De l'éloignement du couple à l'exil

Après l’échec du complot des Malcontents en 1574, la relation entre Marguerite de Valois et Henri de Navarre devient de plus en plus tendue. Déjà fragilisée par des différences politiques et religieuses, leur union se détériore à mesure que les intrigues se multiplient et que la confiance s’effrite.

À la cour de Nérac, où Marguerite rejoint son mari en 1578 après plusieurs années de séparation, la cohabitation est difficile. Henri multiplie les aventures extraconjugales. Marguerite, elle-même entourée de courtisans et d’amants supposés, subit de plein fouet les tensions et humiliations.

En 1582, excédée par le mépris de son mari et par son absence de véritable rôle politique en Navarre, Marguerite retourne à la cour de France auprès de son frère Henri III. Ce départ, loin d’être une séparation temporaire, marque un point de non-retour dans leur relation. Henri III, lui-même en conflit avec Henri de Navarre, soutient sa sœur, tandis que Marguerite se rapproche des ligueurs catholiques, opposés à son mari.

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La ville et château d'Usson, Guillaume Revel, 1450-1460, Registre d'armes, dit Armorial Revel , conservé par la Bibliothèque nationale de France

En 1584, la situation d’Henri de Navarre change radicalement : avec la mort de François d’Anjou, il devient l’héritier légitime du trône de France. Dès lors, Marguerite devient un poids politique encombrant pour lui. Soupçonnée de conspirer avec la Ligue catholique contre son époux, elle se retrouve dans une position intenable. En 1586, après une tentative de coup de force à Agen, où elle tente de prendre le contrôle de la ville avec des forces catholiques, elle est contrainte de fuir.

Henri de Navarre, fatigué des intrigues de son épouse et soucieux de préserver son ascension politique, décide de l’écarter définitivement. Marguerite est arrêtée sur ordre de son frère Henri III et l’assigne à résidence au château d'Usson, en Auvergne. Marguerite reste en exil à Usson pendant près de vingt ans.