Le prétexte des contes pour expérimenter les effets spéciaux au cinéma

Bien que le théâtre, opéra ou ballet aient permis de nombreuses adaptations des contes, ils ont surtout été, et encore aujourd’hui, massivement traités au cinéma.

Méliès

En France, l’un des premiers à adapter ces histoires n’est autre que George Méliès qui, au travers de ses courts-métrage met en scène les personnages imaginés par Charles Perrault. Il commence notamment par celle dont le succès n’est plus à démontrer dans le spectacle vivant : Cendrillon. Cette figure et son histoire qu’il fait vivre 6 minutes par le prisme de sa caméra en 1896 lui permettent de tester de nouvelles techniques et d’imaginer l’utilisation d’effets spéciaux et autres trucages permettant de faire vivre le merveilleux et la magie du conte. Méliès réutilisera d’ailleurs ce sujet dans l’un de ses derniers films (l’avant-dernier), en 1912, qu’il intitule Cendrillon ou la Pantoufle mystérieuse mais qui cette fois-ci dure 24 minutes. En effet, les effets spéciaux et la technique ayant progressé, il lui est possible de produire un résultat beaucoup plus long.

Bien avant Disney et tout au long de sa carrière Méliès utilise les contes de Perrault grâce auxquels il peut expérimenter et développer de nouvelles techniques qui mobilisent son imagination. Perrault n’est cependant pas sa seule source d’imagination puisqu’il mobilise également les contes Mme d’Aulnoy mais aussi certains issus d’autres auteurs tel que la Fée Carabosse.

Dessin représentant le 8e tableau imaginé par Méliès, pour son film adaptant le conte du petit chaperon rouge.

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Lotte Reiniger, pionnière allemande de l'animation, travaillant sur un film en utilisant la technique des silhouettes.

Lottie Reiniger

Autre cinéaste à adapter les contes au cinéma assez rapidement est Charlotte, dit Lotte, Reiniger (1899–1981) en Allemagne, qui développe une réelle fascination pour les contes et devient son thème de prédilection. C’est l’une des toutes premières à adapter les contes des frères Grimms, à partir des années 1920. Elle choisit aussi de créer à deux reprises un film représentant l’histoire de Cendrillon, mais elle film également une histoire d’Hansel & Gretel, Blanche-neige ou encore le Chat Botté. Ses films sont de véritables long-métrages et lui donnent l’opportunité, tout comme Méliès, d’utiliser et d’explorer son imaginaire et les nouvelles techniques de films pour faire vivre des univers qui n’existent pas. Ainsi, elle est une des précurseurs de l’animation puisque pour faire vivre ces personnages elle utilise la technique de silhouettes de papiers découpés qui, grâce à leurs ombres, lui permettent de les mettre en mouvement.

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Affiche du dessin animé Blanche-Neige et les sept nains, premier long-métrage de Walt Disney.

Disney

Peu avant la seconde guerre mondiale et pendant tout le XXe siècle, c’est surtout Walt Disney que l’on retient, pour lui aussi les contes deviennent une véritable source d’inspiration et un véritable terrain de jeu de tests. Mais, contrairement aux précédentes adaptations, tout médiums confondu, ce n’est pas un conte de Perrault et encore moins Cendrillon qui est son premier sujet d’animation. Au contraire, il choisit d’adapter un des contes des frères Grimms, bien qu’il laisse de côté les éléments qui pourraient heurter la sensibilité des enfants : Blanche-neige et les sept nains, qui sort en 1937. S'enchaînent tous les films que l’on connaît aujourd’hui et qui, pour reprendre l’esthétique du conte, ont comme plan d’ouverture un livre qui s’ouvre.

De nouvelles adaptations

D’autres adaptations cinématographiques continuent encore aujourd’hui de prendre les contes comme source d’inspirations, bien que certaines tendent à s’éloigner des récits d’origines.

De même, aujourd’hui ces récits permettent d’être le point de départ de nouveaux univers et histoire. Le principe du merveilleux dans ces récits étant de faire appel à l’imaginaire, il est possible de créer de nouvelles histoires ou de faire apparaître de nouveaux personnages dans des univers déjà installés. Le cinéma c’est aussi un moyen de faire vivre des imaginaires différents. Ainsi, la magie peut être esthétisée pour faire rêver mais elle peut également prendre une forme plus cauchemardesque qui n’est pas possible dans la réalité.

Ci-dessus, diverses adaptations réalisées des histoires de contes de fées.