La radiodiffusion de la Nation française

Après le débarquement en Normandie, les hommes de la BBC poursuivent leurs appels à la mobilisation des Français en faveur du combat libérateur, alors que d’autres se préparent en France à reprendre le contrôle des ondes nationales, encore tenues par l’occupant et les collaborateurs. Le 17 août, Radio Paris a cessé d’émettre. Les collaborateurs quittent le 116, avenue des Champs-Élysées, en direction de l’Allemagne, après avoir brûlé les archives. Avant leur retraite, les troupes allemandes détruisent dans de nombreuses régions de France les émetteurs ; le réseau radiophonique français se trouve largement détruit.

À Paris, Jean Guignebert, désigné pour diriger la radio libérée, donne l’ordre, le 18 août à ses hommes de prendre possession du siège du studio d'Essai de la Radio nationale de Vichy, siège situé rue de l'Université à Paris. Pierre Schaeffer a créé ce studio alors qu’il travaillait pour Radio Paris, qui était une des principales radio de la collaboration. Il s’agit d’un studio d’essai destiné à tester de nouvelles émissions et former des techniciens. Avec Pierre Schaeffer, membre du réseau Duvernois, Jean Guignebert a travaillé pendant des mois à la reprise en main de la radio au moment de la Libération, en enregistrant musiques et textes littéraires. Tout le matériel et toutes les professionns nécessaires pour faire fonctionner une station de radio sont prêts. Dans la nuit du 20 au 21, le central de radio-diffusion, rue de Grenelle, est occupé.

Deux jours après la reprise des studios par les résistants, les Français entendent enfin, le 20 août, à 22 h 30, La Marseillaise et l'annonce suivante faite par Pierre Crénesse : « Ici... Radiodiffusion de la Nation française ».

Le 21 août, ce message est répété, complété par quelques annonces relatives au ravitaillement et par un programme musical. Le 22 août, à 22 heures 30, l’équipe de Pierre Schaeffer propose le premier bulletin parlé et diffuse des messages d'appel à l'insurrection. L’appel est renouvelé tous les quarts d’heure durant toute la nuit.

Le 23, un nouveau pas est franchi avec la diffusion du premier reportage réalisé par Pierre Crénesse au cœur de l’insurrection et des combats grâce à une voiture-radio de la Radiodiffusion nationale.

Un appel de Georges Bidault , président du CNR, est diffusé. Le 24 au soir, alors que le détachement de la 2ème DB commandé par Dronne est arrivé à l’Hôtel-de-Ville, Pierre Scaheffer appelle à faire sonner les cloches par tous les curés des paroisses de Paris. Le 25 au matin, Pierre Crenesse est devant l'Hôtel-de-Ville avec les policiers et les soldats de la 2ème DB.

Pierre Crénesse devant le char Champaubert sur la place de l'Hôtel-de-Ville

Pierre Crénesse devant le Champaubert

Dans la journée, Pierre Lefèvre est place de l'Etoile où il narre l'arrivée de troupes de la 2ème DB. Dans la soirée, Raymond Marcillac rend compte de l'arrivée du général de Gaulle à l'Hôtel-de-Ville, reçu par le CNR et le CPL. Le 26 au matin, la radio appelle les Parisiens à assister au grand défilé sur les Champs-Élysées. Ses reporters disséminés tout au long du parcours, font d’ailleurs vivre en direct l’événement aux auditeurs. Pierre Lefèvre décrit le défilé depuis la place de l'Etoile ; Michel Droit à l’Hôtel de Ville et Raymond Marcillac à Notre-Dame d’où il fait vivre en en direct la fusillade.