C) Le couple lesbien et ses images

Egon Schiele, Deux Amies, 1915, crayon, aquarelle et gouache, 48 × 32.7 cm, Budapest, musée des Beaux-Arts.
L'euphémisme autour du couple lesbien
L'euphémisme autour du couple lesbien se traduit par une description souvent indirecte ou évocatrice des moments intimes. Dans la littérature, les scènes d'amour lesbiennes sont rarement explicitement décrites, privilégiant des métaphores et des termes flous comme « grisotter » ou « dévorer ». Les relations lesbiennes sont vues comme marginales et incomprises, souvent reléguées à un statut secondaire par rapport aux relations hétérosexuelles. Cette réticence à décrire l'intimité lesbienne peut être attribuée à une norme sociale qui ne parvient pas à concevoir l'amour entre femmes comme une relation égale et légitime, dans un cadre culturel hostile à ces représentations. Bien que représentant clairement une scène d'intimité lesbienne, ce tableau de l'autrichien Egon Schiele est ainsi intitulé Deux Amies (1915).

Bac, illustration pour Joséphin Péladan, « Lucie-Berthe », Femmes honnêtes, Paris, Éditions Monnier et Commanie, 1885.
Les relations charnelles lesbiennes dans les médias
Les auteurs choisissent fréquemment de décrire des scènes de relations charnelles chaque fois que l'interaction entre femmes lesbiennes est évoquée, comme dans les extraits littéraires et iconographiques. Ces scènes sont souvent esthétiques et stratégiques, attirant le lecteur en mettant en avant des images suggestives. Cependant, elles ne contribuent pas toujours à développer l'histoire ou la relation entre les personnages. Parfois, l'image remplace un manque de vocabulaire pour décrire les scènes d'amour lesbiennes. Malgré un engouement pour ces représentations, les illustrations de couples lesbiennes restent plus chastes et pudibondes que celles des couples hétérosexuels. Par exemple, dans une photographie des années 1930, bien que les femmes soient nues, l'image ne montre aucun geste tendre, ce qui souligne le paradoxe de la présence lesbienne dans les médias : elles sont principalement utilisées pour exposer le corps féminin, souvent pour satisfaire un regard masculin, plus que pour illustrer l'amour lesbien lui-même.
Encore aujourd'hui, la lesbienne est réduite à un objet du fantasme masculin. En témoigne notamment le développement massif des magazines de charme masculins à partir des années 1950 avec en file de ligne Playboy, jusqu'à la pornographie numérique avec l'avènement internet.