La Résistance divisée

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Annonce de la trêve dans les rues de Paris

Le 20 août circulent dans les rues des voitures diffusant par haut-parleur un message indiquant que le CNR et le GPRF appellent à respecter la trêve convenue. Malgré cette « trêve », la lutte pour la libération n’a pas cessé. Les ordres du colonel Rol et du colonel Lizé, commandant des FFI de la Seine, n’ont pas tenu compte de cet « accord » et enjoignent de continuer le combat. Pendant la « trêve », 106 Français sont tués et 357 blessés tandis que les Allemands n’ont que 5 tués et quelques blessés ; ce qui fait dire au colonel Rol que la trêve aura plus bénéficié aux Allemands qu’à la Résistance.

Les partisans de la trêve défendent cette position au nom du risque de voir la Préfecture de police prise faute de moyens des défenseurs pour se battre. Plus généralement, la trêve serait un moyen pour l’insurrection de gagner du temps afin de permettre l’arrivée des troupes alliées et donc d’éviter la destruction de Paris. Les informations reçues par les représentants du Gouvernement provisoire faisaient état du mouvement d’unités blindés SS vers Paris et du minage d’un grand nombre de monuments de Paris et des ponts. D’après les partisans de la trêve les Allemands disposaient, au Bourget, d’un nombre important de bombardiers dont on pouvait craindre qu’ils pourraient bombarder Paris. Ils estiment que cette trêve est un gain pour la Résistance puisque les FFI sont considérés comme des soldats, les Allemands s’engagent donc à respecter les lois de la guerre, soit à ne pas fusiller les prisonniers. Par ailleurs, cette trêve garantit à chacune des parties la conservation de ses positions actuelles, donc pour la Résistance la Préfecture de Police et l’Hôtel-de-Ville ainsi que l’ensemble des autres bâtiments occupés.

Les opposants à la trêve mettent en avant que l’insurrection se développe dans l’ensemble de Paris et dans sa banlieue, que des barricades ont été érigées, des mairies prises, des usines occupées ; certaines sont mêmes prêtes à travailler pour fournir des munitions à l’insurrection. Ils n’apprécient pas le risque de destruction de Paris et particulièrement de ses ponts de la même manière considérant que les Allemands avaient absolument besoin des ponts de Paris pour évacuer les troupes allemandes sur le point d’être encerclées. Le président du CPL, André Tollet, défend qu’une trêve serait une trahison envers les Alliés puisqu’elle permettrait aux troupes allemandes de fuir et de se reformer un peu plus loin pour les affronter à nouveau. La trêve aurait pour conséquence de déplacer les combats en dehors de Paris, soit dans les banlieues ouvrières, ce que ne pouvait accepter les communistes représentant de la classe ouvrière.

C’est seulement le 21 août que les instances de la Résistance prennent quant à la trêve une décision qui permet à nouveau l’unité de toute la Résistance parisienne. Le CPL publie par voie d’affiche un appel à continuer le combat jusqu’à ce que l’ennemi soit chassé de la région parisienne, et particulièrement à empêcher la circulation des troupes allemandes en abattant les arbres, creusant des fossés anti-chars et en dressant des barricades. Le CNR et le délégué GPRF, Alexandre Parodi se rallient dans l’après-midi à cet appel.

Le bilan de la trêve pour la Résistance est très débattu, mais elle aura permis aux troupes allemandes d’accélérer leur mouvement de repli à travers Paris. Le général von Choltitz, durant ces journées, a pour objectif de conserver la libre circulation des unités en retraite à travers la ville.