Marguerite et ses Mémoires
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Mémoire de Marguerite de Valois, 1858, Société de l'histoire du protestantisme français, Paris, conservé numériquement à la BnF
Marguerite de Valois, souvent surnommée la « Reine Margot », a entrepris, au château d'Usson, la rédaction de ses mémoires dès 1594. Cette période d'éloignement de la cour lui a offert le temps et la distance nécessaires pour réfléchir à sa vie et aux événements marquants de son époque.
Elle dédie ses écrits à Pierre de Bourdeille, plus connu sous le nom de Brantôme, un chroniqueur réputé de la Renaissance.
Ses Mémoires, publiés en 1628, soit seulement treize ans après sa mort, offrent un témoignage précieux sur la cour de Catherine de Médicis et les guerres de religion qui ont marqué la France au XVIᵉ siècle.
À leur parution, ils suscitent un vif enthousiasme, tant pour la richesse des faits historiques relatés que pour le style vif et engageant de l'auteure.
Son écriture mêle habilement observations amusées et accents tragiques, créant une conversation naturelle avec le lecteur, un ton particulièrement apprécié à l'époque.
Le succès des Mémoires est tel qu'ils sont rapidement traduits en anglais et en italien. En 1678, ils figurent encore parmi les lectures populaires, inspirant de nombreux auteurs dans la rédaction de leurs propres mémoires. Au début du XVIIIᵉ siècle, l'œuvre compte déjà une trentaine de rééditions, y compris des contrefaçons produites pour répondre à la forte demande. Les grandes collections de mémoires de la première moitié du XIXᵉ siècle intègrent également cet ouvrage incontournable.
Malheureusement, le manuscrit original des Mémoires est perdu, et la copie la plus fiable présente des lacunes, suggérant que certaines parties ont été détruites ou égarées. La rédaction s'interrompt en 1582, laissant penser que Marguerite n'a pas achevé son récit. Comme de nombreux mémorialistes, elle a peut-être commencé cette entreprise pour se justifier ou offrir sa version des faits face à d'autres récits divergents. Cependant, avec le temps, la réflexion sur son passé a pu évoluer, atténuant le besoin initial de justification et ouvrant la voie à une réconciliation avec son histoire personnelle.
L'œuvre de Marguerite de Valois s'inscrit dans une tradition où l'écriture permet aux femmes de s'exprimer et de revendiquer leur place dans l’histoire. Au-delà de son rôle de mémorialiste, elle se distingue par un véritable talent littéraire, nourri dès son plus jeune âge par son esprit vif et sa grande culture.
Ses Mémoires ne sont qu'une facette de son activité intellectuelle : elle excelle aussi dans la poésie et la correspondance, révélant une plume élégante et une pensée affûtée. À travers ses écrits, elle affirme son intelligence et son indépendance, contribuant ainsi à la richesse du patrimoine littéraire et historique français.