Street Art
Le musée et la rue : Qu’entend-t-on par street art ? On fait référence à un art urbain, dont les œuvres s’approprient l’espace public, auquel les institutions muséales font invariablement partie. Le street art entretient une relation privilégiée et intime avec le monde de la rue, et que la retirer de son lieu d’origine signifie la destruction. Mais on peut aussi estimer que c’est l’emploi du monde urbain comme matériau de création, ainsi que son caractère subversif, qui détermine son statut d'œuvre street art, et non seulement sa localisation.
Un art du quotidien : Ces vingt dernières années ont été marquées par une institutionnalisation du street art, à travers une multiplication d’apparitions d’œuvres sur le marché de l’art, l’ouverture de galeries lui étant exclusivement consacrées, et l’inauguration de musées dédiés à son histoire. Le street art est aussi une pratique qui se veut transgressive, qui se joue des règles cherchant à contrôler et uniformiser l’apparence d’une ville. C’est aussi un art qui, s’adressant aux masses, se fait revendicateur et engagé, qui est capable d’attirer le regard sur les problèmes sociaux et stigmatisations qui sclérosent le monde moderne. Le street art est une réponse alternative à la séparation entre art et vie à travers l’invasion du quotidien, tout en s’affranchissant d’étiquettes théoriques comme le postmodernisme.
Les médiums du Street Art : Les modes d’expression du street art ne doivent pas être limités au graffiti. L’artiste américain Josh Allen Harris est connu pour ses sculptures gonflables d’animaux envahissant les rues de New York, qu’il place sur des bouches de métro avant de les laisser s’envoler jusqu’aux gratte-ciels. REVS, autre artiste new yorkais, réinvente le graffiti et lui confère une tridimensionnalité avec des sculptures en métal faites de boulons et de soudures, qui forment des mots et projettent leur ombre sur les murs et trottoirs. Le pochoir offre également aux artistes une alternative au graffiti (writing) naissant aux Etats-Unis et devient une des spécificités de la scène parisienne. On trouve Miss.Tic, Blek le Rat, Jef Aérosol et ainsi de suite. En effet, le street art est aussi un art de l’éphémère, souvent amené à disparaître, qu’il soit effacé, remplacé par d’autres œuvres, ou se dégonfle comme un ballon de baudruche. Parmi les nombreux autres médiums regroupés sous l’appellation street art ou art urbain, nous pouvons également citer le collage, les installations, le tricot urbain, les stickers, la céramique, la projection vidéo, le lightpainting ou même les légos pour l’artiste Jan Vormann. Le street art intègre la pratique artistique au paysage quotidien, à des espaces intérieurs comme extérieurs qui n’appartiennent pas au monde culturel, aux galeries et aux musées.
Internationalisation : Si New York est considérée comme le Home Sweet Home du graffiti, c’est en raison de son poids historique au sein du mouvement. À partir des années 1980, d’autres villes ont émergé, par exemple San Francisco et Los Angeles. En particulier les étés de 1983 et de 1984 marquent l’ouverture d’un dialogue artistique intense des deux côtés de l’Atlantique. Nombre de jeunes européens attirés par l'Amérique font le voyage vers New York et découvrent l'énergie de cette production artistique à nulle autre pareille. En retour, les jeunes artistes ont pris leurs inspirations et leurs techniques et se sont mis au travail. C’est notamment à Vienne, Düsseldorf, Munich, Copenhague, Paris et Londres où finalement la ville urbaine se pose comme un terrain de jeu fertile. C’est à partir des années 2000 que le terme Street Art est apparu : un mouvement international qui se pose en héritier du graffiti.