Zola : témoin de l'ampleur du phénomène

Dans son neuvième volume des Rougon-Macquart, Emile Zola s’intéresse à la prostitution féminine, soucieux de montrer la société sous son vrai visage. Inspirée par des cocottes qu’il a rencontrées et étudiées : Blanche d’Antigny, Méry Laurent, Cora Pearl et tant d’autres, il raconte l’histoire d’une cocotte, Nana, dont les charmes ont affolé les plus hauts dignitaires du Second Empire.

Le roman Nana écrit par Emile Zola (1840-1902) est inspiré de Valtesse de la Bigne (1848-1910), célèbre actrice, fille de blanchisseuse, qui a fini par épouser le Prince de Sagan, qui lui fait construire un hôtel particulier boulevard Malesherbes. Cependant, Valtesse de la Bigne dit détester le personnage de Nana qui la renvoie à son statut de femme entretenue. En effet, tout le propos de Zola et de sa série des Rougon-Macquart est que l’on ne peut pas se séparer du statut social dans lequel l’on est né. Notre destin est déjà tracé : Nana est née seule et pauvre et mourra dans les mêmes conditions, de la petite vérole. 

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Edouard Manet (1832-1883), Nana, 1877, huile sur toile, 150x116 cm, Hambourg, Kunsthalle de Hambourg 

© Domaine public

Emile Zola explique dans cet extrait l’ignorance intellectuelle de la cocotte malgré son ascension sociale :

«  C'était bien, c'était juste, elle avait vengé son monde, les gueux et les abandonnés. Et tandis que, dans une gloire, son sexe montait et rayonnait sur ses victimes étendues, pareil à un soleil levant qui éclaire un champ de carnage, elle gardait son inconscience de bête superbe, ignorante de sa besogne, bonne fille toujours. »

Deux ans plus tôt, Manet peignait une peinture homonyme, Nana, dont le titre aurait été donné postérieurement à la réalisation du tableau, lorsqu’il apprit le titre du prochain ouvrage de l’auteur.