B) L'historique des fouilles
Il a fallu attendre le XXe siècle pour que nos yeux se posent de nouveau sur le castrum de Domme. Le 5 janvier 1943, le château est d’abord classé au titre des Monuments Historiques avant de retourner dans l’abandon. Les vestiges, peu à peu recouverts par la végétation, sont une nouvelle fois redécouverts à la suite de son acquisition par la municipalité en 1995. En 2006, le site commence à être débroussaillé et dans les années qui suivent, l’éperon est consolidé en vue de futures recherches archéologiques. C’est 10 ans plus tard, en 2016 et 2017 que le lieu est investi, une première fois, par les archéologues. L’opération, encadrée par le SRA, vise à comprendre l’emprise totale des vestiges et leur état de conservation1.
En 2019, un PCR débute, prévu sur trois ans et intitulé Domme médiévale et moderne. La fouille porte sur trois éléments : le castrum primitif de Domme, la bastide plus tardive et Campréal, une fortification royale du XIIIe siècle. Les objectifs sont multiples, analyser la documentation historique traitant du castrum, fouiller le site, dresser un inventaire du bâti civil de la bastide, étudier les élévations de Campréal et étudier la culture matérielle des occupations successives des trois entités topographiques.
Durant la première année de fouilles, les attentes initiales ont été dépassées grâce à un nombre de bénévoles plus élevé que prévu. Plusieurs travaux ont été effectués tel que le démontage d’un mur gênant la compréhension de deux tours, la création d’une rampe pour offrir un accès aux engins mécaniques et l’obtention d’une cartographie des vestiges et du relief. En plus, les archéologues ont pu ouvrir deux sondages supplémentaires au niveau des deux tours maîtresses. Cela a permis la découverte et l’analyse de trois échantillons de charbons qui ont eu pour intérêt de repréciser les dates de l’édification d’une des tours (ET 5). En effet, celle-ci avait déjà été datée par radiocarbone en 2017, mais les résultats paraissaient incohérents. L’autre tour (ET 10) a, quant à elle, bénéficié d’une précision de son plan et de la découverte d’une canonnière et d’une poterne attenante. Ce faisant, la chronologie de cette tour a également pu être clarifiée et repoussée à la fin du XVe siècle. Au niveau de la rampe, c’est un morceau de courtine associé à trois contreforts qui ont été mis au jour. Quant à la couverture géoradar effectuée, les résultats n’ont rien donné d’exploitable.
Fig. Le Château du Roy, Domme
L’année 2019 a donc été charnière dans la compréhension du site. Elle a, notamment, permis de mieux comprendre la chronologie des éléments encore en élévation tels que les deux tours principales.
L’année 2020 a été impactée par la crise sanitaire du Covid 19, néanmoins, à Domme, plusieurs actions ont pu être effectuées comme cela était prévu à l’origine. Les chercheurs ont bénéficié de deux semaines de fouilles. Des inventaires de mobilier ont été dressés et les études céramiques précisées. Cependant, l’analyse des maçonneries par luminescence optiquement stimulée a dû être reportée.
1 an plus tard, le site est réinvesti par les archéologues et les bénévoles. En 2021, le Château du Roy a été fouillé sur une surface de 135 m² sur l’extrémité orientale de la plateforme sommitale du site. La zone, divisée en quatre, a révélé plusieurs vestiges ou possibles vestiges. On compte parmi les découvertes, des maçonneries et des portions de courtines qui semblent correspondre aux aménagements défensifs élevés à la fin de l’occupation du site, au plus tôt, au XIVesiècle. Deux aménagements interprétés, pour l’heure, comme une chapelle et une crypte ont été dévoilés. Du côté de Campréal, les fouilles ont consisté à réaliser six sondages. Les recherches ont, en partie, concerné le fossé défensif déjà connu. Les différents sondages ont permis de préciser la chronologie des événements s’étant déroulés au château. Certains éléments tendraient à confirmer que le site fut touché par les événements de la guerre de Cent Ans.
En 2022, la fouille s’est poursuivie au Château du Roy et à Campréal. Cependant, le rapport de fouille n’a pas encore été publié, renseignant l'avancée des recherches.
En parallèle du PCR, une recherche documentaire a été entreprise par Anne Bécheau. Cette étude consiste à rechercher des informations complémentaires sur le site, parmi les sources écrites et iconographiques présentes dans les archives ou les fonds documentaires. Chaque mention faite à Domme ou son château sont mises en lumière pour permettre une approche pluridisciplinaire du lieu. On y trouve des informations quant au rachat de la forteresse par Philippe le Hardi au XIIIe siècle par exemple. Rassembler la documentation graphique disponible : plans divers, vue du site…
Le site de Domme comprend plusieurs aménagements distincts. Il y a le castrum primitif de Domme, la bastide et la fortification du XIIIe siècle, Campréal.
On peut clairement distinguer la bastide des deux autres. En effet, la bastide se trouve directement dans l’agglomération de Domme. Elle a été construite dans le courant de la phase VI, ce qui veut dire, à la fin du XIIIe siècle. Le village en lui-même se développe entre elle et le castrum. On connait de la bastide, ses remparts et ses portes en particulier.
Le castrum, quant à lui, se construit sur l’éperon rocheux de Domme-Vieille, situé à l’Ouest de la commune. La position précise de Campréal n’est pas clairement définie. C’est une fortification que l’on estime être entre le castrum et la bastide. On sait cependant, qu’il était ceint par une enceinte quadrangulaire munie de tours et un fossé à l’est.