C) L'apparence physique

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Frida Khalo, Autoportrait aux cheveux coupés, 1940, huile sur toile, 40 x 27.9 cm, New York, Museum of Modern Art. 

La masculinité et le travestissement

Les représentations de la lesbienne dans la littérature et les arts visuels du XIXe et début du XXe siècle distingue nettement les lesbiennes masculines des lesbiennes féminines. La lesbienne masculine, souvent perçue comme la « vraie lesbienne », est caractérisée par des traits physiques et moraux associés à la virilité, comme des cheveux courts et une silhouette athlétique. Ces caractéristiques sont décrites comme des marques visibles de son orientation sexuelle déviante. Le corps de la lesbienne masculine est souvent associé à une déchéance morale, symbolisant l'inversion des rôles de genre et la transgression des normes sociales. Elle arbore par exemple des cheveux courts et porte des costumes, parfois dans une pratique proche de celle du travestissement comme l'illustre cet Autoportrait aux cheveux bouclés (1940) de Frida Khalo. Ce type de description illustre la façon dont la masculinité, dans le corps de la lesbienne, devient un signe de sa déviance et de son éloignement des normes traditionnelles de la féminité.

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      Romaine Brooks, Autoportrait, 1923, huile sur toile, 117.5 x 68.3 cm, Washington, Smithsonian Americain Art Museum. 

      La métaphore de la maladie 

      A la même époque, les lesbiennes masculines, encore une fois caractérisées de « vraies lesbiennes », sont caractérisées par des traits virils et une dégradation morale. Leur corps est souvent décrit comme maladif, avec des termes tels que « maigre », « pâle » et « dégingandé », symbolisant leur immoralité et la maladie. Sur cet Autoportrait (1923), Romaine Brooks, peintresse anglo-etats-unienne proche des cercles parisiens, se représente ainsi le teint très pâle, presque maladif. Cette pâleur devient une métaphore de la dégénérescence physique associée à des relations jugées « vicieuses ». En revanche, les lesbiennes féminines sont dépeintes comme angéliques, avec une apparence douce et pure. Cependant, au fur et à mesure de leur engagement dans des relations homosexuelles, ces femmes subissent une transformation physique et morale, leur corps se dégradant pour devenir « vicieux ». Le terme « vicieuse » devient un synonyme de lesbienne, l’associant à une déviation tant physique que morale.