Mariage avec Henri de Navarre

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Henri et Marguerite, roi et reine de Navarre, anonyme, 1572, miniature, enluminure pour livre d'heure, conservé à la Bibliothèque nationale de France

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Carte du Royaume de Navarre, Petrus H. Delatour, 1703, Bibliothèque nationale de France, département cartes et plans

Attention cette carte est anachronique à la période dont nous parlons. 

Bien avant l’édit de Nantes, Henri IV n’est encore que roi de Navarre, un souverain d’un petit royaume, éloigné du trône de France.

Son mariage avec Marguerite de Valois, bien plus qu’une simple union princière, est un moyen pour lui de se rapprocher de la couronne de France et de renforcer ses positions dans un royaume traversé par les guerres de religion.

Cette alliance politique est un enjeu crucial, tant pour les dynasties concernées que pour l'équilibre des puissances européennes de l’époque.

Les négociations pour le mariage de Marguerite de Valois et Henri de Navarre sont particulièrement difficiles, d’autant que les conflits religieux et politiques sont toujours vifs. La reine mère, Catherine de Médicis, espère que son futur gendre se convertira au catholicisme, tandis que la reine de Navarre exige que Marguerite devienne protestante.

Marguerite, quant à elle, reste inflexible et déclare même qu’elle ne changera pas de religion, fût-ce pour le plus grand prince de la terre. Cette situation complique encore les discussions, d’autant que le pape, fermement opposé à cette union, propose une autre alliance pour Marguerite et offre même de l’argent à la Couronne pour l’empêcher

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Jeanne d'Albret vient acheter les gants qui l'ont empoisonnée, Pierre-Charles Comte, huile sur toile, 1852.

Finalement, le traité de mariage est signé le 4 avril, mais les tensions demeurent. Charles IX demande aux prélats de créer un mariage inédit, qui puisse satisfaire aussi bien les catholiques que les huguenots.

Les tensions politiques et religieuses illustrent la complexité des négociations et la difficulté d’unir ces deux familles sous une même bannière.

C’est dans cette atmosphère tendue que survient, en juin 1572, la mort de Jeanne d’Albret, mère d’Henri. On attribue d'ailleurs sa mort à Catherine de Médicis, qui aurait orchestré son empoisonnement.

La Cour, de retour à Paris, se prépare pour le mariage de Marguerite et Henri. Ce dernier, désormais roi de Navarre, arrive en deuil de sa mère, accompagné de huit cents gentilshommes vêtus de noir, créant un choc dans une capitale majoritairement catholique. La noblesse huguenote, venue en masse et en armes, se regroupe au Louvre et dans les quartiers voisins, alimentant des rumeurs alarmantes qui se propagent parmi les deux communautés.

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Le mariage d'Henri de Bourbon, roi de Navarre, avec Marguerite de Valois en présence de Catherine de Médicis et Charles IX en 1572, Edmond Lechevallier Chevignard, huile sur toile, 1862.

Les fiançailles de Marguerite et Henri sont célébrées le 17 août, suivies de la signature du contrat de mariage. En dot, Marguerite reçoit 810 000 livres tournois de son frère Charles IX, ainsi que des contributions supplémentaires de sa mère et de ses deux autres frères. Henri, de son côté, offre à sa future femme plusieurs châtellenies de Picardie, dont celle de La Fère.

Le 18 août, le mariage a lieu avec une cérémonie grandiose. Le cortège se rend lentement de l'évêché à Notre-Dame, passant sur des échafaudages qui permettent à la foule de voir les festivités. Marguerite est vêtue d’une robe royale, couronnée, et entourée de princes en habits somptueux. 

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Mariage de Marguerite de Valois avec Henri de Navarre, Hermann Vogel, 1907.

Après que Marguerite et Henri se soient échangés leurs consentements lors de la cérémonie de mariage, un rituel exceptionnel se produit en raison des tensions religieuses de l’époque.

En effet, Henri de Navarre, en tant que protestant, se retire avec ses compagnons réformés pour éviter la messe catholique, tandis que le duc d'Anjou, frère de Charles IX, prend sa place pour accomplir les rites religieux dans l’église.

Ce geste visait à respecter les convictions religieuses des deux époux tout en permettant le déroulement de la cérémonie selon les traditions catholiques. Une fois la messe terminée, Henri revient à côté de Marguerite, et le cortège reprend la direction de l'évêché pour clôturer l’événement.

Les jours suivants sont marqués par des banquets, des tournois et des festivités de toutes sortes, donnant l’illusion d'une paix retrouvée pour la nation. Cependant, ces noces, censées symboliser l’unité, annoncent en réalité le début de l’un des épisodes les plus sanglants de l’histoire de France.