Le gouvernement de la Commune
Au cours de ses deux mois d’existence, les mesures politiques et sociales prises par la Commune restent relativement peu nombreuses. Karl Marx y fait référence dans une phrase bien connue : « L’œuvre première de la Commune, ce fut son existence même. ». En partie à cause de sa brièveté, mais aussi, car les divisions internes au Conseil ralentissent le processus décisionnel. La Commune s’organise en neuf commissions collégiales construites comme de petits ministères, le tout chapeauté par une commission exécutive. Cet ensemble fonctionne mal.
Malgré tout, des mesures sont prises, l’école devient laïque, gratuite et obligatoire, une réforme de la justice et du travail est entreprise, le budget dévolu aux cultes est supprimé. Ces réalisations sont passées sous silence par la propagande versaillaise, éclipsées par les destructions. Nombre d’entre elles sont attribuées à la Commune, même lorsqu’elles ne sont pas de son fait. Durant sa courte existence, seule la démolition de quelques bâtiments sont actées par le Conseil, tel que la colonne Vendôme le 12 avril, ou l’Hôtel Thiers le 13 mai, mais ces décisions restent relativement limitées. Très peu de monuments sont détruits, il n’y a pas eu de volonté d’effacer les traces des régimes précédents.
À l’inverse, après l’annonce de la défaite de Sedan, de nombreuses figures impériales sont démolies.
L’écharpe tricolore est adoptée dès la Révolution française comme symbole de l’autorité du maire. Portée par les membres de la Commune, l’écharpe rouge est une réappropriation de ce symbole, utilisant la couleur rouge pour signifier que le prolétariat s’est emparé du pouvoir municipal.
La menace que représente Versailles oblige la Commune à consacrer des moyens importants aux préparatifs militaires. Les régiments de Gardes nationaux représentent en théorie 180 000 hommes, mais l’indiscipline qui règne dans ses rangs fait que seule quelque dizaine de milliers est prête à combattre. Les Versaillais eux, disposent de 130 000 soldats de métier fraîchement libérés des camps de prisonniers allemands. Une importante propagande les prépare aux intenses combats qui les attendent.
Après la prise de Courbevoie le 2 avril, par les Versaillais, trois généraux de la Commune décident le lendemain d’organiser une sortie avec pour objectif de prendre Versailles.
Cette dernière, commandée par Jules Bergeret et Gustave Flourens, mal préparée, échoue et voit Flourens être exécuté par un colonel de la gendarmerie. Ce qui oblige les fédérés à retraiter dans l’enceinte de Paris et permet aux Versaillais de franchir la Seine pour installer des canons pouvant atteindre l’Ouest parisien. Aucune autre tentative de sortie ne sera effectuée, ce qui laissera le champ libre aux Versaillais pour préparer l’offensive sur la ville. Paris est de nouveau encerclée.
Au nord et à l’est, les Allemands restent dans leurs baraquements impassibles.
Au sud et à l’ouest, les Versaillais avancent.