A - Le musée, le nombre d’œuvre à protéger et leur diversité

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Carte postale Exposition Universelle de 1937.

Depuis le début des années 1930, le château de Versailles est devenu une destination touristique et un lieu d’intérêt international, attirant des visiteurs du monde entier. En effet, le million de visiteurs est atteint lors de l’exposition Universelle ayant eu lieu à Paris du 25 mai au 25 novembre 1937.

Mais avec la montée des tensions en Europe, une question cruciale se pose : comment protéger un domaine d’une telle envergure et mettre à l’abri ses innombrables chefs-d’œuvre ? Face à cette problématique inédite, un vaste programme de défense passive est élaboré, cherchant à concilier la préservation du patrimoine avec les impératifs de sécurité dans un contexte de guerre imminente.

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Portrait de Louis XVI en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud, 1700, Musée du Louvre.

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Secrétaire à cylindre du cabinet intérieur du roi Louis XV à Versailles

Le château de Versailles est riche d’environ 90 000 œuvres couvrant de très larges domaines : sculptures et peintures de divers formats, pour certaines monumentales, objets d’art, mobilier… Elles sont héritées de la double vocation du lieu : habitat des souverains successifs depuis Louis XIV et musée « dédié à toutes les gloires françaises » retraçant l’histoire de la France depuis Clovis, selon le vœu de Louis-Philippe à son inauguration en 1837.

Cette collection impressionnante recèle de chefs-d’œuvre exceptionnels comme le Secrétaire à cylindre de Louis XV, plus connu sous le nom de bureau du Roi, véritable prouesse technique. Transféré en 1870 au musée du Louvre, il ne revient à Versailles qu'après la guerre en 1957. Mais il y a aussi le grand Portrait de Louis XIV en costume de sacre peint par Hyacinthe Rigaud que le roi fit accrocher à Versailles. Entrée sous Louis-Philippe et placée dans le salon des Pendules, la Table des Chasses (1736) impressionne également par son plateau de stuc accompagnée du plan de Compiègne. Commandée par Louis XV, elle fait partie d'un ensemble de cinq tables remarquables livrées de 1730 à 1757 pour supporter les plans des principales forêts où il chassait : Marly, Versailles, Fontainebleau, Saint-Germain et Compiègne.

Chaque objet reflète le faste et la vie des souverains français ainsi que l’histoire de leur pays. Il s’agit d’autant de pièces uniques et précieuses qu’il faut alors absolument sauver du caractère impitoyable de la guerre et de la revanche allemande. D’autant que depuis le 28 juin 1919, un objet jusque-là sans prétention est devenu une cible de choix. Le bureau de la signature du traité de Versailles, médiatisé et représenté sur de nombreuses cartes postales, est reconnu comme un acteur central de l’humiliation allemande. A un titre, tout spécial, il doit être l’objet des plus grands soins et de discrétion.

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Carte postale représentant la table ayant servi à la signature du traité de la paix, 28 juin 1919.