La presse de la Résistance sort de la clandestinité

La presse collaboratrice cesse de paraître le 18 août. Sous la houlette de la Fédération nationale de la presse clandestine et de Jean Guignebert, le secrétaire général à l'information, a été opérée la répartition des locaux, du matériel et des stocks de papier dont disposait la presse collaboratrice. Guignebert avance un million de francs à chacun des titres résistants.

Ce Soir, Le Front national (Jacques Debû-Bridel) et Libération (Emmanuel d'Astier de la Vigerie) se partagent l'immeuble de Paris-Soir, rue du Louvre. Combat (Pascal Pia, Albert Camus), Franc-Tireur (Albert Bayet) et Défense de la France (Philippe Viannay, Robert Salmon et Jean-Daniel Jugensen) celui de l'Instransigeant, rue Réaumur. Le Populaire (Daniel Mayer) et Libération-Soir (Jean Texcier) s'installent dans celui du Matin à l'angle du boulevard Poissonnière et et la rue du Faubourg Poissonière. L'Humanité prend ses quariters rue d'Enghien dans les locaux du Petit-Parisien, locaux qu'il partage avec Le Parisien libéré (Claude Bellanger). Le Figaro, qui avait continué à paraître, replié à Lyon après l'armistice, avant d'arrêter sa parution en 1942, retrouve ses locaux d'avant guerre, sous la direction de Louis-Gabriel Robindt et de Pierre Brisson.

Sous la protection des FFI, les équipes travaillent toute la nuit du 20 au 21 août et le 21 au matin paraissent au grand jour ces journaux de la résistance.

Le 21 août, l'Humanité fait le bilan de l'insurrection et affirme son rejet de la trêve. Le journal appelle les Parisiens à continuer le combat au moyen de la guerilla qui doit empêcher la concentration des forces allemandes. Dans ce numéro est également publié l'appel des élus communistes de la région parisiennes à l'insurrection.

Le 22 août, le journal Ce Soir, interdit depuis la fin août 1939 comme toute la presse communiste, reparaît pour la première fois. Dans ce numéro, la rédaction revient donc sur cette interdiction et sur ses conséquences. Le journal rend compte des combats dans Paris, appelle au châtiment des collaborateurs et rappelle plusieurs des massacres commis par les Allemands.

Le 23 août, l'Humanité appelle à l'unité des Parisiens dans le combat et titre "Tout Paris aux barricades": "Dans les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e, chacun est à son poste de combat. Les barricades rappelant les semaines glorieuses de la Commune ont rapidement été érigées. Nous avons vu les femmes, les jeunes, et même les enfants porter de lourds sacs de sable, de vieux lits, des pavés, sans relâche."

Le 24 août, Libération décrit un Paris hérissé de barricades en même temps qu'il rend compte de la situation sur le front normand et sur le front soviétique.

Le 25 août, Franc-Tireur raconte l'arrivée, la veille, de Dronne et de ses hommes devant l'Hôtel-de-Ville, leur réception d'abord dans celui-ci puis à la préfecture de Police. Il annocne également l'entrée pour le jour même du reste de la 2e DB ainsi que l'arrivée du général de Gaulle.

Le 26 août 1944, Combat titre sur l'arrivée du général de Gaulle à Paris et sur la capitulation de la garnison allemande.