Le musée de Giza, une prise de conscience des risques encourus par les collections
Au musée de Giza, les directeurs du musée font face à d’autres types de risques qu’à Būlāq car une fois encore le lieu est complètement inadapté à la conservation des œuvres. Lorsque Jacques de Morgan réalise des travaux pour ouvrir de nouvelles salles, il constate que l’édifice n’est pas correctement bâti : Les murs extérieurs étaient, il est vrai, construits en pierre, mais ceux de l’intérieur ne se composaient que de charpentes, de lattes et de plâtres. Dans tout le fond du palais, on s’était trompé d’un mètre dans la hauteur des pièces. Qu’à cela ne tienne, on avait établi un second plancher de plain-pied, et rempli l’intervalle entre les deux parquets de solives, de copeaux, de débris de bois. En sorte qu’il eût suffi d’une allumette pour détruire, en moins d’une, toutes les précieuses collections confiées à ma garde. [218]. Aussi, un risque catastrophique d’incendie menace constamment le musée et le directeur affolé réclame le déménagement des collections. En attendant, il renforce les dispositifs pour protéger les collections en cas d’incendie : augmentation par trois des pompes et conduits d’eau et disposition dans toutes les salles d’extincteurs et de grenades anti-incendie. [219]. En dehors de ce risque aux effets immédiats, l’aération et l’entrée de la lumière causent des problèmes progressifs mais irréversibles. Les nombreuses fenêtres engendrent une exposition trop importante des œuvres aux rayons UV [220]. et peuvent provoquer une décoloration des bois polychromés, la détérioration et la décoloration des textiles et des pigments, le dessèchement du cuir, le jaunissement des papyrus et du verre. La disposition des baies empêche la création de courants d’air permettant le renouvellement de l’air et de réguler la température, ce qui provoque une chaleur importante dans les salles. [221]. Il est possible que celle-ci entraîne une déformation des cuirs, un effritement des céramiques ou encore la fragilisation des textiles. En considérant les recommandations imposées par le programme du concours du musée suivant, il est admissible que l’administration du musée ait identifié tous ces éléments dangereux durant la vie du musée.
218. De Morgan Jacques et Jean Perrot, Mémoires de Jacques de Morgan, 1857-1924 : souvenirs d’un archéologue, Paris, l’Harmattan, 1997, pp. 381-382. ↩
219. De Morgan Jacques et Jean Perrot, 1997, op. cit., p. 382. ↩
220. Morlier Hélène, 2017, op. cit., p. 29. ↩
221. Ibid., p. 29. ↩