertes de temps et d'énergie de nombreuses questions étaient ainsi soulevées et obligeaient à penser une méthodologie plus rigoureuse. Ces quelques traits doivent permettre de comprendre la situation que j'ai trouvée au début des années 1970 et dans laquelle j'ai dû évoluer afin de conduire ma recherche.
Étudier le monde des Comptes qui n'avait pas été " labouré " depuis l'érudit M.A. de Boislile, un siècle auparavant, était le moyen de faire évoluer une problématique. Nous nos trouvions à la rencontre des affaires qui révélaient le concret des champs de forces de la société d'Ancien Régime, du jeu des institutions de l'ancienne France, ainsi que de la vie et des actions des hommes qui, au milieu de leurs relations familiales et professionnelles, étaient les agents de ces situations. L'Histoire se devait d'être la synthèse de toutes ces problèmatiques.
Nous avions donc d'une part des analyses concernant l'économie avec les conséquences des choix et des conditions structurelles, et d'autre part des récits de familles ou des dossiers généalogiques qui traduisaient des conceptions trop nobiliaires des liens sociaux, ne tenant compte (dans Bluche) que des ainés ou des transmetteurs d'offices, les autres parents, les filles ou les décédés jeunes y étaient délibérément ignorés. Il faudra attendre en particulier le dictionnaire des Ingénieurs du Roi (1691-1791) d'Anne Blanchard pour qu'un groupe social, fondamental pour l'évolution de l'appareil de l'Etat de la France Moderne, soit étudié et publié dans sa totalité.
Après avoir analysé par sondage, pendant de longs dépouillements, l'activité de la Chambre des Comptes de Paris (soit plus de 30.000 références), nous nous sommes, en bonne méthode, interessé ensuite aux magistrats qui établissaient les contrôles et dossiers et rendaient les Arrêts de la Chambre.
Des dictionnaires de Magistrats ou de familles étaient publiés et bien connus mais comme dans le cas d'un inventaire d'archives même très détaillé, ils ne pouvaient donner des résultats que selon leur finalité propre et de plus, une telle édition coûteuse était rigide par ses spécifications typographiques quasi définitive surtout en cas de modification ou d'erreurs.
Nous sommes donc là aussi à la croisée de deux démarches qui rendent justement l'aventure de la recherche historiques passionnante et enrichissante. Il s'agit tout à la fois de pouvoir traiter des milliers de fiches aux renseignements multiples et ainsi répondre à des questions elles-mêmes croisées et d'avoir une base de données en constante évolution, laquelle doit non seulement servir à la constitution des réponses mais, sans avoir à entrer de nouveau les renseignements à l'aide d'un autre logiciel, doit servir à imprimer une fiche personnelle, un dossier de famille comme tout ou partie du dictionnaire complet selon les critères retenus.
Dans les grandes thèses déjà publiées, nous avons de remarquables enquêtes avec des tableaux statistiques signifiants réalisés par ordinateurs grâce aux centres de calcul du CNRS et dont la thèse de Françoises Autrand est l'un des exemples les plus significatifs et d'autre part, du fait de l'évolution actuelle des enquêtes sur l'appareil de l'Etat qui rejoignent mes préoccupations depuis plus de 20 ans, des dictionnaires de Corps et de groupes sociaux. Si celui de Christine Favre-Lejeune ou celui de Joël Félix en sont les exemples les plus détaillés avec une préoccupation sociale maximum évidente, et s'ils dépassent nettement les dictionnaires réalisés par François Bluche - lequel a lui-même évolué depuis ses parlementaires parisiens (1715-1771) dépassant la simple liste des membres de la famille se transmettant l'Office - ces dictionnaires restent toujours rigides tant dans leur démarche trop étroiteme,nt liée au Corps étudié que par les contraintes de l'édition.
Le but de toute étude sociale vise au groupe d'existence, lequel concerne la famille, ses branches et alliés, les relation humaines qui sont en rapport avec elle tant ans des actes sociaux que professionnels : qui est témoin lors d'un mariage, d'un baptême, d'une enquête de réception d'un Office ou est caution lors d'un contrat devant notaire ... ?
Le logiciel 4e Dimension sur le système MACINTOSH répond à cette attente, selon trois démarches.
La première existe par sa structure en sous-fiche, ainsi plus de longues pages qui restent blanches faute de renseignements obtenus lors des dépouillements. Les sous-fiches sont créées selon les besoins, selon l'ordre des rubriques décidé par le concepteur mais toujours modifiable dans la totalité à tout instant. L'économie d'une fiche personnelle repose sur une partie " tête " qui sert ainsi d'identificatif avec les renseignements fixes qui permettent les premiers tris pour un fait ou un personnage, s'y raccrochent une ou plusieurs sous-fiches selon les rubriques abordées (épouses, ascendants, descendants, parentelle diverse, relations, offices, actes, docmentation...), l'avantage réside dans cette souplesse. Leur création est liée aux aléas des découvertes dans les sources et il est toujours possible, par le biais d'un indice placé sur chaque sous-fiche et toujours modifiable, de modifier l'ordre de présentation des sous-fiches. L'ordre des types de sous-fiche - épine dorsale d'un dossier - restant quant à lui toujours le même jusqu'a ce qu'en décide autrement l'utilisateur. Il y a donc souplesse dans l'enquête et dans les éditions qui peuvent en découler.
Le second avantage réside dans le fait que l'on peut ainsi intégrer également dans les dossiers individuels des documents graphiques et iconographiques dans des sous-fiches ad hoc, sans changer de type de logiciel, et lier entre eux des fichiers par le biais de questions communes (ex. : les actes de la Chambre et les Magistrats concernés, fiches personnelles et bibliographie...).
Enfin pour tout ce qui concerne l'édition, de nombreux formats sont possibles à tout instant et en choisissant pour leur constitution seulement les champs significatifs.
Avantage général de l'ensemble du logiciel : tout est " créable " et modifiable en permanence, structures et data sont donc libres comme sur une feuille de papier, pour le travail personnel et précis du chercheur.
Il convient donc de créer des sous-fiches selon les rubriques que l'on veut faire figurer dans un dossier. Après quelques essais les dimensions et les champs sont ainsi " rodés " pour un usage massif. La programmation de base en vue des tris est assez simple, il s'agit de déterminer des champs simples qui permettront les interrogations et les éditions classées, puis ces demandes ayant eu leurs réponses, des formules plus complexes peuvent être écrites et exécutées par la nouvelle gamme Macintosh...
Le chercheur, puis par la généralisation de la démarche et des types de formats ajustés, la communauté des chercheurs en prosopographie auront ainsi une grande base de données qui intégrera toutes les familles connues au delà des Offices et des Corps. Deux missions seront ainsi réalisées : la mise en relation de tous les dictionnaires prosopographiques sans limitation, donc avec le maximum de liens révélant l'Histoire de la société française, et d'autre part, avec cette mise en fiches et sous-fiches, la conservation et l'utilisation de tous les travaux universitaires ou privés. La prosopographie nécessite pour être efficace une telle démarche et l'utilisation de tels moyens informatiques.
UN PROGRAMME D'ANALYSE DES RESEAUX APPLIQUE A UNE BASE DE DONNEES HISTORIQUE : "NETWORK"
Pascal BRIOIST
Tout a véritablement commencé en Novembre 1990 à Coimbra d'une collaboration entre Joaquim Carvalho, historien portugais aux talents informatiques rares et l'auteur de cet article. Il semble assez clair, au vu de cette expérience, qu'il est plus facile pour un historien que pour un informaticien de formation de comprendre les besoins d'un autre historien.
J'avais pour ma part commencé de développer une base de données concernant les intellectuels londoniens de 1580 à 1680 et cherchais un moyen pour appliquer à des données relationnelles nombreuses les méthodes de l'analyse des réseaux sociaux. L'idée était de résumer l'information sous forme de matrices carrées que l'on pourrait ensuite manipuler avec les outils mathématiques appropriés.
Notre premier travail fut de construire un corpus suffisamment restreint mais en même temps suffisamment complexe pour servir de test. Cette opportunité nous fut fournie par un groupe de 23 intellectuels qui se réunissaient en 1611 tous les vendredis à la taverne de la Sirène, dans le cœur de la city londonienne.
Le second travail fut de formaliser les données. Le modèle utilisé fut celui du programme-type conçu pour les historiens et dénommé " Clio ". Une fiche type devait se présenter comme constituée d'attributs et de valeurs affectées aux attributs. Ainsi, pour un individu donné, l'attribut " college " pouvait prendre la valeur " Oriel College " avec éventuellement une sous-valeur qui aurait été la période de présence dans le dit collège, par exemple "1603-1606 ".
Un programme de gestion écrit dans le langage PROLOG version 3.0 pour Mac Intosh devait ensuite prendre en compte les relations préalablement spécifiées et les transformer en matrices. Un " habillage " idoine rendit le programme amical pour l'utilisateur.
1. La fiche-type
Elle se divise en deux parties, l'une concerne les renseignements biographiques élémentaires
(life-story= ls), l'autre les relations (rel) entre les individus de
l'ensemble considéré ou entre ceux-ci et des individus
extérieurs à l'ensemble de départ.
Il y a trois genres de relations possibles : les relations implicites, les
explicites et les indirectes. J'appelle relation implicite, c'est-à-dire
directement gérée par l'ordinateur, le fait par exemple d'être
dans le même collège à la même date qu'un autre individu
du corpus.
Les relations explicites, au contraire, sont celles que l'on signale directement à la
machine par le symbole rel/. Ce sera par exemple une relation dont
l'attribut sera amitié et la valeur /Mr Smith, le
nom de l'ami. Les relations indirectes sont celles reconstruites par l'ordinateur
entre l'individu A et l'individu C par l'intermédiaire d'un individu
B appartenant ou non au corpus. Notons que la machine signalera toujours la
qualité de cette transitivité en spécifiant les attributs
des deux relations.
Exemple :
personne$John Dee//astrologue géographe et mathématicien
ls$birthdate/1527
ls$deathdate/1608
ls$birthplace/London
ls$adresselond/Mortlake
ls$adressecount/Wales
ls$université/Cambridge
ls$college/St John's College/1544-1546
ls$college/Trinity College/1546-1547
ls$université/Louvain/1548-1550
ls$B.A./1545
ls$M.A./1548
ls$patron/William Cecil/1551-
ls$patron/Robert Dudley/1577-
ls$patron/Francis Walsingham/1583
ls$religion/anglicane
ls$officegvt/Warden of Manchester/1548-1595
ls$officegvt/revoir le calendrier/1584-1585
ls$officerel/office of Leadenham
ls$prison/Bishop of London's/1554
ls$professionpère/vintner
ls$compagnie/Virginia
ls$groupes/Dee
ls$champ/mathématiques
rel$acquaintance/Gemma Frisius/1547
rel$acquaintance/Gerard Mercator/1547
rel$amitié/Gerard Mercator/1548
rel$profde/William Pickering
rel$amitié/John Cheke/1551-
rel$amitié/Barthlet Green
rel$dedicaces/Maximilien II
rel$services/Marchioness of Northampton/1564
rel$amitié/Nicholas Grudius/1567
rel$amitié/Henry Billingsley/1570
rel$acquaintance/Edward Atslowe/1571
rel$amitié/Mr Balthorp/1571
rel$amitié/William Camden/1571
rel$lettres/William Cecil/1574
rel$amitié/Queen Elizabeth/
rel$place/Queen Elizabeth/1575
rel$amitié/Dr Bayly/1575
rel$amitié//Barnabas Saul
rel$emploie/Edward Kelley/1581-
rel$amitié/Edward Kelley/1585-
rel$acquaintance/Rodolphe II/1583-
rel$amitié/Albert Laski/1583-1584
rel$amitié/Francis Pucci/1585
rel$amitié/King Stephen/1585
rel$amitié/William Ursinus/1585
etc...
Cette fiche peut être écrite sur n'importe quel wordprocessor à partir du moment où elle est ensuite sauvée en ASCII.
2. Le fonctionnement du programme
Il faut d'abord entrer dans le répertoire intitulé "Pascal" où se trouvent à la fois le langage Prolog qui permet de faire tourner le programme et le programme Network for Pascal lui-même.
On clique ensuite sur l'icône NETWORK FOR PASCAL et le menu apparaît.
- - Il convient d'abord de charger la structure du programme : la commande est PASCAL.STRU
- - On choisit ensuite les données (en code ASCII) par la commande : PASCAL.SOURCE (ou quel que soit le nom du dossier).
- - On rend les données lisibles par le programme grâce à la commande : TRANSLATE (N.B. : cette commande n'est pas nécessaire si on a déjà fait une fois la traduction et sauvé cette traduction par un SAVE).
- - L'ultime commande préparatoire est LOAD qui permet de relire le dossier. Ici, l'icône d'une grue apparaît et le temps de charge (à peu près équivalent au temps de traduction) est plus ou moins long selon la taille du dossier.
Maintenant que le programme est prêt à rendre les services que l'on attend de lui, on peut se rendre sur l'un des choix restant du menu.
Le choix NETWORK, par exemple, propose les options suivantes :
- - SELECT RELATIONS qui permet de choisir une ou plusieurs des
relations que nous voulons prendre en compte dans le réseau et que nous
avons définies au préalable dans la fiche.
ex :
ALL
INDIRECT
AMITIE
COLLEGE etc.
Pour agréger plusieurs relations, il faut appuyer sur la touche SHIFT en continuant de sélectionner avec la souris. - - SUBNET donne le nom de toutes les personnes, il n'y a plus qu'a choisir un individu pour avoir son réseau particulier.
- - NEXT SUBNET permet bien entendu de passer au suivant.
- - FIRST ORDER STAR donne l'" étoile primaire " des relations d'un acteur du réseau. Le terme " étoile primaire " désigne pour les sociologues l'ensemble des individus en relation directe avec un ego donné plus l'ensemble des relations prises en compte. Ici, le programme indique donc explicitement tous les individus en relation avec l'individu A ainsi que les types de liens qui rattachent A aux autres.
- - N ORDER STAR donne l'étoile d'ordre N. L'ordre, c'est-à-dire le nombre de pas, est laissé à la discrétion de l'utilisateur.
- - PATH détermine quel est le chemin le plus court entre deux individus que l'on choisi dans deux listes parallèles.
- - FULL MATRIX dessine la matrice des relations de tous les acteurs du réseau choisi. Attention, les relations indiquées sont celles choisies par la commande SELECT RELATIONS.
Exemple : réseau de la Mermaid tavern (1611), toutes relations agrégées (ALL).
BING Robert 0000100000000000000000 BOND John 0000100100000000000000 BROOKE Christopher 0001111101111111101100 CONNOCK Richard 0010111101101111101110 CORYATE Thomas 0111011001000011000100 COTTON Robert 0111101101111011101110 CRANFIELD Lionel 0011000101111111101110 DONNE John 0011111011111111101100 GARRARD George 0000000100000000000000 GOODERE Henry 0011111100101111101110 HAKEWILL William 0011011101011111101100 HOLLAND Hugh 0010110000100011100000 HOSKINS John 0011011101100011100110 INGRAM Arthur 0011001101100000101100 JONES Inigo 0011111000111001100100 JONSON Benjamin 0011111101101010101100 MARTIN Richard 0011011101101111001110 MOCKET Richard 0000100000000000000000 NEVILLE Henry 0011001101100100100100 PHELIPS Robert 0011111101101111101010 WEST John 0001010001001000100100 WHITAKER Lawrence 0000100000000000000000
Cette matrice n'est rien d'autre qu'un tableau où l'on trouve
en ordonnée les noms des acteurs et en abcisse les mêmes
noms (non imprimés ici). Les " 0 " représentent l'absence
de relation, les " 1 " l'actualité d'une relation.
NETMATRIX dessine la matrice des relations d'un seul individu.
PRINT NETWORK imprime le programme.
RULES indique quelles sont les règles de fonctionnement du programme, à toutes
fins utiles.
Si l'on retourne au menu, la rubrique REPORT autorise huit autres commandes.
Les six premières servent surtout à interroger la base
de données et à vérifier que l'on n'a pas fait d'erreurs à la
saisie.
LIST PERSON permet de lire la fiche d'un acteur.
LIST ALL PERSONS donne les fiches de tous les acteurs du réseau.
ATTRIBUTES AND VALUES donne la liste de tous les attributs et de toutes les
valeurs prises par ces attributs.
EXPLICIT RELATIONS donne la liste de toutes les relations explicites (de tous
les types de relations).
PERSONS WITH ATTRIBUTES permet d'interroger sur un attribut particulier d'un
acteur en affichant la liste des personnes et la liste des attributs.
ex. : DEE/BIRTHDATE: 1527
PERSONS WITH RELATIONS permet de la même façon d'interroger sur
une relation particulière d'un acteur.
ex. : DEE/PROFDE: PHILIP SIDNEY
CLEAR WINDOW efface ce qui était à l'écran.
PRINT WINDOW imprime ce qui était à l'écran.
Ce programme, largement inspiré des travaux de Clyde Mitchell,
de Jeremy Boissevain et de Knoke et Kuklinsky, pour ne citer que des
ouvrages de base en analyse des réseaux, est un outil qui présente
l'intérêt d'être toujours interrogeable. Le phénomène
de " boite noire " lié à la complexité du système
est autant que possible réduit.
Reste qu'une matrice, si elle résume bien l'information, n'en est pas
moins difficile à lire, a fortiori lorsqu'il s'agit de très larges
matrices.
Aussi, il convient de la traiter par des programmes d'analyse statistique du
type SPSS/PC. Ce logiciel permet en effet de faire de l'analyse de clusters à partir
de données matricielles ou encore de représenter les acteurs
par des points dans un espace à deux dimensions (multidimensional scaling).
Il faut cependant exprimer des réserves par rapport à ces méthodes
qui, proposant des projections spatiales de phénomènes descriptibles
seulement en n dimensions, ne sont à tout prendre que des anamorphoses
plus ou moins fidèles. Tout repose toujours sur des calculs de distance
assez complexes qu'il n'est pas le lieu de discuter ici mais qui méritent
assurément réflexion et critique.
D'autres considérations méthodologiques pourraient faire l'objet d'un débat, notamment la saisie des données et le soin qu'elle requiert. Indiquons simplement la possibilité de multiplier par des coefficients idoines les " 1 " des matrices afin de donner des importances relatives aux relations. Cette entreprise est toutefois assez périlleuse car les sociologues ont montré l'importance des liens dits " faibles " dans les réseaux sociaux.
L'outil informatique désormais à notre disposition est puissant, toutefois, du fait même de ses capacités multiples, il pose à l'historien des difficultés d'interprétation nouvelles et impose à terme l'élaboration d'une méthodologie originale.
LA CREATION D'UNE BASE DE DONNEES À PARTIR DU NOTARIAT
:
L'EXEMPLE DE SAINT-AFFRIQUE (AVEYRON)
Laurence BERGON
Les quelques réflexions proposées ici sont le fruit d'une recherche effectuée dans le cadre d'un DEA d'histoire moderne (direction : Jean-Pierre Poussou et Michelle Magdelaine, Paris IV-Sorbonne).
Il s'agissait, à travers des actes notariés, de tracer le portrait de la communauté protestante de Saint-Affrique (Aveyron) d'environ 1627 à 1685 (période particulièrement difficile pour les réformés) et de dégager ses comportements face à sa rivale catholique. Comment s'était-elle adaptée aux pressions ?
Il fallait donc, dans un premier temps, grâce aux contrats de
mariage et aux testaments, identifier les individus. Puis, par le biais
d'informations de nature économique, sociologique et religieuse, également
fournies par ces documents, esquisser les différents aspects de
la vie d'une communauté réformée en sud Rouergue.
Le logiciel Foxbase, clône de DBase, a permis de traiter tous les renseignements
après qu'ils eurent été répertoriés et classés
au moyen d'une fiche de dépouillement.
1. L'établissement de deux fiches de dépouillement
Il était en effet impossible de faire l'économie d'une étape intermédiaire entre les données brutes livrées par les actes et leur informatisation. Ces fiches manuelles de dépouillement ont permis de définir pour un ensemble de plus de 200 documents les thèmes communs et les différences. Elles ont ainsi fourni la carcasse du fichier informatique. Elles ont également servi à conserver une trace de toutes les données écartées dans un premier temps de l'étude mais jugées utiles pour la poursuite future des analyses (cf. p. 2).
a. La fiche des testaments
Elle met en évidence cinq catégories d'informations :
- sur l'acte lui-même (date, lieu de la rédaction, nom du notaire),
- sur le(la) testateur(trice) (nom, prénom, métier, raison pour laquelle la rédaction du testament est entreprise),
- sur les sentiments religieux (invocations, élection de sépulture, legs aux personnes morales),
- sur l'avenir économique de la famille (legs, leur description, leur attribution, choix d'un héritier universel et de ceux qui, éventuellement, doivent lui être substitués),
- sur la sociabilité (témoins : nom, prénom, métier) et la capacité à signer des uns et des autres.
b. La fiche des contrats de mariage
On s'aperçoit ici que toutes les considérations religieuses, si ce n'est le choix du rite réformé pour la célébration du mariage, ont disparu. Mais on retrouve les renseignements sur :
- l'acte lui-même,
- les fiancés (ils sont du même ordre que ceux concernant les testateurs),
- la situation économique des parties intéressées (constitutions de dot, donations),
- la sociabilité.
Les rubriques à créer à l'intérieur de ces cinq grands thèmes (quatre pour les contrats de mariage) se distinguent maintenant aisément. Reste encore à choisir entre conserver tous les renseignements glanés dans un même acte au sein d'un seul fichier ou les répartir en fichiers thématiques.
2. L'informatisation des données
Le premier parti ne semblant ni très raisonnable ni, surtout, très fonctionnel, il nous a paru indispensable de se ranger à la deuxième technique et de constituer cinq fichiers thématiques à partir des testaments et quatre à partir des contrats. Pour les relier les uns aux autres, une rubrique commune constituée par le numéro de l'acte a été immédiatement créée. Dans les exemples fournis, elle porte le nom de REFT ou REFERC.
Au moment du croisement des données, il s'est avéré nécessaire, devant la lourdeur des fichiers consacrés aux fiancés, aux dots ou aux héritages, de fractionner encore ces ensembles. Pour le moment, le système fonctionne donc avec six types de fichiers de part et d'autre dont le nom évoque le contenu, pour faciliter la mémorisation.
Presque tous font apparaître des noms propres afin de répondre à l'une des préoccupations indiquées au début (cf. p. 1). Cependant, devant le nombre pléthorique de témoins présents lors de la signature des contrats de mariage, force a été de faire un choix et de se limiter à 15 noms ; les autres restent de toute façon inscrits sur la fiche manuelle. Seul TESTAM et MARIAGE (cf. exemples) échappent à cette caractéristique.
Par contre, ils donnent une description des actes eux-mêmes et permettent de savoir, grâce aux variables logiques, si une information, et laquelle, manque dans un acte (il arrive en effet que certains documents, parce qu'ils ont été abîmés, présentent de fortes lacunes ; il faut donc pouvoir les repérer immédiatement et les écarter au moment des tris).
Le tri a également porté sur les détails concernant les bornages des terres, bois, vignes ou maisons donnés à des fiancés ou des légataires. Ils ne figurent donc pas dans les fichiers DOT, DONATION ni LEGATAIR où l'on serait en droit de les attendre, au milieu des considérations économiques. Eux aussi sont conservés à part pour le moment.
Pour le reste, toutes les précisions complémentaires sur des biens ou des personnes ont été prises en compte grâce à des rubriques " commentaires " (ex. : COMFONDS1, COMTES, COMHER...). Le codage n'a été retenu que dans quelques cas (ex. : LIEUDIS = lieu de distribution des legs aux personnes morales).
Pour gagner de la place, nous avons sélectionné certains mots-clés afin d'analyser les invocations testamentaires. Ils ont été choisis en fonction de leur fréquence d'apparition dans les textes.
De plus, pour permettre les tris, l'orthographe des noms propres, prénoms, métiers ou objets a dû être uniformisée.
Enfin, après bien des tâtonnements, le programme a pu être testé et il semble fonctionner même si seuls quelques croisements ont pu être effectués, par manque de temps. Mais les résultats, encourageants, laissent penser que le système, tel qu'il se présente, tient la route. Sans doute devra-t-il subir encore quelques améliorations et transformations en fonction des actes utilisés et des régions où ils ont été rédigés. Mais il a été conçu de façon très souple pour lui permettre de s'adapter justement à d'autres cas. Donc, avis aux amateurs !
UN TABELLION SANS SA PLUME.
LOGIQUE DES CHOIX ET MODES D'EXPLOITATION DU TRAITEMENT AUTOMATISE PAR BASE
DE DONNEES DES ELEMENTS LIES A L'INFORMATION D'ORIGINE NOTARIEE
Jean-Baptiste Pisano1
"Symbolic representation of quantitative entities doomed to its rightful place of minor importance in a world where flowers and beautiful women abound"
A. Einstein.
En étant présente au rendez-vous de l'informatique, l'histoire
découvre - ou se crée des espaces, vierges de savoir, à conquérir.
La recherche pour la mise au point d'outils informatiques, oblige l'historien,
non seulement à poser un regard différent sur le matériau
vecteur de ses recherches, mais aussi à avoir une démarche novatrice
en rapport de ce dernier, de façon à pouvoir définir certains
aspects de sa structure interne, qui puissent par la suite participer à sa
reconstruction à partir du système informatique.
Une base de données se doit d'être définie en fonction d'une approche à la fois fonctionnelle et conceptuelle. Sa construction, de répondre à deux besoins majeurs vis à vis de l'information : organiser et gérer.
En ce sens, la définition de S. Miranda : " Le mot "BASE" signifie en premier lieu les fondements d'un système, d'une architecture " souligne l'importance de la démarche analytique du concepteur.
Si pour certains documents la transposition dans la Base de données informatique procède de façon quasi instantanée de sa structure propre, le minutier d'un notaire au contraire semble être plus difficilement réductible à la rigueur du traitement informatisé.
Un acte notarié, en effet, recoupe des éléments d'informations historiques hétérogènes se rapportant, qui plus est, à des domaines aussi divers que le juridique, le social, l'économique...
Pour semblable défi, il convenait dès lors d'envisager le corpus documentaire à partir des différents éléments qui le composaient, afin de déterminer une logique qui éclairerait les choix à faire.
C'est ainsi que l'application TABELLION, développée sur un Mac Intosh SE à partir du logiciel 4e Dimension (ACI) a été pour nous l'occasion de mettre l'analyse d'une source au service de la définition d'une méthodologie employée dans l'étude des actes notariés.
La collection réalisée offrant, dans cette perspective, matière à calcul et à recherches sur des cadres sociaux, phénoménaux... en fonction du continu et des ruptures, des possibilités et des contraintes que le temps situe.
1. Logique des choix
La base de données TABELLION fonde sa présentation documentaire
sur des ensembles indépendants d'information à partir d'une
analyse préétablie qui se construit autour des trois questions
simples de Qui, Quoi, Pour quoi faire.
Le thésaurus regroupe des données non agencées de façon
ordonnée et hiérarchique. Données d'ordre sociologique,
juridique et économique.
La saisie de chacun des éléments d'information est faite selon
la capacité de fournir une réponse à l'une des trois questions.
TABELLION. assurant ensuite leur gestion automatique en fonction de fenêtres
de saisie personnalisées.
C'est ainsi que l'on obtient trois fichier liés mais indépendants,
accessible à partir de la fenêtre titre : Minute, Partie, Personne.
Fichier | Edition | Minute | Partie | Personne | Statistique |
---|
La première question se rapporte aux éléments d'information
qui ont trait à l'identité. Le nom et le prénom
de la personne présente au sein de l'acte bien évidemment,
mais aussi ceux de l'ascendant. Les deux signes pouvant être accolés
au nom, (tm) et †, symbolisant la rédaction d'un testament ou
la survenance du décés.
Au delà, l'acte notarié fournit l'indication de la profession
et du domicile. Enfin, parfois il précise la qualité de la personne
présente, qualité qui a trait aussi bien au statut matrimonial " Veuf... " que
juridique " Homme fondé de pouvoir... ".
La réalité sociale, apparente au travers des éléments Domicile et Profession, s'enrichie dans la Base de données par le relevé de la place que l'individu occupe au sein de l'acte, relevé qui s'inscrit sous le vocable de Catégorie. Cela regroupe tout autant la présence personnelle active à l'acte notarié - ce qui vaut tout aussi bien pour les parties, débiteur ou créancier, que pour les témoins - que celle passive -désignée sous le terme de Bénéficiaire - qui traduit parfois l'abstention physique à l'étude (bénéficiaires d'un testament) ou une présence physique qui se conjugue avec une abstention dans les termes du jeu de l'échange (future épouse bénéficiaire d'une dot).
Dégager l'information, c'est bien, encore faut-il pouvoir l'appréhender dans sa dynamique interne, et non pas seulement à la façon d'un instantané.
Au sein du fichier Personne, un dossier appelé Cycle de vie, conserve en mémoire l'ensemble de ces informations diverses relevées lors de chaque passage chez le notaire, et classées à partir de l'année. Il complète la perception du vécu dans sa dimension socio-professionelle - fruit de la relation Domicile-Profession -, au moyen d'une approche plus spécifiquement économique, par le biais de l'amplitude et des fréquences des positions antagonistes de débiteur ou créancier, ou de celle, neutre en terme économique, mais ô combien intéressante en terme social voire ethnologique, de témoin. Surtout, la répétition des éléments d'information permet d'aborder le contexte d'une façon non figée, et offre la perspective d'une évolution, révélatrice des aspects moteurs ou au contraire des facteurs de blocage régissant cette société.
La double interrogation Quoi, Pour quoi faire, nous engage dans une approche qui se situe au niveau du juridique et de l'économique.
Le fichier Minute s'organise en fonction du rôle premier du notaire : la garantie au niveau du juridique. Dans cette optique, chacune de ses fiches conserve les données ayant trait au problème de la preuve, à savoir la date, avec la recherche automatique du jour, la désignation du bien vendu, et son prix (en numéraire ou en nature).
La définition de l'acte par le notaire - au niveau de la catégorie, soit : vente,testament... - peut se compléter et s'enrichir au moyen d'un élément de classification supérieur, la Nature de l'acte, qui distingue entre Crédit, Divers, Economique et Familial, et d'un inférieur, la Sous-Catégorie qui sert à organiser la diversité des éléments rencontrés en vue d'approche plus globale.
Mais la combinaison des éléments d'action tels qu'ils peuvent être appréhendés à partir des deux fichiers précédents ne permet pas d'avancer immédiatement les résultats, chiffrés, des différentes interventions chez le notaire des personnes parties à l'acte.
Dans ce but, le fichier Partie, reclasse chacun des actes passés - défini selon sa nature - en fonction de la place occupée par la personne au sein de l'acte, soit débiteur ou créancier, et calcule le flux financier total, en numéraire, engagé pour l'ensemble des opérations, à partir de ceux engagés dans chacun des deux cas. Il convient de souligner cependant que l'utilité d'un tel fichier ne peut se définir selon des qualités comptables. Les chiffres fournis n'établissent pas une correspondance stricte entre un passif et un actif. Point de réalité comptable donc, mais non point d'importance au niveau de la prise en compte des flux financiers et des masses monétaires qu'ils engagent, et ce faisant d'une perception plus juste du rôle opérationnel des agents économiques.
La base de données ainsi obtenue, nous met en présence des individus et de leurs actions : chaque élément d'information, dans sa confrontation avec les autres, permet de reconstituer au delà du seul cadre économique, les motivations, les préoccupations, la variété des réponses fournies, à la fois dans leur approche spatiale et temporelle.
2. Modes d'exploitation
Par les choix qui ont présidé à sa conception, TABELLION a pour ambition d'être un outil informatique guidé non seulement par le souci du nombre, mais surtout par la volonté d'organiser les éléments d'information de façon à pouvoir définir les motivations, ou tout du moins à envisager ses données en fonction des conditions propres à la vie sociale. L'exploitation de la source par l'outil informatique s'est efforcée de réaliser, à partir d'une saisie unique - celle de l'acte tel qu'il a été rédigé devant notaire - une gestion différenciée des éléments d'information, en fonction de la logique des choix préalablement établie.
Mais avant tout cette application s'est efforcée d'être aisée et agréable à utiliser. Ainsi avons nous été attentif à son aspect convivial, pour lequel ont été crées les menus déroulants et les différentes fenêtres de saisie (en format page et en format liste), et à exclure toute forme de codage.
Six menus sont disponibles en permanence à l'écran : Fichier, Edition, Minute, Partie, Personne, Statistique.
Envisageons les deux premiers qui présentent des caractéristiques communes de celles présentes dans l'ensemble des logiciels. Fichier permet d'atteindre la structure, de Quitter 4e Dimension, et d'Identifier l'utilisateur. Cette dernière possibilité est particulièrement intéressante en rapport des restrictions d'accès qu'elle autorise. Suivant un code personnel, l'utilisateur pourra créer, enregistrer, modifier, consulter, supprimer, imprimer, établir des tableaux statistiques et les représentations graphiques qui leurs seront liés, ou n'aura accès qu'à certaines de ces possibilités.
Edition comporte les outils traditionnels aux logiciels fonctionnant sur Macintosh, soit Annuler, Couper, Copier, Coller, Effacer, Tout selectionner, Afficher le presse-papiers.
Au delà de l'édition, possibilité commune aux quatre menus propres à l'application, les trois fichiers traitant l'information répondent à des modalités de gestion volontairement opposées, en fonction de la volonté précédemment exprimée : l'information procède de l'acte.
Aussi, le seul fichier qui permette la création d'une nouvelle fiche est le fichier Minute. Son menu déroulant se compose en outre de trois possibilités : Modifier, Consulter, Supprimer.
Les deux fichiers fondés à partir de l'identité des personnes ne conservent eux que les simples possibilités d'une modification et d'une consultation.
Partie permet de Consulter, Modifier, mais aussi de façon plus précise de Consulter Parties à l'Acte qui présente de façon immédiate, à partir de la définition d'un choix, les différentes parties en présence.
Personne ne conserve que deux possibilités : Consulter ou Modifier.
L'ordre de saisie géré par l'application, est variable
en fonction des informations que l'utilisateur inscrit.
La recherche du jour se fait automatiquement, à partir de la date, ainsi
que celle de l'étude, suivant le numéro de l'acte - numéro
unique et indéxé - qui comprend les deux premières lettres
du nom et du prénom du notaire.
La saisie du lieu de rédaction, de la Nature, la Catégorie et
la Sous-Catégorie de l'acte se fait à partir d'énumérations
modifiables.
Dès que le fichier Minute traite d'éléments ayant trait à l'individu,
TABELLION en délègue la gestion au fichier Personne. En fonction
du nom et du prénom d'une personne, l'application propose une liste
comportant outre le nom et le prénom de la (des) personne(s) recherchée(s),
ceux de l'ascendant, mais aussi la profession et le domicile de la dite personne.
La sélection d'une ligne entraîne la saisie automatique
dans la Minute en cours de création de ces éléments
relatifs à la personne.
Ces caractéristiques font de TABELLION une base de données "factuelle",
soit une dans laquelle l'utilisateur comprend l'information et l'ordinateur
est capable non seulement de la retrouver mais aussi de la traiter.
Il peut parfois être nécessaire d'actualiser les renseignements ayant trait à la qualité, la profession ou le domicile, opération menée à partir des énumérations modifiables. L'un des trois boutons de la page, assurant la gestion interne du fichier Minute, Valider, enregistre alors la modification.
Lors de la validation de la Minute créée, bouton OK, TABELLION incrémente les deux fichiers Partie et Personne, qui conservent ainsi les informations de façon indépendante. Les calculs pour le premier nommé, se font sans intervention de l'utilisateur, excepté pour le montant en francs, dans le seul cas où la partie à l'acte est représentée par plusieurs personnes, auquel cas TABELLION propose le choix entre un traitement automatique, ou une modification se faisant par l'accès à ce même menu du fichier Partie. Dans cette dernière hypothèse néanmoins, l'application présente le code des personnes sur lesquelles la modification doit être effectuée, après la saisie de la Minute.
Conclusion
L'ensemble des possibilités offertes par TABELLION ne peut être présenté au delà du relevé de quelques exemples significatifs. Les résultats permettent de compléter cette rapide approche. A ce jour, la Base de données occupe 9 127 936 octets pour 1954 fiches Minutes, 3535 Personnes et 2032 Parties.
L'outil informatique, fondé sur la modélisation et la structuration - éléments de construction issus de la réflexion préalable qui conduisent d'un thésaurus, en histoire souvent non structuré, à une ressource : "donnée" - autorise une transcription du réel, désordonné et confus, en un ensemble d'éléments répertoriés.
Le minutier d'un notaire figure en quelque sorte l'exemple achevé de données éparses qui permettent de mettre à jour les logiques d'un corps social, au moyen de la combinaison multiple des relations d'un système.
Ces relations, appréhendées à partir des différents domaines - chacun d'entre eux constituant au sein de la structure de la Base de données, un fichier distinct - servent à définir les rapports des divers éléments d'information au contexte qu'ils déterminent.
Le jugement, ou tout du moins la perception du réel, s'éclaire alors de l'analyse combinatoire entre, par exemple, l'éventail des éléments d'action et leur fréquence, l'espace humain et sa distribution dans le temps, les flux financiers engagés et le domicile (milieu urbain ou rural)...
En cela la recherche, fondée sur l'utilisation de TABELLION, a l'ambition de fournir des résultats fonctions de la confrontation du plus grand nombre possible d'éléments d'information. C'est, à sa façon, une illustration de ce " Rien de trop " inscrit au fronton du Temple de Delphes.
PEDAGOGIE
LES ECHANGES ET LA COMMUNICATION D'E.A.O.40 : JEU OU ENJEU ?
Louis-Pascal JACQUEMOND Professeur-formateur académique GRAF (Groupe de Recherche-Action-Formation) Géographie/CIAP GRENOBLE
Il est paradoxal de constater qu'à l'heure de la grande diffusion de la micro-informatique, l'Enseignement Assisté par Ordinateur n'ait pas réussi à trouver ses marques ni son langage de communication et d'information.
Parce qu'il s'agit incontestablement d'un enjeu : celui de l'information pédagogique mais aussi parce qu'il met en œuvre une démarche intellectuelle nouvelle, je propose l'examen d'un " outil " de communication ou d'échanges d'informations E.A.O. intitulé " Fiche d'Application Pédagogique d'E.A.O. ". Je l'ai élaboré pour les besoins de l'E.A.O. en histoire et géographie, puis testé avec des professeurs-stagiaires d'E.A.O. (formations M.A.F.P.E.N. et C.P.R., puis l'I.U.F.M.). A l'initiative d'un Groupe de Recherche-Action-Formation, il est devenu un " outil " de publication et de formation à l'E.A.O. dans cette discipline.
La structure de ce document obéit aux normes videotex (trois " écrans " Minitel) ; il pourrait peut-être devenir le " format " de communications d'E.A.O. pour un serveur télématique !
A. Le document " Outil de documentation "
1.- La " Fiche d'Application Pédagogique d'E.A.O. ".
2.- Quelques remarques sur les différentes rubriques.
- Les objectifs
Cette rubrique est fondamentale pour la prise en compte de l'ensemble de l'application car les objectifs de connaissance permettent son insertion dans le " programme " et les objectifs méthodologiques dans une progression des apprentissages. Il est important que les objectifs (méthodologiques ou techniques surtout) mettent en valeur la pertinence du recours à l'informatique dans le choix des exercices proposés à la sagacité des élèves.
- La progression envisagée
Il s'agit du " scénario " pédagogique envisagé pour lequel il est essentiel de bien décrire les " étapes " à la fois au plan des acquisitions voulues et des travaux à réaliser. Dans la version papier de cet " outil " le verso permet de plus prolixes explications (pour les documents fournis ou les questionnaires par exemple).
- Les indications " prévu " et " donné "
Ces rubriques n'ont rien d'anecdotique car elles ont pour objet de permettre de mesurer des écarts qui sont, certes, le fait du comportement d'une classe ou d'un groupe d'élèves, mais qui permettront aux " réutilisateurs " d'être plus vigilants et plus rigoureux dans l'ordonnancement de leur séquence d'E.A.O.
- Les observations et les correctifs
Cette rubrique " correctifs " permet qu'à l'issue de la séance de travail d'E.A.O., le repérage d'un certain nombre de problèmes pédagogiques rencontrés (dans l'ordre des tâches, dans les consignes, dans les documents fournis...) conduisent à noter " à chaud " des observations et surtout des modifications envisageables pour une meilleure réussite (ici le libellé de tel exercice nécessite une phrase de plus ; là l'ordre des tâches doit être inversé, ailleurs telle indication doit être préalablement portée à la connaissance des élèves...). Il est en effet du plus haut intérêt pour un " réutilisateur " de pouvoir prendre en compte la nature et les moments des ajustements tout autant que les ajustements eux-mêmes.
- Les références
Le nom de l'auteur, son adresse administrative avec numéro de téléphone, voire numéro de télécopie sont des indications essentielles pour faciliter les demandes d'explicitations, les échanges et à terme, la réalisation d'un véritable réseau d'E.A.O.
B. Les trois temps de l'application pédagogique d'E.A.O.
1.- Le temps de conception de l'exercice d'E.A.O.
Les rubriques majeures à renseigner sont :
- les objectifs (en tout premier lieu),
- les pré-requis (ou connaissances indispensables pour pouvoir réaliser l'exercice, tant au plan connaissances qu'au plan des méthodes),
- les étapes de progression (exercices, activités hors clavier,...),
- l'évaluation,
- les travaux préparatoires,
- la prévision de travaux complémentaires et/ou d'approfondissement,
- et la durée envisagée pour chacun des éléments du " scénario " pédagogique.
2.- Le temps de la classe
Pendant le déroulement de la séance d'E.A.O., mais aussi comme bilan de la classe, deux rubriques sont prises en compte :
- les " donnés " ou " données " qui sont le constat (travaux, évaluation, durée) de ce qui s'est réellement passé pour tel ou tel point ;
- les observations portant sur des points négatifs mais aussi sur des points positifs (matériels peut-être mais surtout sur les exercices proposés et même sur les objectifs visés).
C'est le moment critique (au double sens du mot) ; il doit permettre de pointer des réussites, des échecs et des difficultés majeures, mais sans aucun parti pris d'exhaustivité.
3.- Le temps des corrections
La rubrique " correctifs " vise à des mises au point immédiates
tant certaines modifications apparaissent évidentes à l'issue
de la séance. Les quelques mots attendus sont plus des jalons,
une sorte d'aide-mémoire en vue d'une utilisation ultérieure
; il n'est pas question alors de refaire toute la fiche d'application
pédagogique.
La pratique d'un tel " outil " montre aussi que cette rubrique " correctifs " est
très utile comme document de préparation-réutilisation
de la séance d'E.A.O.
C. Les finalités de la " fiche d'application pédagogique d'E.A.O. "
1.- Gagner du temps et échanger des informations
Utiliser un logiciel en situation d'apprentissage pédagogique nécessite un investissement personnel important pour l'enseignant (connaissance du logiciel, conception d'un ou plusieurs exercices adaptés à un sujet et à un niveau de classe, modulation in situ de l'application pédagogique, mise en évidence de " difficultés " ou de " problèmes " au cours de la séance, corrections envisagées...).
Il apparaît donc pertinent de conserver par devers soi la " mémoire " de ce travail mais aussi plausible d'en faire bénéficier ceux des collègues qui gagneraient ainsi un temps précieux (soit pour une réutilisation intégrale soit pour une réinterprétation). Nous serions ainsi au début d'une sorte de " chaîne " de productions d'E.A.O. à diffuser.
2.- Avoir une grille de lecture-écriture des applications pédagogiques d'E.A.O.
Transmettre par écrit ses travaux est toujours un exercice difficile, voire un pensum. Nous avons donc voulu, par un document simple, facile à compléter et à interpréter, permettre cette communication. Les contraintes de forme, la conception la plus " technique " possible en font certes un " outil " à vocation pluridisciplinaire. Il est alors permis de rêver à la mise sur pied d'une sorte de banque de données d'applications pédagogiques.
Comme tout instrument, cette " fiche d'application pédagogique " est à observer et à utiliser avec tout l'esprit critique possible ; c'est peut-être une forme de jeu intellectuel, mais il ne fait aucun doute que l'E.A.O. a besoin de se faire connaître et reconnaître et, à ce titre, ce document-" outil " ou document-format peut être un enjeu.
TRUCS ET ASTUCES
DE MAC A TRI-DEUX... SANS PEINE (évidemment)
Christophe BOURQUIN Fonds national de la recherche scientifique Université de Lausanne
Le partage de la communauté des utilisateurs de micro-informatique est entré dans le sens commun. D'un côté, on ne jure que par Macintosh, de l'autre, on ne travaille que sur PC et MS-DOS. L'utilisation de l'informatique est également sélective. Sur Mac on fera du traitement de texte, en se donnant l'illusion de pouvoir faire soi-même le travail d'un typographe. Sur PC, par contre, on organisera des bases de données et on mangera plus volontiers du chiffre.
Des bases de données et des gestions de fichier existent pourtant sur Macintosh, elles sont aussi conviviales que l'ensemble des logiciels prévus pour cette machine. Mais l'utilisateur bute lorsqu'il s'agit de dépouiller son enquête, de passer à l'analyse de ses données. Les logiciels statistiques pour Macintosh sont un peu compliqués d'utilisation et pas toujours disponibles en version française. De leur côté, les utilisateurs de PC peuvent utiliser Tri-Deux, mis au point par Philippe Cibois, qui permet de réaliser une analyse statistique complète (tris à plat, tris croisés, analyse des correspondances) et dont les qualités sont très largement reconnues.
Faire passer des données du système Macintosh à MS-DOS est aujourd'hui possible, et même facile. Celui qui aurait constitué une base de données sur Mac peut donc traiter ses résultats avec Tri-Deux et les récupérer afin de les mettre en page, de les imprimer, etc., sur Macintosh. Tous les utilisateurs de Macintosh ayant subi les hoquets graphiques, parfois produits par les imprimantes de l'univers PC, sans avoir les connaissances nécessaires pour y remédier, voient ainsi la fin de leurs éventuelles angoisses.
Matériellement, la procédure que nous allons décrire exige d'avoir à disposition un PC avec lecteur de disquettes de même taille que celles du Macintosh (3 pouces et demi, haute densité) et un Macintosh (Classic, Mac 2, SE 30...) disposant d'un lecteur " haute densité " et sur lequel le logiciel Apple Exchange File soit installé. Nous décrirons ici les opérations que nous avons effectuées, pour faire passer, en toute sécurité, nos données d'un univers informatique à l'autre. Cet article s'adresse en priorité à ceux qui ont une certaine familiarité avec les principaux logiciels disponibles sur Macintosh, File Maker, Word, etc. , ainsi qu'avec MS-DOS et Tri-Deux.
Notre base de données a été constituée sur File Maker, pour effectuer une analyse d'une population de plus de 2 000 individus. Sans nous étendre sur la constitution d'un fichier, précisons que nous avons réuni les informations biographiques dans un même champ (texte), en constituant, à part, des champs numériques destinés à recevoir des codages. Ce sont ceux-ci qu'il s'agit de faire lire à Tri-Deux.
Pour faire sortir les données de File Maker, on utilise la commande Exporter. On donne un nom simple au nouveau document (pas plus de 8 lettres, par exemple POPUL) et on note avec précision la séquence d'exportation, ainsi que le code maximum de chacun des champs (pour pouvoir donner à Tri-Deux les informations qu'il demande).
-
Lorsque l'exportation est terminée, on quitte File Maker et on passe sur un logiciel éditeur de texte, comme Qued46. On ouvre le document exporté, qui apparaît sous la forme de colonnes de chiffres, séparés par des tabulations. Il faut éliminer tous ces espaces, ainsi que ceux, parasites, qui auraient pu se faufiler lors du codage. La commande Tout remplacer (ou Change all), rapide et efficace, est ici recommandée. On copie une tabulation, on la colle dans la zone Search ou Rechercher et on laisse la zone Change to ou Remplacer par vierge. Word est trop sophistiqué pour ce genre de tâche. Si toutefois, l'utilisateur ne disposait pas d'éditeur de textes, c'est une solution. Mais la version 3.0 de Word ne peut effectuer beaucoup plus de mille remplacements sans défaillances, on ne lui fera donc pas effectuer tout le travail d'un coup. Coupant en deux ou trois le document de base, on effectuera les changements, puis on recollera les morceaux.
A la fin de cette opération, les codages doivent apparaître à l'écran comme un rectangle de chiffres, parfaitement régulier, sa hauteur déterminée par le nombre d'individus et sa largeur par la séquence des codages. Il vaut la peine de vérifier, en faisant défiler le texte de haut en bas, si aucun décrochement ne se produit. Si tel est le cas, cela signifie qu'un codage a été mal fait (par exemple qu'on a codé 1 au lieu de 01, lorsque le nombre de modalités dépasse 9). Il faut retourner à la base de données pour le corriger et reprendre l'opération à ses débuts. -
Le passage à MS-DOS est alors possible. La première opération à effectuer est de formater, sur le PC (commande format a : ) une disquette vierge. Ceci fait, on revient au Macintosh, et on lance Apple Exchange File.
Une fenêtre apparaît, la partie de gauche occupée par les documents et dossiers du disque dur. On introduit alors, dans le lecteur externe du Mac, la disquette formatée sur le PC. Son icône apparaît, avec son nom, au-dessus de la partie droite de la fenêtre. La barre des menus change et fait apparaître, à droite, Mac à MS-DOS et MS-DOS à Mac. Dérouler le menu Mac à MS-DOS et choisir l'option Traduction de texte. Bien vérifier que l'option Mac Write à DCA-RTF est désactivée (elle ne doit pas avoir de à devant elle49). Cliquer ensuite sur le bouton Convertir, au milieu de la fenêtre de dialogue. Lorsque la conversion, rapide, est terminée, quitter tout simplement Apple Exchange File : la disquette formattée pour MS-DOS est éjectée automatiquement. -
Passant alors au PC, on copie le contenu de la disquette sur le disque dur, par exemple dans le " directory " où se trouve Tri-Deux (copy a : POPUL) et on lance Tri-Deux, selon la procédure habituelle. Dès lors, le travail s'effectue normalement sur ce programme. On notera que Codlog ne reconnaît pas immédiatement le document importé, après que vous ayez spécifié son nom. Le texte Le fichier que vous avez appelé POPUL n'existe pas. Entrez le nom du fichier ou tapez XXX pour quitter définitivement le programme, apparaît après les premières opérations dans ce module de Tri-Deux. Tri-Deux n'accepte de lire votre fichier qu'une fois que vous entrez à nouveau, sans perdre le nord, le nom du fichier. Dès lors, tout se déroule selon les procédures normales de Tri-Deux. Seule précaution : choisir à chaque fois l'option Impression différée sur fichier auxiliaire (taper " a " et " retour "), qui ordonne à Tri-Deux d'enregistrer les résultats, plutôt que les envoyer à l'imprimante. Au terme des opérations, on les retrouvera dans des fichiers reconnaissables à leur racine " PR1 ", " PR2 " et " PR3 ". Il faut alors les copier sur la disquette qui a servi au transfert (copy * . PR* ).
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Revenant au Macintosh, on lance à nouveau Apple Exchange File et on introduit la disquette contenant les fichiers enregistrés sur le PC. La conversion se fait exactement comme dans le sens contraire, en choisissant Traduction de texte au menu MS-DOS à Mac.
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On utilise ensuite Word (ou sur un autre traitement de texte " évolué ", Mac Write étant ici un peu " léger ") pour lire les fichiers à racine PR, copiés sur le disque dur du Mac. A l'ouverture de l'un de ces documents, le désordre est complet. Les alignements qui font le charme particulier des résultats de Tri-Deux ont en effet disparu, parce que la plupart des utilisateurs travaillent avec les fontes Times, New-York ou Geneva, qui ne laissent pas un espace égal entre les caractères. Pour rétablir l'harmonie, il faut sélectionner tout le texte et choisir la fonte Courier (ou Monaco), taille 9 ou 10, avec un espacement de lignes et de paragraphes simples.
Dès ce moment, on peut modifier à sa guise l'apparence des résultats, en utilisant par exemple des italiques pour mettre en évidence les modalités qui ont le plus de poids dans la détermination des facteurs. (Attention, des fontes grasses décalent les lignes vers le bas et bousculent donc le tableau). Si on désire un graphique d'analyse des correspondances plus aéré, on peut, après l'avoir entièrement selectionné, lui attribuer des caractères dilatés (Menu Format, commande Caractères et option " dilaté :1 point ", en bas à gauche de la fenêtre de dialogue). Pour un agrandissement vers le bas, on choisira des paragraphes " ouverts ".
En ce qui concerne les colonnes de chiffres, on peut vouloir les faire apparaître sous forme de tableaux. Il suffit, passant à nouveau dans un éditeur de texte comme Qued, de faire disparaître toutes les balises (points d'exclamation) et tous les espaces produits par Tri-Deux et de les remplacer par des tabulations. (Cette opération doit être menée avec précaution, car Tri-Deux utilise des zéros (0) comme balises. Une suppression complète de ce caractère toucherait donc également les résultats de l'enquête). Le toilettage ultime se fait en remplaçant toutes les doubles tabulations par des tabulations simples. L'utilisateur peut dès lors revenir dans Word et utiliser ses données à sa guise, en centrant, par exemple, les colonnes de chiffres...
Malgré de multiples tentatives, nous ne sommes pas parvenus à ce jour à faire passer facilement le graphe d'analyse des correspondances de Tri-Deux sur un logiciel de dessin. Ceci permettrait d'utiliser toutes les ressources graphiques du Macintosh, pour rendre plus lisibles encore les résultats (en reproduisant par exemple ce que "Traces" effectue sur l'écran dans Tri-Deux...). La seule solution que nous ayons trouvée tient du patient bricolage graphique et ne mérite pas d'être mentionnée ici.
FORMATION
LE FEUILLETON DE MEMOIRE VIVE
TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR L'EXPLOITATION INFORMATIQUE
DES CORPUS PAR LES HISTORIENS SANS JAMAIS AVOIR OSE LE DEMANDER Sixième épisode
: Grégoire et l'ordinateur
André ZYSBERG Professeur à l'Université de Caen
Ce sixième et bref épisode de notre feuilleton guidera le lecteur persévérant et fidèle (que la force soit avec lui) dans le passionnant univers des fonctions et des commandes de calcul relatives aux dates. Il s'agira de procédures simples à comprendre et aisées à manipuler. L'historien a toujours besoin de traiter des dates, de classer, de mettre en série et de comparer entre eux des évènements, qui ne sont pas nécessairement des batailles et des traités diplomatiques. En ce domaine, DBASE ou FOXBASE offrent des possibilités très intéressantes, mais seulement à partir de la fin du XVIe siècle...
GENERALITES SUR LA SYNTAXE D'UNE FONCTION
Une fonction se place toujours à l'intérieur d'une commande et ne peut jamais s'exécuter de façon autonome. Elle peut également s'insérer dans un bloc condition. Une même ligne de commande peut comprendre plusieurs fonctions, à condition que ces fonctions ne soient pas incompatibles entre elles lors de l'exécution de la commande et des blocs conditions qui lui sont éventuellement liés.
Vous connaissez déjà une fonction : il s'agit de RECNO(), qui vous renvoie le numéro de l'enregistrement courant :
.?RECNO()
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Le " ? " est une commande un peu laconique signifiant "affiche-moi" sur l'écran ceci ou cela (par exemple le contenu d'un ou plusieurs champs... Cet affichage ne concerne qu'un seul enregistrement et correspond toujours de façon implicite à l'enregistrement courant. La commande " ? " est donc équivalente à la commande DISPLAY. Nous l'utiliserons tout au long de cet épisode afin de visualiser les résultats obtenus à l'aide des fonctions que nous étudierons.
Chaque fonction comprend un mot pour la désigner (ici RECNO) et un ou plusieurs arguments toujours mis entre parenthèses. Dans le cas de la fonction RECNO(), il n'y a aucun argument à mettre entre parenthèses, mais on conserve néanmoins ces parenthèses, afin de pouvoir différencier une fonction d'une commande. Chaque fonction renvoie un résultat et un seul, qui peut être une valeur de type numérique, date, logique ou chaîne de caractère.
L'AVENEMENT DU CALENDRIER GREGORIEN
DBASE ou FOXBASE vous permettent de manipuler des champs de type date, à condition que ces dates soient contemporaines ou postérieures à la réforme grégorienne du calendrier. A Rome, sous le pontificat de Grégoire XIII, le vendredi 15 octobre 1582 succéda ainsi au jeudi 4 octobre : le calendrier grégorien venait de se substituer au calendrier julien. En France, le dimanche 9 décembre 1582 fut suivi par le lundi 20 décembre 1582. Quant aux Anglais, leur méfiance vis à vis du papisme fit qu'ils n'adoptèrent pas le nouveau comput avant 1752...
Vous traiterez donc les dates sur ces logiciels à partir du 15 octobre 1582. Ceci veut dire que vous pourrez, à condition qu'il s'agisse de champs de type date, effectuer les opérations suivantes :
- une soustraction de deux dates pour obtenir une durée (en nombre de jours) ;
- additionner un nombre de jours à une date pour obtenir une autre date ;
- soustraire un nombre de jours à une date pour obtenir une autre date ;
- comparer deux dates pour obtenir une valeur logique en vérifiant leur égalité, antériorité ou postérité.
SOUSTRAIRE DEUX DATES, MAIS C'EST TRES SIMPLE
Rappelons qu'un champ de type date se remplit toujours de la même manière. Deux formats seront possibles:
- JJ/MM/AA s'il s'agit d'une date du XXe siècle ;
- JJ/MM/AAAA pour les dates antérieures au XXe siècle.
Si vous employez des champs de type date, il faut taper dès le début de votre session de travail les commandes suivantes :
. SET DATE FRENCH (la date sera en format français)
. SET CENTURY ON (pour faire apparaître les quatre chiffre d'une année).
Pour soustraire deux dates, il suffit de poser la soustraction et d'affecter son résultat à un champ ou une variable.
Exemple : à partir du fichier NEGRIERS, nous voulons obtenir la durée d'un voyage ou d'une campagne, au moyen de la différence entre les champs DATERETOUR et DATEDEPART. Le résultat de cette soustraction sera rangé dans un nouveau champ, DURCAMP, qu'il faudra d'abord inclure dans la structure du fichier au moyen de la commande MODIFY STRUCTURE :
.USE NEGRIERS
.MODIFY STRUCTURE
On ajoute ou on insère le nouveau champ, qui sera défini comme de type numérique avec une étendue de 4, car la durée d'un voyage est calculée en nombre de jours et nous savons que les campagnes les plus longues n'excèdent jamais 9999 jours...
Avant d'effectuer le calcul, nous allons contrôler la validité des données :
.LOCATE FOR DATERETOUR < DATEDEPART .AND. YEAR(DATEDEPART) <>0 .AND. YEAR(DATERETOUR) <> 0
Au moyen de cette commande conditionnelle, nous détectons les navires qui sont revenus au port avant d'avoir appareillé, autrement dit, nous localisons des erreurs de saisie, du moins quand les deux rubriques de type date ont été remplies (la fonction YEAR sera étudiée plus loin). Si des valeurs aberrantes sont repérées, nous obtenons leur numéro d'enregistrement et nous pouvons procéder à leur correction.
Puis l'on remplit automatiquement le champ DURCAMP avec la commande REPLACE :
.REPLACE ALL DURCAMP WITH DATERETOUR-DATEDEPART FOR YEAR(DATERETOUR) <>0
.AND. YEAR(DATEDEPART) <>0
153 remplacements
Capacité numérique dépassée (données perdues)
Le contenu du champ DURCAMP (valeur initiale égale à 0) est remplacé par le résultat de l'expression DATERETOUR-DATEDEPART, du moins lorsque le bloc condition se vérifie, c'est à dire quand les deux dates sont connues pour un même enregistrement. Vous saurez ainsi que 153 enregistrements sur 198 ont fait l'objet du calcul de la durée autrement dit le test sur les données manquantes a empêché le calcul dans 45 cas sur 198.
Un autre message nous indique : "capacité numérique dépassée (données perdues). Il n'était pas prévu ! Ceci signifie que pour un ou plusieurs enregistrements -on ne nous le dit pas- le nombre maximal de chiffres (4) qui était défini pour le champ DURCAMP n'a pas été suffisant quand l'opération DATERETOUR-DATEDEPART s'est exécutée. Rassurez-vous cependant, ces données perdues ne concernent que le résultat du calcul affecté au champ DURCAMP. Que s'est-il passé?
Il suffit de visualiser le fichier avec la commande BROWSE :
.BROWSE FIELD DATEDEPART,DATERETOUR,DURCAMP
Le dépassemment de la capacité du champ DURCAMP est matérialisé par des étoiles (****). Il suffit de repérer le ou les enregistrements où cela s'est produit, ici la fiche numéro 122, où l'année de la date de retour était 2789 au lieu de 1789... Cette erreur est corrigée, puis on exécute à nouveau la commande REPLACE, et cette fois, il n'y a plus de message d'erreur.
L'ORDRE CHRONOLOGIQUE
Les champs de type date, comme les champs de type numérique et chaîne de caractère peuvent faire l'objet d'un tri. Il s'agira ici d'un tri par ordre chronologique, soit en ordre croissant (implicite), soit en ordre décroissant (avec le paramètre D).
Exemple : je voudrais obtenir la liste par ordre alphabétique des noms de navire, selon l'ordre du champ DATEDEPART, donc un tri "emboîté" qui donnera pour un même nom de navire l'ordre croissant des dates de départ. On effectue d'abord la commande SORT :
.SORT ON NOMNAVIRE,DATEDEPART TO TRIDEP
198 enregistrements triés
Puis on liste les noms des navires et les dates de leur appareillage, en utilisant le fichier trié que nous avons appelé TRIDEP :
.USE TRIDEP
.LIST NOMNAVIRE,DATEDEPART TO PRINT
LES FONCTIONS RELATIVES AUX DATES
La fonction CDOW permet d'obtenir pour n'importe quelle date le nom du jour de la semaine correspondant à cette date :
.?CDOW(DATEDEPART)
Jeudi
La fonction CDOW renvoie le nom du jour de la semaine de la façon suivante : la première lettre est une majuscule et les autres sont en minuscule.
Nous voudrions savoir combien de fois les navires négriers partaient le dimanche:
.COUNT FOR CDOW(DATEDEPART)="Dimanche"
17 enregistrements
Il suffit donc de tester la constante chaîne de caractère "Dimanche" comme résultat de la fonction CDOW appliqué au champ DATEDEPART, sous la forme d'un bloc condition qui est allié à la commande COUNT.
Une autre fonction, DOW, est équivalente à CDOW, mais au lieu de renvoyer le nom du jour, elle donne son numéro d'ordre sous la forme d'une valeur numérique, de 1 à 7. Et le premier jour, c'est le dimanche...
En utilisant la fonction DOW, nous aurions donc pu obtenir le même résultat qu'avec CDOW :
.COUNT FOR DOW(DATEDEPART)=1
17 enregistrements
De la même façon, deux fonctions permettent de tester le mois d'un champ de type date, soit sous la forme d'une valeur numérique (de 1 à 12), soit sous la forme d'une chaîne de caractère (de "Janvier" à "Décembre") :
.COUNT FOR CMONTH(DATEDEPART)="Janvier"
7 enregistrements
Commande équivalente :
.COUNT FOR MONTH(DATEDEPART)=1
7 enregistrements
Pour travailler uniquement sur l'année d'un champ de type date, on se sert de la fonction YEAR. Si je veux connaître le nombre d'enregistrements correspondant à la valeur 1789 pour la date de départ :
.COUNT FOR YEAR(DATEDEPART)=1789
46 enregistrements
Mentionnons, pour finir ce qui concerne les dates, deux fonctions dites de conversion : CTOD et DTOC.
CTOD (date to character) permet de traiter une chaîne de caractère qui respecte les conventions d'écriture d'un champ de type date (JJ/MM/AA ou JJ/MM/AAAA) comme s'il s'agissait d'un champ de type date. La seconde fonction, DTOC (date to character) fait exactement l'inverse, c'est à dire convertit sous la forme d'une chaîne de caractère un champ ou une variable de type date. Ces deux fonctions s'avèrent surtout utiles pour la mise au point de programmes. Il est bon malgré tout de les connaître et d'entrevoir leur application.
Quel était le jour de la prise de la Bastille ? A l'aide des fonctions CDOW et DTOC, nous répondons :
?CDOW(CTOD("14/07/1789"))
Mardi
N'oubliez pas les deux "fermantes" à la fin de la commande.
Nous ne pouvions pas taper :
?CDOW(14/07/1789).
En effet, le logiciel ne permet pas de manipuler des constantes de type date, sous la forme : 14/06/1789. Il faut donc en passer par la fonction de conversion, CTOD, qui simule une valeur de type date à partir d'une chaîne de caractère : "14/07/1789". De cette façon, l'expression CTOD("14/07/1789") devient un argument de la fonction enveloppante, CDOW, d'où la double parenthèse à la fin de la commande, la première pour fermer l'argument de CTOD, la seconde pour fermer l'argument de CDOW. Ces explications relatives aux manipulations sur les dates ne sont peut-être pas lumineuses. Le meilleur moyen d'assimiler le mécanisme de ces fonctions consiste toujours à se mettre au clavier..
André ZYSBERG