L’insurrection

Tout au long du siège, la presse d’opposition critique le gouvernement et les « généraux capitulards », elle insiste pour que soit entreprise une sortie en masse sur les positions prussiennes. Celle-ci n’a jamais lieu, les gardes nationaux sédentaires, principalement chargés de la surveillance des remparts, n’ont presque pas été employés lors des attaques, la capitulation est vécue comme une injustice vis-à-vis des efforts fournis. La profonde désillusion que vivent alors les Parisiens constitue l’étincelle de la flamme révolutionnaire, elle est attisée par les résolutions du nouveau gouvernement.
Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif, prend la décision de supprimer le moratoire sur les loyers ainsi que la solde des gardes nationaux. Cette dernière est alors l’unique source de revenus d’une importante partie des foyers les plus modestes, car le travail n’a pas encore repris. C’est donc l’ensemble de ces éléments qui font dire à Robert Tombs dans
Paris, bivouac des révolutions : la commune de 1871, Libertalia, 2016 que « sans les circonstances exceptionnelles créées par la « guerre du peuple » contre l’Allemagne, la Commune aurait été inconcevable ». 

La Commune est donc une conséquence directe du siège de Paris. Premier signe du délitement de l’autorité centrale, dès le 27 février, les habitants de Belleville chassent les troupes stationnées dans le quartier.

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Souvenirs de la Commune. - Le parc d'artillerie de la place Clichy pendant l'insurrection
Estampe, 1871
Paris, Musée Carnavalet

Dans cette estampe parue dans le journal, on reconnait la place Clichy à Paris. Autour du monument au général Moncey, des canons et des remorques, des soldats à pied et à cheval. Vers le boulevard de Clichy, une barricade avec 5 pièces de canon fixes et 3 de plus petit calibre sur roues.
On peut lire en bas de la page "SOUVENIRS DE LA COMMUNE. -- LE PARC D'ARTILLERIE DE LA PLACE CLICHY PENDANT L'INSURRECTION."

Avec la volonté de rétablir l’ordre étatique, Thiers décide de désarmer la garde nationale, le 18 mars au matin il fait retirer les canons stationnés dans divers parcs d’artillerie, dont celui de Montmartre. Payés grâce à une souscription populaire pendant le Siège, ces canons appartiennent aux Parisiens.


La nouvelle se répand, et les habitants alentour affluent.

Face à l’importance de la foule, les soldats finissent par fraterniser avec la population, les généraux Lecomte et Clément-Thomas sont fusillés. Les autres arrondissements populaires de Paris suivent le mouvement, divers bataillons de gardes nationaux sont rassemblés pour prêter main-forte aux insurgés. Des barricades sont érigées dans le faubourg Saint-Antoine et les différents lieux de pouvoir parisiens sont investis un par un.
Sentant l’étau se resserrer, les soldats versaillais abandonnent la capitale dans la nuit du 18 au 19 mars et le gouvernement qui siégeait au quai d’Orsay prend la fuite pour Versailles.  

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Parc d'artillerie de la Butte Montmartre. 18 mars 1871
Paris, musée Carnavalet

Sur une étiquette manuscrite à l'encre rouge, contrecollée sur la planche en bas de l'image : "Parc d'Artillerie de la Butte Montmartre.. 18 mars 1871."
Cette photographie en témoignage des canons stockés à Montmartre, pris par le peuple ouvrier parisiens lors de l'insurrection du 18 mars 1871. 

Depuis le 15 mars, le comité central de la garde nationale, composée des délégués des différents bataillons, dirige la capitale. Cette assemblée organise des élections qui élisent un conseil communal de 92 membres, le 26 mars et cède finalement le pouvoir au Conseil de la Commune deux jours plus tard.

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"La place pigalle dans la matinée du 18 mats 1871",
dans L
e monde illustré, n°728, 25 mars 1871
BNF - Bibliothèque Nationale de France. Département philosophie, histoire, sciences de l'homme

Cette estampe parue dans Le monde illustré (n°728) le 25 mars 1871, présente la place Pigalle dans la matinée du 18 mars 1871. Conservée à la Bibliothèque Nationale de France.
Les soldats ont levé la crosse en l'air. Malgré les ordres de charger, impressionnés par I'attitude des femmes, ils font reculer leur monture, provoquant des rires dans la foule. Des armes sont récupérées sur la troupe, I'insurrection a commencé.