Inspirations : Seth en Asie
Hanuman, Boeung Kak, Phnom Penh, Cambodge, février 2013.
Affiche du film "Hanuman et les 5 Kamen Riders", lithographie, 1980, Paris, France, musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Cambodge
Hanuman, dieu à l’apparence de singe et à la force colossale, est très populaire dans la religion hindoue. Capable de soulever des montagnes, patron des acrobates et dieu de la méditation, son histoire est racontée dans le Ramayana, épopée mythologique du périple de Râma. De nombreuses pièces de théâtre dans lesquelles les acteurs portent des masques traditionnels présentent cette épopée. Mais Hanuman apparaît également dans des films comme Hanuman et les 5 Kamen Riders où il se transforme en icône de la pop culture.
“Shanghai stories” (série), Shanghai, Chine, décembre 2014.
Archer à genoux, 221–206 av. J.-C., terre cuite, Qin Shihuang Terracotta Warriors and Horses Museum, Shaanxi, Chine.
Chine
Une partie importante de l'histoire de Shanghai est en jeu. Des symboles peints à la bombe identifient les bâtiments à démolir, scellant ainsi leur destin. Seth a peint sa propre version. Des quartiers historiques sont nombreux à être démolis à travers Shanghai, alors que les vieilles maisons - qui abritent principalement des personnes pauvres et occupent de précieux terrains du centre de la ville - sont en train d'être détruites. Allant des affiches de Mao aux soldats de l’armée de terre cuite de Xi’an en passant par les fausses ou vraies antiquités et les théières en porcelaine débordaient des petites échoppes de Dongtai Lu, Seth s'inspire du dernier marché aux puces de Shanghai. Aujourd'hui les traces d’une histoire vécue restent invisibles et ouvrent la voie à la construction d'un nouveau centre commercial. Cette série nous parle du monde en métamorphose.
Gardien lion, bronze, "À l'école buissonnière" (série), M 50 Art Center, Shanghai, Chine, mars 2019.
Lion gardien chinois, statue, XVIIe siècle, Toronto, Canada, Royal Ontario Museum.
Lion statue, PokéStop, PokémonGO.
Chine
Les œuvres présentées à la galerie M 50 Art Center sont le résultat de journées à arpenter et à peindre les rues des derniers quartiers populaires du centre de Shanghai. C’est le témoignage de l’amour de Seth pour cette culture traditionnelle peu à peu engloutie sous les tours de verre et de béton. C’est un rêve de Chine, intimement lié à l'enfance et au besoin universel d’évasion dans un monde de plus en plus incompréhensible. Ici, Seth maîtrise un autre support, le bronze, et représente un enfant avec une balle dans la main, représentant à la fois une nature ludique et un esprit protecteur. Les statues de lion gardiens se retrouvent à l'entrée des temples et des palais en Europe et notamment en Asie. Le concept trouve son origine et sa popularité dans le bouddhisme chinois et met en scène un couple de lions très stylisés. En accord avec le feng shui, les composants sont un mâle avec une boule qui, dans un contexte impérial, représente la suprématie sur le monde/l'unité du pays, et une femelle avec un lionceau représentant l'éducation et une progéniture respectable. Les paires de statues de lions gardiens sont encore aujourd'hui des éléments décoratifs et symboliques courants à l'entrée de restaurants, hôtels, supermarchés et autres structures, l'un étant assis de chaque côté de l'entrée, en Chine et en d'autres endroits du monde où des Chinois ont immigré et se sont établis. Par exemple, une statue de lion mâle se trouve à l'extérieur du Royal Ontario Museum à Toronto. Aujourd'hui, elle est devenue un lieu de prédilection (PokéStop) pour les joueurs de Pokémon GO.
“Il était une fois en Chine” (série), Fengjing, Chine, avril 2015.
Zhen Wang, Huaisu écrivant sur une feuille de bananier, 1922, encre et couleurs sur papier, 130 x 33,2 cm, Paris, musée Cernuschi.
Chine
"L'amitié, c’est une âme partagée en deux corps" - Mencius. Cette citation, peinte sur ce mur de Fengjing est illustrée par Seth dans une composition touchante et poétique. Les deux enfants, mains entrelacées, se regardent l’un l’autre cachés par l’architecture en bois. Comme un secret qui n’appartient qu’à eux, ils partagent un moment de complicité à l’intérieur de cet abri qui lie leurs esprits comme leur âme leur amitié. Une œuvre qui nous rappelle l’essentiel de la pureté des liens humains. Illustrant la citation de Mencius, penseur chinois confucéen, Seth inscrit son art au cœur du paysage et de la culture traditionnelle chinoise.
3 masques, “Chosun University” (série), Gwangju, Corée, juin 2019.
Masque "Somu" , bois peint, c. 1970, 270 x 220 cm, Paris, France, musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Corée
Nous sommes au XXIe siècle et les trois singes sages sont parmi nous comme jamais auparavant. Ne pas voir le mal, ne pas entendre le mal, ne pas parler du mal : une maxime bouddhiste qui prévient de ne pas inviter l'immoralité dans son esprit. La logique veut que si les humains ne sont pas exposés au mal, celui-ci ne s'empare pas d'eux. Un beau rythme quotidien qui nous permet d'inspirer et d'expirer calmement tout en portant une compréhension très profonde : oui, le monde est imparfait, alors ne laissez pas vos passions s'emballer trop facilement. Ici les masques traditionnels en bois servent plutôt lors de spectacles de théâtre et de danse, un reflet exact de la société avec un réel sens de l’humour sur un mode poétique raffiné. À l'origine, ils servaient d'outils d'exorcisme, mais au fur et à mesure de l'évolution de la culture, ils sont devenus un élément central des activités artistiques. Ils font appel aux différents types humains ou sociaux de la Corée Chosôn.
Dini et Kamajaya, Merapi, Indonésie, mars 2017.
Figure du théâtre d'ombres : Batara Kamajaya, Java, Indonesie, Asian Civilisations Museum.
Indonésie
La perspective des murs joue un tour à nos yeux et donne l'impression que la silhouette sombre s'approche de la jeune fille. Quand on voit qu'elle lit un livre, c'est comme si la mythologie prenait vie. C'est une représentation du personnage de Bathara Kamajaya, le dieu de l'amour dans la tradition javanaise du "wayang kulit" ou théâtre d'ombres en cuir. Il est considéré comme le plus beau dieu du ciel et son mariage avec Dewi Ratih, une déesse, est considéré comme un modèle pour tous les maris et épouses mortels. Le "wayang kulit" est considéré comme le plus haut niveau des arts du spectacle javanais, représenté dans les cours royales de Java dès le neuvième siècle. Cette tradition continue d'être chérie aujourd'hui dans sa forme traditionnelle ainsi que des adaptations pour la télévision et les campagnes d'éducation publique. Une danse enjouée ou les devoirs d'une jeune fille, à vous de décider.
Surpeuplé, en collaboration avec Mariska Soekarna, Tropica Festival, Canggu, Bali, juillet 2017.
Persépolis, image du film.
Indonésie
C’est à All Caps, temple du Street Art à Bali situé entre un skatepark et une friche industrielle que Seth choisit de s’associer avec Mariska Soekarna pour réaliser cette fresque murale. Avec un jeu d’entremêlement, les deux artistes peignent des personnages coincés dans l’espace architectural qui peine à les contenir. Cette adaptation au bâti rappelle les frontons grecs dans lesquels la taille et la position des personnages en bas-relief sont traitées de manière à s’insérer dans l’espace. Mais les artistes jouent également avec notre perception en plaçant un personnage à taille humaine au devant de ces géants, comme s’il était réel et les regardait depuis le monde réel. Ce faisant, il imite notre propre place de spectateur, et nous amène à nous questionner sur les rapports entre œuvre et réalité. Si les personnages géants peints par Mariska Soekarna appartiennent bien à la fiction, ils ne sont d’ailleurs pas sans rappeler le style des personnages de la bande dessinée Persépolis, réflexion sur l’identité culturelle.
"An Khánh district" (série), Hô Chi Minh-Ville, Vietnam, juillet 2011.
Simone Legno, "Tokidoki", 2008.
Vietnam
Seth s’éloigne de son style habituel pour représenter ici une jeune fille vietnamienne dont nous voyons distinctement le visage. Son apparence rappelle les créations de Simone Legno, créateur de la marque Tokidoki, et évoque la vie urbaine. Sous son parapluie, les cubes colorés semblent faire références aux costumes traditionnels hmongs, peuple du nord du Vietnam agriculteur et éleveur de bétail. Par cette fresque, Seth lie la tradition au monde moderne, un aspect important de l'identité culturelle des jeunes générations.