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VMPA Groupe 3

La nécropole du Valladas

La nécropole du Valladas à Saint-Paul-Trois-Châteaux est un bon exemple (1982-85, dir. V. Bel et Cl.-A. Sabatier). Elle se situe à l’angle sud-ouest de la ville antique d’Augusta Tricastinorum, le long d’un decumanus (voie est-ouest).

Un segment de voie de circulation de direction est-ouest a été dégagé sur 58m de long. De part et d’autre, plus de 240 tombes majoritairement à incinération ont été fouillées.

La voie, large de 6 m, est flanquée de deux fossés. Au nord de cet axe de circulation donnant accès à la ville antique, des enclos funéraires bâtis isolent certaines sépultures : S’agit-il d’un regroupement familial ou de groupes d’individus d’un statut social particulier ? A proximité de l’angle sud-ouest de l’enceinte urbaine, un mausolée de près de 18 m de diamètre marque le paysage.

Au-delà du cérémoniel, deux mondes complémentaires coexistent dans la nécropole : la sépulture, intimité du défunt et le monument funéraire, plus rare, message social à destination des vivants.

La qualité des offrandes, déposées sur le bûcher (offrandes primaires) ou à côté des restes du défunt (offrandes secondaires), aide à le restituer dans son tissu social. Un nombre important de tombes du Valladas a livré de la vaisselle en verre et en céramique fine, ainsi que des balsamaires (fioles à parfum), et des objets du quotidien : accessoires de toilette, parures, stylets, jeux… Les décors de lit d’apparat en os brûlés et les lots de balsamaires fondus évoquent le faste de certains bûchers (ustrinum). De nombreuses offrandes alimentaires sont également identifiées. L’analyse de ce matériel permet d’appréhender les étapes des rituels et la symbolique de chaque objet confronté à la croyance d’une vie après la mort, le passage de l’individu dans l’au-delà.

Par exemple, la présence de pièce de monnaie est héritée du rite grec dit de «l’obole à Charon» : le défunt pourra ainsi s’acquitter du prix du passage du Styx afin de gagner les Enfers.

D’autre part, l’omniprésence dans les tombes des luminaires, tel que la lampe à huile, préfigure le besoin d’éclairer le mort dans la pénombre des ténèbres. La lumière artificielle est le lien par excellence entre le monde des morts et des vivants : Les vivants reviennent cycliquement dans la nécropole pour honorer la mémoire des défunts : des libations et des repas funéraires sont faits sur les tombes… La nécropole reprend vie.