Le musée de Būlāq, un environnement très dangereux

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Le musée de Būlāq fait face à de nombreux dangers pour les collections. Le quartier d’abord, n’est pas propice à assurer la sureté des œuvres. Les rapports des directeurs affirment que les alentours ne sont pas des plus sûrs car des vols sont attestés. [211]. Un risque d’incendie est envisageable car des entrepôts hautement inflammables remplis « d’alcool, de blé et de paille » [212]. entourent le musée. Édouard Mariette écrit : Il ne se passait guère de semaine où l’on ne trouvât dans la cour, dans une salle peu fréquentée du musée, ou même dans la maison, quelque reptile endormi au soleil ou quelque arachnide venimeux arrêtée sur la dalle fraîche d’un vestibule. [213]. Cette citation montre que les lieux sont également victimes d’infestations multiples. Les insectes peuvent attaquer les matières organiques tel que le cuir, le papyrus ou le bois. En outre, le plus grand risque encouru par le musée est la bordure directe avec le Nil. Celui-ci rend d’une part, les salles humides avec le risque de provoquer sur le long terme la moisissure du bois et du cuir, la corrosion des métaux et alliages, la déformation du bois et des textiles ou encore l’apparition de taches blanches sur le verre. D’autre part, le musée est « menacé à chaque crue » [214]. en 1866, 1869, 1870, 1874 et 1876 [215]. et en 1878 le musée est ravagé par une inondation. Un plan d’évacuation rapide des œuvres est probablement établi en amont de celle- ci permettant de sauver les œuvres comme l’assure Mariette : L’eau est entrée avec violence dans nos galeries. On a eu le temps de déplacer et de mettre en sûreté nos principaux monuments ; mais les armoires, les vitrines, plongées pendant deux mois dans l’eau, n’en sont sorties qu’à peu près perdues. En outre, quelques murs sont crevassés, des poutres du plafond sont tombées. De tout cela, il résulte que le Musée est fermé, que les galeries sont vides, et que nos collections attendent dans des caisses, où nous les avons soigneusement enfermées, le jour où nous pourrons leur trouver un abri que le musée actuel leur refuse. [216]. Le bâtiment et la maison de Mariette sont inutilisables. Lors de la reconstruction de 1879, le sol est surélevé et protégé par un grand quai en pierre afin de prévenir le risque au futur. [217].

211. Brouillon du rapport de Mariette après le vol d’une caisse de scarabée pendant les travaux de 1879-1880, B.N.F., ms. N.A.F. 20177, fos 272-275, cité par Lebée Thomas, 2013, op. cit., p. 14.

212. Grébaut Eugène, « Le transfert du Musée de Boulaq à Guizeh », Bulletin de l’institut égyptien, (3e série) 1, 1890, (1891), p. 45.

213. Cité par David Élisabeth, Mariette Pacha. 1881-1881, Paris, 1994, p. 119. 214 Grébaut Eugène, 1890, op., cit. p. 45.

214. Grébaut Eugène, 1890, op., cit. p. 45.

215. David Élisabeth, 1994, op. cit., p. 249.

216. Mariette cité par David Élisabeth, 1994, op. cit., pp. 249-252.

217. Ibid., p. 258.