Les masques ciwara, icônes africaines

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Masque cimier zoomorphe, Ciwara kun, Mali (région Mopti), avant 1908, bois, 78,5 x 29,5 x 9 cm, n°71.1908.7.2, Musée du quai Branly - Jacques Chirac

Les ciwara ou ciwaraw sont des masques cimiers zoomorphes, « ciwarakun » signifiant « tête de bête sauvage » et sont associés au culte du même nom. Ce genre de masques a très tôt fasciné les collectionneurs et les amateurs d’art Européens ainsi que les artistes modernes, tel que Fernand Léger, qui s’en sont inspirés pour leur art. Ces masques cimiers ont pour la plupart été collectés en Afrique par les anthropologues, explorateurs et missionnaires dès la fin du XIXe, période durant laquelle ils étaient aussi dénommés masques « bamana ».

Représentatifs de l’Afrique de l’Ouest, les ciwaraw sont encore produits aujourd’hui. Mais l’islamisation et les bouleversements politiques et sociaux de cette zone du continent, et notamment du Mali, ont tout de même entraînés un déclin progressif du culte Ciwara, causant ainsi la disparition des masques cimiers. On distingue clairement différents styles issus des diverses cultures du Mali et du nord de la Côte d’Ivoire, avec néanmoins un constat : les ciwara les plus répandus sont les cimiers-antilopes. Le musée du quai Branly a fait le choix significatif de dédier sa première exposition temporaire aux masques ciwara en 2006, les présentant comme « emblématiques de l’art de l’Afrique de l’Ouest » et « particulièrement représentatifs du goût des collectionneurs d’art « primitif » du XXe siècle».

Caractéristiques principales

Les masques ciwara se caractérisent par un jeu très complexe de formes raffinées, par la pureté de leurs lignes, la fantaisie des courbes et une stylisation plus ou moins poussée. Pour certains, le cimier est sculpté d’un animal clairement identifié, mais d'autres illustrent plutôt une fusion de deux ou trois animaux. Le bestiaire des ciwara est très varié : antilope, fourmilier, pangolin, caméléon par exemple, et permet une grande diversité de formes d’êtres hybrides.

Le jeu de combinaisons est saisissant, suivant une facture plus ou moins réaliste tout en répondant à une iconographie traditionnelle. Par une démarche de simplification des formes, le sculpteur des masques ciwara répond en effet à un souci de synthèse, afin de ne pas représenter l’animal en lui-même mais l’esprit-animal. C’est ainsi que ce type de masque peut être rapproché de l’idée de chimères, ces êtres composites et extraordinaires, faisant souvent penser à la mythologie grecque, célébrés ou abhorrés par les rites et les religions.