Usages et importance cérémonielle des masques

Les trois ensembles de masques produits par les Baoulés, s'ils diffèrent par leur apparence et leur statut, se rejoignent dans le cadre de leur utilisation. Ces masques de danse sont créés dans le but d’apparaître lors de cérémonies, religieuses ou profanes.

Les masques bo nun amuin

Les masques sacrés bo nun amuin, signifiant les “dieux de la brousse”, représentent des têtes d’animaux imaginaires. Ils sont réservés aux hommes adultes. Lors de la sortie des masques, les femmes et les enfants doivent rester chez eux voire quitter le village. Les bo nun amuin constituent l’autorité politique la plus importante du village et ont un pouvoir de régulation et de protection. Ainsi, ces masques ont pour rôle de conjurer les esprits maléfiques, les mauvais sorts, dissiper les menaces, les maladies, etc. Ils apparaissent également lors de funérailles d’anciens danseurs et hommes importants. Ces masques, aux mâchoires ouvertes et aux dents proéminentes, sont craints par les habitants du village. Les cérémonies lors desquelles ils apparaissent constituent des spectacles inquiétants, comportant des violences et des actes de magie. Les masques sont les emblèmes de puissances surnaturelles ambivalentes : redoutables et dangereuses, elles deviennent bénéfiques si elles sont honorées par des sacrifices et des danses. Ainsi, la sortie d’un masque sacré est précédée d’offrandes et de sacrifice d’animaux. Les bo nun amuin sont conservés dans un sanctuaire de la brousse, à l’extérieur du village.

Les masques du goli

La cérémonie du goli se tient à l’occasion de funérailles importantes mais peut être également dansée comme divertissement. Les masques sont au nombre de huit. Lors d’une sortie complète des huit masques, ce qui est rarement le cas, quatre paires de masques font leur apparition, dans un ordre établi, accompagnés de musique et de chants : les masques-disques kple kplé, les masques-heaumes zoomorphes goli glin, les masques faciaux kpwan kplé, et enfin les masques faciaux kpwan. Pour chaque paire, les masques sont presque identiques, ils se différencient par leur aspect féminin ou masculin. Le masque zoomorphe goli glin est le masque principal du culte : il représente une créature mythique combinant les traits d’une antilope, d’un crocodile et d’un buffle.

La cérémonie du goli représente la hiérarchisation de la société baoulée et exprime les grandes oppositions qui la composent, entre le village et la brousse, ainsi qu’entre le masculin et le féminin. Le goli reflète la conception qu’ont les Baoulés du monde, expliquant probablement sa forte popularité. Les masques du goli ont un statut ambivalent : s’ils sont associés à un culte et apparaissent lors de cérémonies sacrées, ils sont également exhibés lors de danses de divertissement, et sont accessibles à toute la population du village. Ils correspondent ainsi à des masques ayant une importance sacrée, mais pouvant être associés à des cérémonies profanes.

Reportage de La Nouvelle Chaîne Ivoirienne sur la danse du goli, 2020

Les masques de divertissement

Les masques de divertissement baoulés interviennent lors des fêtes diurnes, ouvertes à tout le village. Lors de ces fêtes, appelées “danses de femmes”, les masques peuvent être vus et touchés par les femmes, bien qu’ils soient exclusivement portés par des hommes. Les femmes participent ainsi aux chants et danses, aucun interdit n’accompagne ces masques. Ces cérémonies n'ont pas de rôle religieux, même si elles peuvent avoir lieu lors de funérailles de femmes importantes. Les danses de divertissement adviennent lors des jours voués au repos, de la nouvelle année, la fête nationale, etc. Ainsi, ces masques de danse n'ont pas de dimension sacrée ou religieuse, leur unique fonction est de divertir. Ils peuvent figurer de vrais animaux ainsi que des visages humains.