Les premiers pas de la Fête de l’Humanité, à Bezons en 1930

"Pour la défense de l'Huma - Au parc Sacco et Vanzetti à Bezons on prépare fiévreusement la grande fête de dimanche"
Contexte et Comités de défense de L'Humanité
À la fin de la décennie, le quotidien L’Humanité connaît de grosses difficultés financières qui sont dues à la fois aux frais de fabrication et à divers problèmes techniques, mais aussi aux mesures prises par le gouvernement. S’il atteint plus de 200 000 exemplaires tirés en 1928, les ventes sont sensiblement inférieures et la diffusion est étroitement corrélée à la popularité du parti. Dans la tourmente de l’affaire de la Banque ouvrière et paysanne liquidée la même année, L’Humanité se retrouve mise en demeure, entraînant une inévitable fragilité économique. Parallèlement sont formés des « Comités de défense de L’Humanité » (CDH), dont le but premier est de vendre le quotidien. À la fin du mois d’août, le journal revendique la création de près d’une centaine de CDH, particulièrement dans les banlieues parisiennes qui forment la future « ceinture rouge » de la capitale. Ces comités deviennent d’importants piliers pour l’implantation et la diffusion de la presse communiste dans les années 1930.
La Fête de Bezons en 1930 , une célébration politique des travailleurs
Pour coordonner ses actions, le quotidien organise les « congrès des 107 Comités de défense de L’Humanité », à la suite de la conférence de Belleville du 27 juillet 1930. Le premier a lieu le 7 septembre 1930 à Bezons, banlieue située au nord-ouest de Paris dirigée par le parti communiste depuis sa création. D’autres organes locaux du parti sont présents à la Fête mais sont tous parisiens, excepté le stand de la ville d’Alès. Nous sommes donc encore bien loin de la réunion annuelle des fédérations communistes.
Le 5 août 1930, L’Humanité annonce :"Cette année, le dimanche 7 septembre, la Région Parisienne du Parti Communiste organisera en commun, avec l’organisme régional des comités de défense de l’Huma, sa fête d’été, au profit du journal de Lénine, instrument de défense et de combat des travailleurs. La fête du 7 septembre, en plus de son caractère distractif, sera également l’occasion d’une rencontre nationale des délégués de l’ensemble des comités de défense de l’Huma".
La première Fête de l'Humanité se tient ainsi le 7 septembre 1930 à Bezons, dans le parc Sacco et Vanzetti, du nom de deux travailleurs italiens condamnés à mort. La politique est donc naturellement liée à cet événement, comme en témoigne de même le choix du lieu.
Une grande fête populaire
En marge de ce rassemblement politique, s’organise une petite fête populaire, la première « Fête de l’Huma ». Pour distraire les travailleurs, « il y avait des courses au sac, des courses à l’œuf », rappelle l’historien Valère Staraselski. On pouvait danser au rythme des fanfares ouvrières et y admirer des prouesses sportives : onze équipes masculines et quatre équipes féminines se disputaient un tournoi de basket-ball, deux combats de boxe, quatre combats de lutte, ainsi que de l’athlétisme masculin et féminin. Le 6 septembre, à la veille de la fête, L’Humanité publie : « 16 heures : GRAND CONCERT au parc Sacco et Vanzetti, avec le concours de M. et Mme Bouch’ry, du chansonnier populaire Nobel, le ‘Pierrot Rouge’, du baryton Tonio Peire, du virtuose Edmond Moulin. Théâtre populaire de Thoreux dans ses dernières créations. »
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L'Humanité, 3 septembre 1930
L'Humanité revient sur la programmation sportive de la première Fête de l'Humanité
Le prix d’entrée est fixé à deux francs ; seulement quelques milliers de personnes viennent à cette première Fête, et les sommes obtenues ne suffisent pas. Pourtant, le lendemain des festivités, L’Humanité titre « Un double et éclatant succès. La certitude des réalisations prochaines », et se félicite des avancées permises par la réunion des CDH.
"Nous sommes en route pour la constitution, autour de L’Huma, d’une puissante organisation plongeant profondément ses racines dans les masses du peuple ouvrier. Après la Journée de Bezons, il ne s’agit plus ici d’espérance, mais de certitude."
- L'Humanité, Marcel Cachin, 8 septembre 1930
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