L'IMPÉRATRICE "MARTINIQUAISE"

Plus grand amour de Napoléon, bonne étoile de l’empereur, Joséphine naît Marie Joseph Rose de Tascher le 23 juin 1763 sur l’île de la Martinique. Issue d’une famille d’ancienne noblesse, elle quitte son île natale l’année de ses seize ans. Elle épouse à Paris Alexandre de Beauharnais ; de cette union naissent deux enfants, Eugène et Hortense. Malheureux, le mariage aboutit à une séparation en 1785, à la veille de la Révolution française. Evoluant dans les cercles du pouvoir, Joséphine et Alexandre de Beauharnais sont tous deux emprisonnés en 1794 - lui sera exécuté, elle, libérée après trois mois de captivité. 

Joséphine
Atelier de Gérard, L'impératrice Joséphine en costume de sacre. 
© RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Yann Martin

Bonaparte est de six ans le cadet de Joséphine. Ils se rencontrent dans les sphères de la société thermidorienne, après la chute de Robespierre, et se marient en 1796. S’il s’agit d’un acte de folle passion pour Napoléon, c’est un mariage de raison pour Joséphine, qui, en tant que femme divorcée, cherche à sécuriser son statut. C’est à partir de cette date que Napoléon décide d’appeler son épouse Joséphine (selon son deuxième prénom « Joseph ») et non plus Rose, qui était son prénom d’usage. Pendant la campagne d’Italie, Bonaparte n’a de cesse d’envoyer des lettres passionnées à Joséphine ; très investie dans la vie mondaine, cette dernière ne lui répond que rarement. Elle le rejoint finalement en Italie, et est soudainement propulsée sur le devant de la scène publique. Joséphine doit alors composer un nouveau rôle, qui préfigure celui des actuelles premières dames. 

Ce rôle se renforce lorsque Napoléon accède à la tête de l’État et devient premier Consul. En tant qu’impératrice, Joséphine laisse l’image d’une souveraine populaire, caractérisée par l’élégance et la bonté. Succédant à la reine Marie-Antoinette, elle tient la cour aux Palais des Tuileries et dans les différents palais impériaux. Napoléon veut en effet faire de sa cour la plus fastueuse d’Europe, et l’impératrice joue un rôle déterminant dans le déploiement de cette stratégie d’influence. Joséphine est passionnée par la mode, les bijoux, les arts… Napoléon compte donc sur elle pour promouvoir l’art de vivre de l’Empire. 

Loin des étiquettes imposées par la vie de cour, Joséphine aime surtout se réfugier dans son petit château de Malmaison. Collectionneuse compulsive, elle y déploie son goût pour les arts ; le château regorge ainsi de tableaux, d’antiquités et sculptures en tous genres. Touche-à-tout, l’impératrice est aussi passionnée de botanique et d’histoire naturelle. Spécialiste, elle s’intéresse notamment à l’acclimatation des espèces animales et végétales. Elle acclimate à Malmaison près de deux cents nouvelles plantes, qui fleurissent dans ses serres pour la première fois en France. 

Mais Joséphine ne donne toujours pas d’héritier pour l’Empereur. Lorsque Napoléon apprend que sa maîtresse, Marie Walewska, est enceinte, il se résout à la difficile décision du divorce, persuadé désormais que Joséphine est stérile. Parce que son affection pour elle reste inchangée, elle conserve le rang d’impératrice, ainsi que la possession du château de Malmaison. Suite au divorce, elle voyage à travers la France et l’Europe, et s’investit avec joie dans son rôle de grand-mère, Eugène et Hortense ayant eu des enfants. Les événements qui marquent la fin de l’Empire - la campagne de Russie, puis l’abdication de l’empereur - l’affectent profondément. 

Joséphine meurt en 1814, âgée de 51 ans seulement, après une courte maladie. Unanimement célébrée, elle fut un personnage décisif pour l’Empire, et son influence se perçoit encore à travers le temps. 

L'IMPÉRATRICE "MARTINIQUAISE"