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VMPA Groupe 3

La nature et l'homme

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Forêt de chênes, cliché S. Falcon. 

Selon le paléoanthropologue Pascal Picq, «l’humain ne descend pas du singe, il descend de l’arbre». En effet, la forêt est un élément essentiel du développement de l’homme et participe à sa survie : c’est l’un de ses abris, un garde-manger et un lieu d’extraction de matières premières pour la construction de son habitat, de ses outils et de ses armes. La sédentarisation entraine une première phase de déforestation au profit de champs pour la culture des céréales. Au Néolithique, les sites du Valladas, des Moulins à Saint-Paul et le site des Malalônes à Pierrelatte en témoignent. Sur ce dernier site, afin de conserver au mieux les récoltes, les céréales sont torréfiées sur des foyers de pierres chauffées.

Durant la Protohistoire, les Tricastini font de la forêt un territoire sacré et un conservatoire de la «Nature» qu’ils mettent au rang de divinité. L’exploitation des sols pour l’agriculture s’intensifie. Grâce à la création d’outils en fer comme la faux, les pratiques agraires permettent un rendement exponentiel : accroissement des cheptels, augmentation de la production de céréales diverses avec l’adoption du semis et de l’utilisation de la traction animale. Autre innovation : la meule rotative permet d’obtenir de la farine 15 fois plus vite que la meule manuelle selon l’archéologie expérimentale. Les exploitations agricoles s’installent au cœur de la vallée du Rhône pour bénéficier des terres fertiles. Le village gaulois de la Motte-du-Rhône (dir. Y. Billaud), est entouré d’un fossé et d’une palissade. De grands greniers sont construits pour conserver les récoltes.

L’organisation de la société gauloise est en lien avec les éléments naturels ; Par exemple, le calendrier de Coligny (Ain), daté de la fin du IIe siècle av. JC., instaure le rythme des cérémonies, la consultation des oracles et la cadence des récoltes des plantes sacrées.

L’arrivée des romains dans la région au 2e siècle av. JC va bouleverser le paysage. Une vaste opération d’aménagement du territoire entraine des modifications du paysage Tricastin. Sous l’empereur Vespasien, des terres cultes ou incultes sont rendues aux Tricastini : le cadastre antique de 77 ap. JC découvert à Orange en témoigne.

Les villages perchés sont abandonnés au profit de villes structurées (urbs) comme Augusta Tricastinorum fondée à la fin du Ier siècle av. JC et dans la campagne des villae sont construites afin de produire les denrées agricoles : les plus beaux exemples sont l’exceptionnelle villa viticole du Mollard à Donzère et l’immense villa du palais à Châteauneuf-du-Rhône entourée de dizaines d’hectares de vergers. Le Tricastin devient le grenier de Rome.

Le paysage reflète l’organisation sociale et politique d’une époque et il est donc en constante évolution. Il se transforme radicalement à partir du XIe siècle avec l’émergence des seigneuries dans le système féodal : le château-fort assoit la position dominante du seigneur, les paysans qui cultivent les terres et élève le bétail, le réseau viaire qui serpente des villages et jusqu’aux villes en passant par les édifices chrétiens comme les églises, monastères ou abbayes et en traversant des cours d’eau, des taillis et des forêts. C’est l’époque des grands défrichements et l’abattage de forêts pour la construction. A Saint-Paul-Trois-Châteaux, l’évêque est seigneur et comte de la cité ; il gère autant le matériel que le spirituel sur le territoire du diocèse Tricastin qui s’étend du Rhône jusqu’à Nyons et de Montélimar jusqu’à Orange.