À la rencontre des grandes figures politiques de la Fête

À la Fête de l’Huma, les figures politiques ne manquent pas et ce, depuis sa création. Toutes les plus grandes personnalités de gauche s’y retrouvent lors de grands débats, afin de faire avancer les causes sociales et progressistes.

Capturebjhklm.PNG
Le groupe de musique Quilapayun lors d'un concert sur la scène de la Cité internationale de la Fête de l'humanité 1973

L'international à l'Humanité

La programmation politique s’adapte à l’actualité et vit avec son temps. Ainsi, les années 1930 sont vouées à la célébration du Front Populaire. Dès la Libération, les éditions appellent à l’unité de la démocratie française et à la reconstruction. À partir des années 1950, la paix est brandie comme thème majeur de la Fête, dans le contexte de dénonciation des crimes de l’impérialisme français. C’est dans cette continuité qu’émerge en 1954 la Cité Internationale qui deviendra le Village du Monde et dont la place ne cessera d’augmenter dans les années 1970. Ces dernières marquent aussi l’ouverture de la Fête à d’autres partis politiques de gauche, avec la venue de personnalités socialistes et radicales aux côtés des figures communistes.

gettyimages-1477738143-1024x1024.jpg AD093HP_0000014274.jpg Capturejnk.PNG
Angela Davis à la Fête de l'Humanité de septembre 1973

L'édition 1973 : le militantisme sous toutes ses formes

L’expérience de la Fête de l’Huma fût pleine d’émotions en 1973, et marqua profondément le monde du militantisme présent sur place. L’hommage rendu par la foule aux travailleurs de Lip - dont la lutte s’est vue épinglée sur toutes les poitrines - demeure dans les mémoires. L’occupation par les ouvriers de l’usine horlogère de Besançon après leurs licenciements émeut le milieu ouvrier jusqu’à l’Huma. L’édition est également connue pour la venue inédite d’Angela Davis, militante communiste et membre des Black Panthers. Elle se présente comme une célébration contre l’injustice. En effet, elle est acquittée en juin 1972 après seize d’emprisonnement pour meurtre, kidnapping et conspiration, accusée d'avoir participé à une prise d'otage sanglante dans un tribunal en Californie, lors d'une audience des Frères de Soledad. En raison de son combat et de sa présence à plusieurs éditions, la plus grande scène de l’Huma sera alors inaugurée en son nom.

Extrait d'un document tourné à la fête de l'Humanité 1975, dans lequel des hommes de culture communistes sont invités à parler de politique culturelle.
AD093HI_0000002626.jpg
Angela Davis et Georges Marchais le 15 septembre 1991 à la Fête de l'Humanité

La lutte pour tous et par tous

Les années filent et les modalités de la Fête évoluent avec leur temps. Comme toujours, les grandes figures communistes sont au rendez-vous pour des bains de foule comme Georges Marchais, secrétaire général du PCF de 1972 à 1994, venu chaque année profiter de la fête auprès d’autres intellectuels communistes comme Louis Aragon. Les poignées de mains entre le secrétaire et Angela Davis deviennent des archives phares de l’événement. Toutefois, la fête innove. Le vendredi, auparavant réservé aux militants, est ouvert à tous en 1980, dans la logique de la préparation aux présidentielles de 1981. Écouter et prendre part à la politique devient une activité banale du visiteur de l’Huma qui ouvre les secrets de militantisme à la portée de Monsieur Tout-le-monde.

La crise du Parti communiste français dans les années 1980 : réunion symbolique à la Fête de l'Humanité de 1984

Au début des années 1970, Waldeck Rochet quitte la direction du parti et est remplacé par Georges Marchais, qui affiche pour objectif de faire accéder la gauche au pouvoir. Lors de l'élection présidentielle de 1974, comme en 1965, le PCF apporte son soutien au socialiste François Mitterrand, qui échoue au second tour face à Valéry Giscard d'Estaing.

Pendant la campagne présidentielle de 1981, Georges Marchais, désigné candidat du parti, est un temps en passe de dépasser François Mitterrand dans les études d'opinion. Georges Marchais propose notamment le rétablissement de la planification économique, la nationalisation de toutes les grandes entreprises et la hausse du SMIC. Il obtient finalement 15,3 % des voix, dix points derrière Mitterrand, qu'il rallie au second tour mais que de nombreux communistes refusent de soutenir. Aux élections législatives qui suivent la victoire du candidat socialiste, le PCF confirme son déclin : avec 16,1 %, il perd des sièges au profit du PS dans plusieurs de ses fiefs historiques, notamment la Seine-Saint-Denis.

Aux élections européennes de juin 1984, le PCF s'effondre à 11,2 %, se retrouvant talonné par le Front national.

Durant la Fête de l'Humanité, une photographie devient centrale : le 9 septembre 1984 à La Courneuve, Georges Marchais se dresse face à la foule, aux côtés de Jean-Claude Gayssot, Guy Hermier, Philippe Herzog et Charles Fiterman. Unis face à la récente défaite aux élections européennes, c'est un véritable coup de communication du PCF que cette photographie représente. Chaque personnalité illustre un pan du PCF : économie, transport, monde des intellectuels et de la culture. Le PCF est donc toujours vivant et s'élève face à leurs sympathisants.

Cette "photographie de famille" est également le premier pas vers les prochaines élections législatives de 1986. Dans un gouvernement de gauche, le PCF trouve difficilement sa place ; les législatives s'avèrent être un levier essentiel pour la survie du parti.

En réalité, le PCF passe sous la barre des 10 % lors de ces élections législatives de 1986, avec 35 députés.

Poursuivre la lutte au-delà de l'URSS : lier débat et actualité

Alors que le communisme est inhérent à la Fête, la chute de l’URSS au début des années 1990 fragilise l’événement, le journal et aggrave le déclin du PCF. La fête de l’Huma va-t-elle tirer sa dernière révérence ? Rollant Roy décide alors de faire subsister l’idée révolutionnaire par la Fête en maintenant les diverses luttes internationales au cœur de ses thématiques. Ainsi, en 1996, Nelson Mandela adresse un discours à la Fête de l'Humanité à sa sortie de prison, pour encourager la jeunesse à continuer la lutte pour les libertés et contre les discriminations.

Ce clip pour L'Humanité passant sur les chaines de télévision s'adresse visiblement aux jeunes : musique rock, rythme très rapide, omniprésence des jeunes sur les images.

Le passage à l’an 2000 ne change rien au poids du contexte politique dans la Fête : des discours politiques rythment la programmation, notamment dans l’Agora. Cette adaptation à l’actualité se fait parfois dans l’urgence, comme pour l’hommage aux victimes des attentats terroristes du 11 septembre 2001, puisque la Fête se tient quatre jours après, mettant l’accent sur “la fraternité face au désordre du monde”.

Reportage France 2 à la fête de l'Humanité où un seul sujet a dominé les débats : les attentats terroristes contre les Etats Unis le 11 septembre 2001

Aujourd’hui encore, aller à la Fête de l’Huma nous donne l’occasion d’entendre les voix des grandes luttes soutenues par la gauche. En 2018, la foule a pu ainsi écouter le discours de la jeune militante Ahed Tamimi, défendant la cause palestinienne dans le conflit israëlo-palestinien. Des manifestations continuent d’arpenter les chemins de la Fête, comme en 1974 en soutien aux travailleurs immigrés. En 2019, une marche pour le climat déambule dans ces mêmes rues.

En direct de la Fête de l’Humanité 2019, suivez la grande marche pour le climat, jusqu’à l’Agora
gettyimages-967467082-1024x1024.jpg
Stand de vente d'affiches de Lénine à l'édition 2022

Ainsi, vivre la Fête de l’Huma, c’est avant tout découvrir et participer aux grands débats de son temps, auprès des figures politiques contemporaines.

Aujourd'hui, les débats politiques de l'Huma s'exportent même le temps d'un live Twitch : en 2023, les streamers Usul et Jean Massiet ont convié notamment Jean-Luc Mélenchon pour un débat dans le cadre de l'émission Backseat, retransmise en live sur leur chaine Twitch. Vivre la Fête de l'Huma, c'est donc également la vivre à travers un écran. 

L'émission Backseat à la Fête de l'Humanité 2023