B) La terminologie et la dénomination

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Gustav Klimt, Judith II (Salomé), 1909, huile sur toile, 178 x 46 cm, Venise, galerie internationale d'art moderne. 

Les mots du lesbianisme

Le terme « lesbienne » émerge à la fin du XIXe siècle, supplantant d'autres termes comme « saphique » et « tribade » pour désigner les relations sexuelles entre femmes. Cette évolution marque un changement dans la perception de l'homosexualité féminine, de la simple pratique sexuelle à une reconnaissance en tant qu'orientation sentimentale et sexuelle. L’étymologie du mot, liée à l’île de Lesbos et à la poétesse Sappho, témoigne de son origine, tandis que des termes comme « saphisme » et « tribadisme » perdurent. D’autres expressions, comme « amazone », « virago » ou « bas-bleus », sont utilisées pour désigner les lesbiennes, souvent de manière stigmatisante. Des expressions argotiques telles que « gousse » ou « gouine » renforcent la perception négative, associant les lesbiennes à la monstruosité ou la déviance. La femme lesbienne est souvent aussi associée à l'image de la femme fatale, telle que représentée par l'autrichien Gustav Klim avec Judith II (Salomé) (1901). Ces termes et associations illustrent la tension entre peur, désir et dégoût à l’égard de l'homosexualité féminine.

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    Auguste Renoir, Le Déjeuner des canotiers, 1880-1881, huile sur toile, 130 x 173 cm, Washington, Phillips Collection.

    Les prénoms des lesbiennes

    L’analyse des prénoms dans les récits lesbiens de la fin du XIXe et début du XXe siècle révèle des choix symboliques forts. Les prénoms des personnages reflètent souvent des oppositions ou des tensions, comme le prénom Pauline, symbole de la lutte entre Pauline et Paul pour l'amour de Madeleine dans La Femme de Paul (1881) de Guy de Maupassant, nouvelle publiée initialement dans le recueil La Maison Tellier. La version numérique de cette nouvelle plubliée par la Bibliothèque nationale de France en 2020 est illustrée par Le Déjeuner des canotiers (1880-1880) d'Auguste Renoir, de Maupassant immortalisant l'ambiance festive de la Maison Fournaise et du canotage.

    Le prénom Anatole, masculin, peut aussi être attribué à une femme lesbienne, soulignant la tendance à masculiniser l’apparence des lesbiennes. D’autres prénoms, comme Madeleine, font écho à la figure religieuse et pécheresse de Marie-Madeleine, associée à la prostitution, soulignant la stigmatisation des femmes lesbiennes. Le prénom Faustine fait référence à Faust, symbolisant le pacte avec le diable et renforçant l’image des lesbiennes comme figures diaboliques. Des prénoms comme Ida ou Amoesis apportent des couches symboliques de féminité ou de pure émotion. Ces choix ne sont pas anodins ; ils renforcent la condition des lesbiennes, souvent définies par leur orientation sexuelle dans un cadre hostile.