Icône visuelle : le cinéma
Le XXᵉ et le XXIᵉ siècles l’ont inscrite dans l’imaginaire populaire grâce au cinéma. L’adaptation de La Reine Margot devient un passage incontournable pour porter le mythe sur grand écran, chaque version influençant la perception du public.
Dès les débuts du cinéma, Marguerite de Valois apparaît à l’écran. En 1910, Camille de Morlhon réalise un court-métrage muet inspiré du roman de Dumas. Cette première transposition cinématographique témoigne de la fascination continue pour le personnage.
En 1954, La Reine Margot de Jean Dréville, avec Jeanne Moreau, propose une version élégante et dramatique du personnage. Ce film, fidèle à l’esprit du roman, présente une Marguerite à la fois digne et passionnée, accentuant son rôle de victime d’un mariage politique et de témoin impuissante des intrigues de cour.
Mais c’est surtout le film de Patrice Chéreau (1994), avec Isabelle Adjani dans le rôle-titre, qui frappe les esprits. Ce film, esthétisant et violent, joue à la fois sur la sensualité et la cruauté du contexte historique, accentuant l’idée d’une cour pervertie et d’une Marguerite survivant dans un monde impitoyable.
Adjani incarne une reine plus désabusée et lucide, prise dans une cour où règnent cruauté et trahisons. Contrairement à la version de Dumas, où elle apparaît plus romantique, le film accentue son intelligence et son instinct de survie dans un monde dominé par les hommes.
La mise en scène de Chéreau, inspirée du cinéma d’auteur, insiste sur la décadence de la cour et la brutalité des guerres de Religion.
Marguerite devient un témoin impuissant d’un monde qui s’effondre, ce qui renforce son image tragique.
Ce film a marqué une génération et reste l’une des références les plus fortes dans l’imaginaire collectif. Il a contribué à fixer définitivement l’image d’une Marguerite sombre, sensuelle et résistante face à l’adversité.