Les mondes grecs et romains : un animal protecteur
Pendant l'Antiquité grecque, la société distingue trois catégories de chiens : les chiens de chasse, les chiens de compagnie et les chiens mythologiques. Les deux premiers sont couramment utilisés dans la vie quotidienne et souvent sacrifiés lors de rituels funéraires. Cependant, l'émergence de races de petite taille a favorisé l'émergence du concept de chien de compagnie, comme en attestent des représentations sur des vases, notamment le Chous attique à figures rouges, enfant marchant à quatre pattes devant un petit chien, daté de 420 a. C et exposé au Musée de Vienne.
Sur l'île de Crète, des découvertes archéologiques ont révélé des pièces de monnaie mettant en scène des lévriers, soulignant ainsi l'importance de ces chiens dans la société grecque. Des représentations de ces lévriers sont également visibles sur des artefacts tels qu'une stèle du IVe siècle a. C. du Pirée, exposée au Musée d'Athènes, illustrant des chiens en pleine course. Des fresques célèbres, telles que celles du palais de Nestor ou de la tombe de Philippe II de Macédoine, représentent également ces chiens agiles et rapides.
En revanche, les chiens de type molossoïde sont associés à des aspects plus sombres de la mythologie grecque. Par exemple, Hécate, la déesse magicienne, est souvent représentée avec une meute de chiens profanant les tombes pour se nourrir de chair humaine, comme en témoigne un bas-relief du IIIe siècle a. C. conservé au Musée du Louvre. Cerbère, le redoutable molosse à trois têtes gardien des enfers, est également une figure mythologique largement représentée, notamment sur des céramiques comme l'amphore Héraclès et Cerbère datant de 530-520 a. C., célèbre pour ses figures rouges caractéristiques de l'art grec.
Selon les écrits de Pline l'Ancien, les chiens sont les seuls animaux capables de répondre à leur nom et de reconnaître les voix familiales dans l'Antiquité romaine, ce qui souligne leur intégration profonde dans la vie quotidienne de cette époque. Ils jouent principalement des rôles utilitaires, comme le montrent de nombreux vestiges illustrant leur activité de chasseurs ou de gardiens de domicile. C'est le cas de la célèbre mosaïque de la porte d'entrée de la maison du poète représentant un imposant chien noir tenu en laisse, accompagné de l'avertissement Cave Canem, signifiant "Attention au chien".
Les chiens sont également appréciés comme compagnons lors de conflits militaires, où ils sont dressés pour affronter des bêtes sauvages lors des jeux du cirque. Cependant, le chien de compagnie a progressivement gagné en popularité dans la société romaine, devenant un compagnon courant parmi les dames de la haute société qui favorisent souvent des races telles que le carnis melitae ou le bichon maltais. Posséder un chien de compagnie est alors un symbole de statut social, indiquant une certaine aisance financière permettant de prendre soin d'un animal sans fonction utilitaire.
Des stèles funéraires représentant des propriétaires avec leur petit chien, ainsi que des fresques illustrant des enfants jouant avec des chiens, ont été retrouvées. Des œuvres d'art telles que la Statue de l'enfant au chien datant du Ier siècle de notre ère, exposée au Musée de la Romanité de Nîmes, ou encore L'épitaphe d'Hélèna, une pierre tombale ornée d'une statue de petit chien datant de 150-200 p. C., témoignent de cette relation spéciale entre l'homme et son fidèle compagnon.
Les artistes de l'époque ont également exprimé leur amour pour les chiens à travers leurs œuvres et certains ont même rédigé des guides pour choisir le nom parfait pour un chien. Dans la mythologie romaine, Pluton, coiffé d'un casque en peau de chien, accueille les âmes vertueuses aux Champs Élysées, tandis que Diane, déesse de la chasse, est souvent représentée accompagnée d'un chien.