La genèse de la Fête de l'Humanité

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Portrait de Marcel Sembat

L'idée de Marcel Sembat

En 1913, Marcel Sembat, illustre député de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), avance l’idée d’une Fête de l’Humanité. La proposition est adoptée par le conseil national de la SFIO le 2 février 1913. Ce projet était pensé comme un événement populaire empli des principes de l'internationalisme et du pacifisme de la IIe Internationale. Cette décision sera réaffirmée lors du Congrès socialiste de Brest du 23 au 25 mars 1913. Hélas, la Première Guerre mondiale empêche finalement sa réalisation. Cependant, le projet est repris par le quotidien socialiste Le Populaire, alors diffusé à 50 000 exemplaires en 1919. Est alors organisée la Fête du Populaire à Garches le 10 août 1919, avec l'appui des Amis du Populaire

Or, au sortir de la Grande Guerre, l’unité de la SFIO n’est plus. Se pose la question de l'adhésion à l'Internationale communiste, fondée en 1919. Deux camps s’opposent : les adversaires de l'adhésion comme Léon Blum et Pierre Renaudel, et ses partisans avec Ludovic Oscar Frossard ou Marcel Cachin. Au congrès extraordinaire d'avril 1919, Léon Blum justifie l'existence de tendances diverses, mais conclut par un appel à l'unité. Pourtant, en février 1920, durant le congrès de Strasbourg, les adhérents acceptent à 92 % le retrait de la SFIO de la IIe Internationale. La division se cristallise lors du Congrès de Tours, au cours duquel la Section française de l'Internationale communiste (SFIC), futur Parti communiste français, est créée. Cette fracture de la gauche française enterre définitivement la seconde édition de la Fête du Populaire devant se tenir le 19 septembre 1920.

Une solution à la crise du journal L'Humanité

En 1904, le quotidien français l’Humanité voit le jour sous la plume de Jean Jaurès. Le premier numéro paraît le lundi 18 avril 1904, sous la forme d’un journal de quatre pages vendu cinq centimes et tiré à 130 000 exemplaires. Ce nouveau quotidien socialiste, qui a alors comme sous-titre de la manchette « Journal socialiste quotidien », est pensé comme un outil d’unification du mouvement socialiste français et de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme. Organe inhérent à la SFIO, le journal devient communiste à l’issue du Congrès de Tours en 1920, tout comme Jaurès. Il devient alors l’organe officiel du nouveau parti.

Le Gaulois, 20 avril 1904
Le journal de droite Le Gaulois revient sur la création de L'Humanité par Jean Jaurès dans sa rubrique Politique
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Portrait de Marcel Cachin

En 1918, Marcel Cachin arrive à la tête du quotidien à la suite de Pierre Renaudel, et y restera jusqu’à sa mort en 1958.

En quête d’une manière afin de soutenir son quotidien à la fin des années 1920, il reprend alors l’idée d’un grand événement populaire, qu’il imagine comme une manifestation de la « solidarité prolétarienne ». La Fête de l’Humanité est née.

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Foule dansant à la Fête de Garches
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Jeunes chahutant à la Fête de Garches

La fête de Garches

Parallèlement, une fête similaire se tient à Garches en 1928. En effet, face à l'interdiction du préfet de leur laisser l'usage des parcs domaniaux entre 1925 et 1932, le P.C.F. utilise l'union des syndicats ouvriers de la Seine comme prête-nom pour continuer de tenir les fêtes, dont La Fête de Garches qui fût entièrement prise en charge par l'Union des Syndicats de la Région Parisienne (C.G.T.U). L'Humanité y tient toutefois un stand. Cette fête champêtre du 22 juillet 1928 mêle différentes formes de sociabilités familiales et ouvrières, par ses stands et ses jeux. Nul doute que cette tradition musicale et populaire a inspiré la Fête de l’Humanité de 1930.

Fête de Garches organisée par l'Union des Syndicats de la Région Parisienne, le 22 juillet 1928