La force de la nature
Puss in boots, George Cruikshank, XIXe siècle
La Belle et la Bête, Walter Crane, 1874
Le Petit Chaperon Rouge et le loup, Gustave Doré, 1862
Der gestiefelte Kater, Carl Offterdinger, fin du XIXe siècle
Cette section tend à rappeler l’importance de la nature et de l’environnement dans les contes de fées. Tantôt ennemis, obstacles ou alliés les éléments naturels constituent une des bases du conte. Cette section permettra au visiteur de comprendre un des piliers structurant de ce genre littéraire.
L’intégration du merveilleux dans le récit : les animaux qui parlent
Dans les contes de fées, la nature est bien plus qu'un simple décor. Elle joue un rôle essentiel en tant que reflet du monde intérieur des personnages et en tant qu'élément magique influençant le cours des événements.
Les animaux doués de parole sont des personnages très présents dans les contes. Figures antropomorphiques capables d'avoir un comportement humain, ils s'affranchissent de toute morale tel que le loup qui dévore le Chaperon Rouge ou le Chat Botté capable de mentir pour aider son maître. Ces animaux doués de parole sont à la frontière entre la société humaine, ordonnée et organisée, et le monde sauvage, qui inclut les meurtriers et criminels.
Souvent, les personnages des contes se retrouvent mêlés à ce monde sauvage et animal au travers de la métamorphose. Dans cette illustration de la Belle et la Bête, le prince est représenté tel un sanglier. C'est en retrouvant un comportement digne d'un homme qu'il pourra quitter cette enveloppe animale. La présence de la nature dans les contes de fées a ainsi un rôle de transition, de passage entre deux mondes.
L’environnement des contes et la place de la nature
La nature c'est aussi l'environnement des personnages de contes de fées. A l'instar de la Petite Sirène dans le conte éponyme, l'océan est le seul environnement qu'elle connaît. C'est aussi bien un lieu de paix et familier qu'un espace dangereux menant à la souffrance et à la mort. Cette polarité de la nature est essentielle pour les contes de fées. Alors que les progrès scientifiques se font progressivement, les espaces sauvages conservent une part de mystère. Il est alors facile d'imaginer que le récit d'un conte est vraisemblable.
![La_petite_sirène___Andersen_[...]Andersen_Hans_bpt6k3052698c.JPEG](https://pireh.univ-paris1.fr/patrimoine/2024-2025/GPC/G4/files/fullsize/d1989999b3263bfbb8c4551755db7845.jpg "La_petite_sirène___Andersen_[...]Andersen_Hans_bpt6k3052698c.JPEG")
La petite sirène, Ivan Bilibine, 1937
The Prince walking into Sleeping Beauty's palace, Gustave Doré, 1862
Comme évoqué à l'instant, la nature est un espace rassurant mais aussi effrayant. C'est ce qui est évoqué dans le conte de La Belle au Bois dormant de Charles Perrault. Dans cette histoire, le prince doit se rendre auprès de la princesse endormie et traverser un épais bois qui ceinture le donjon.
Il crût dans un quart d'heure, tout autour du parc, une si grande quantité de grands arbres et de petits, de ronces et d'épines entrelacées les unes dans les autres, que bête ni homme n'y aurait pu passer; en sorte qu'on ne voyait plus que le haut des tours du château, encore n'était-ce que de bien loin.
La forêt, pourtant lieu familier traversé très régulièrement au XVIIe siècle mais aussi lieu de chasse et de cueillette devient un espace sauvage, effrayant et peu recommandable. L'illustration de Gustave Doré renforce cette impression de mystère. C'est sans doute cette impression mystérieuse qui a plu à Charles Perrault lors de ses nombreuses visites au château d'Ussé où habitait un de ses proches. Il se serait inspiré de ce donjon et de cette célèbre perspective pour son conte tout comme Walt Disney lors de la réalisation du film d'animation portant sur le conte. Nous vous invitons à vous promener autour du château grâce à l'outil Street View ci-dessous.