Reconnaissance locale et enjeux de préservation
La brasserie Motte-Cordonnier est un symbole de la résilience et de l’identité locale. Elle incarne à la fois l’évolution industrielle de la région et les liens humains qui se sont tissés autour d’elle. Préserver cette mémoire, c’est célébrer l’héritage des ouvriers, des familles et de la communauté qui ont construit cette identité collective. Cette exposition invite les visiteurs à réfléchir à l’importance de ce patrimoine vivant et aux moyens de le transmettre.
Aujourd’hui, la brasserie Motte-Cordonnier a revu le jour sous une autre forme, totalement indépendante du projet de réhabilitation la nouvelle génération de la famille tend à montrer que les brasseries emblématiques du Nord de la France peuvent revenir au goût du jour. Ce n’est pas un cas à part la bière pourrait se présenter comme un patrimoine régional à part entière. Les bières locales se retrouvent consommées d’une nouvelle manière, ce qui produit l’installation de nouvelle petite brasserie partout en France, avec un bassin dans le Nord et l’Est de la France.
Depuis 2010, d’après une enquête de l’INSEE [1]se développe un nouveau public pour la bière sous la forme des micro-brasseries qui se rapprochent du vin, on observe le même genre de consommation, dans des caves à bières. Cela passe par une nouvelle image véhiculée dans les médias qui montre deux types de consommation, une consommation de la bière en tant que produit festif alcoolisé et une consommation par des amateurs de bières qui ont auront plus tendance à se tourner vers des produits primés et de qualité supérieure. Dans ce sens, on peut effectuer un parallèle avec le vin, se développe un produit pour chaque occasion, car chaque bière développe une identité et à un caractère de plus en plus précis qui fait l’objet de campagne de promotion. Le vin est déjà un produit patrimonialisé à certains endroits en France, les visites de vignobles sont par exemple lucratives, car elle dégage un bénéfice dans le secteur du tourisme avec l’explication de l’exploitation et en plus, elle dégage le fruit de la vente du produit. On peut parler par exemple pour le Bordelais connu pour ses châteaux viticoles qu’il y a une construction d’une image régionale de marque.
Le choix stratégique de privilégiés la qualité plutôt que la quantité permet de promouvoir la tradition et d’augmenter les prix. Ainsi, le projet de réhabilitation pourrait promouvoir le territoire armentiérois comme un terroir brassicole et de rentrer la bière légitimement comme mœurs de la population. Le château industriel Motte-Cordonnier peut entrer dans cette démarche de promotion par l’architecture hors norme d’un produit régional, il peut paraître antinomique de traiter de la même façon un château industriel et un château viticole, mais cela prend toute sa valeur dans le cadre d’un produit populaire. La force de la bière est le caractère populaire, il ne divise pas la population en fonction des richesses et il s’adapte au goût de la population. Les estaminets avaient vocation à faire se rencontrer les contres maîtres, ouvriers et le patronat autour d’un même produit, aujourd’hui ce phénomène est toujours perceptible. Le produit a donc les atouts économiques et sociaux pour la réimplantation des productions dans l’espace, le projet de réhabilitation est donc le début du processus de protection du patrimoine vivant brassicole. L’argument économique de la consommation permet d’ancrer au présent la bière française, prendre conscience qu’un produit du quotidien est emblématique d’une société n’est pas chose aisée, c’est pourtant nécessaire pour sa protection.
La réhabilitation est donc la vitrine pour la micro-brasserie Motte-Cordonnier qui brasse à nouveau depuis 2018, ce projet de refonte de la brasserie est un enjeu territorial fort puisqu’il s’agit de la promotion d’un secteur historique en renouveau qui a fait vivre à commune et qui pourrait à nouveau apporter des richesses à Armentières. De plus, cet essor des micro-brasseries permet de soutenir l’emploi local, à travers la promotion d’une petite production traditionnelle qui privilégie la qualité plus que la quantité. Cela se situe en plein cœur des mouvements du "made in France », la brasserie à même présenter un stand au salon du "made in France" à Paris les deux dernières années. Depuis 2010, ce mouvement vers la production local s’inscrit dans les préoccupations écologiques des sociétés contemporaines et en même temps, cela répond au devoir de mémoire envers les savoir-faire qui disparaissent petit à petit du territoire. Dans la conception même de la micro-brasserie Motte-Cordonnier, les savoir-faire des ouvriers sont apparents. Les symboles sont partout afin de recréer l’identité de la brasserie qui avait fait son succès. Par exemple, les étiquettes des bouteilles arborent la fameuse croix des brasseurs et permettent de reconnaître le produit.