Diables, démons et esprits maléfiques

Inconnu, Masque de China Supay (compagne de Lucifer).
Masque de plâtre polychrome, début du XXe siècle, Oruro, Bolivie, © musée du quai Branly, photo Sandrine Expilly

Inconnu, Costume de China Supay, Bolivie, 2008.
Masque de China Supay, 2008, Plâtre, peinture acrylique, textile synthétique, broderie, Musée du Quai Branly, ancienne collection Fraternidad artistica y cultural La Diablada de Oruro.
La figure du diable, du démon ou encore de l'esprit maléfique nous fait basculer dans le monde sous-terrain, dans l'inconnu. Le diable évoque la dualité du Bien et du Mal ; ses interprétations et ses ambivalences inspirent une grande diversité visuelle dans la confection des costumes. Cette figure se retrouve partout dans le monde et montre une grande permanence dans le temps, encore revisitée et réinterprétée de nos jours.
China Supay, la compagne de Lucifer
En Bolivie, le personnage de China Supay, dont un masque est exposé ici, incarne la compagne de Lucifer. Le terme aymara China désigne l'épouse de Supay, la divinité du monde souterrain. Ce personnage représentait à l'origine la luxure et la provocation sexuelle. Au début du 20e siècle, China Supay était l'une des figures principales de la danse de la Diablada, danse rituelle et célébration complexe qui intègre des éléments du folklore autochtone, de la religion catholique et d'influences espagnoles, à l'origine incarnée uniquement par des hommes. Au fil du temps, la représentation de China Supay a évolué, passant d'une figure jouée exclusivement par des hommes à une incarnation féminine (aujourd'hui, ce sont des troupes de femmes qui performent cette danse) marquant ainsi une adaptation culturelle continue au sein du Carnaval bolivien d'Oruro.
Les cornes surmontant le front du masque renvoient à son appartenance au diable tandis que les salamandres et vipères arpentant le visage du masquepeuvent symboliser les créatures de l’outre-monde. Un costume représentant le personnage China Supay conservé au Musée du Quai Branly est caractérisé par de larges épaulettes, des franges de couleurs vives et des personnages dansant sur un lit de flammes, symbole des enfers.
Les Carocho espagnols
Au Carnaval de Rio Frio de Aliste, en Espagne, les “Carocho” sont des démons, esprits espiègles au comportement débridé mettent en avant de manière humoristique la fin de l'hiver, le passage des jeunes à l'âge adulte et la fertilité des champs en dispersant des cendres sur la foule. Certains rituels comprennent la représentation simulée de la mort du "carocho ciego".
Les zombi Baréyo de Cayenne
Dans les récits créoles, les Zombis Baréyo sont des esprits maléfiques de la forêt tropicale. Lors du carnaval de Cayenne en Guyane française, ces entités défilent en groupes munis d'une corde, capturant les spectateurs tout en sifflant et en exécutant des danses en cercle.
Les esprits issus du monde de la mort évoquent plus largement la perte de la vie humaine. Tous les ans, au Carnaval de Cayenne, une effigie du Carnaval est confectionnée puis brûlée à la fin des célébrations. Cette mise à mort symbolise la fin d'un cycle, soit celui de l'hiver et des excès du Carnaval.