Manet : l'homme aux vingt duels et trente procès

De nombreux artistes de La Belle Epoque ont été inspirés par les cocottes, femmes de charme concentrant tous les désirs et attirants tous les regards, qu’ils soient bons ou mauvais. Certains en ont fait des peintures ou des estampes, tels que Toulouse-Lautrec, Degas, Manet, Gervex, Cézanne ou encore Van Gogh, tandis que d’autres ont noirci des pages entières de leurs ouvrages, comme Zola, Proust ou Maupassant.

Cette exposition s’ouvre sur le premier scandale de la représentation des prostituées dans l’art : L’Olympia de Manet, présenté au Salon de 1865. Manet s’inspire de La Vénus d’Urbin réalisée par Le Titien en 1538, une peinture classique et acceptée par la société de l’époque puisqu’elle évoque un sujet mythologique. 

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Titien (1488–1576), La Vénus d'Urbin, 1538, huile sur toile, 1,19m x 1,65m, Florence, Musée des Offices

A contrario, Manet décide de représenter une prostituée et pour être plus précis, probablement une cocotte au vu de la richesse qui l'entoure. Quelques indices permettent aux visiteurs du Salon de l’identifier ainsi.

Tout d’abord, le titre puisque les prostituées sont aussi appelées « Olympia », mais aussi les pieds de la jeune femme qui sont sales et qui évoque le terme de « pierreuse ». Le traitement du corps va aussi à l’encontre des attendus académiques puisqu’il n’est pas idéalisé ou lissé mais représenté de manière réaliste. Enfin, le regard droit et franc de la femme, paraît provoquant pour l’époque.

Quelques indices permettent de comprendre la richesse de la prostituée : tout d’abord le bouquet de fleur qui montre qu’elle est courtisée, mais aussi ses bijoux ou encore la couverture en cachemire, et enfin sa servante. Le chat à la queue dressé est une référence érotique direct, alors que dans la peinture classique, les nues sont plutôt accompagnées de chien, symbole de fidélité.

Par cette œuvre, Manet inaugure le thème artistique et littéraire de la prostituée, vu sous l’angle du réalisme et non plus idéalisé.