Un outil qui reste un rappel de la supériorité du président de la République

Le but non dissimulé de ces repas est de réjouir les convives et éventuellement apaiser des tensions diplomatiques avec un pays. Il s’agit essentiellement de montrer la gastronomie française dans sa plus pure application.
Les repas présidentiels vont du repas d’amis, privé dans les appartements, au grand repas de gala en passant par le semi-privé dans la salle à manger Pompidou. Le protocole considère ces repas dans la salle à manger Pompidou comme privés mais ils gardent néanmoins un caractère politique. Les grandes réceptions, pour les chefs d’Etat, vont du déjeuner entretien au grand dîner de gala. Le grand dîner de gala est un honneur, à la fois pour l’invité et le président de la République. Ce n’est pas vraiment un lieu de discussion politique.

Les grands dîners de gala rassemblent autour de 240 couverts, servis en 55 minutes. Ils ont le plus souvent lieu dans la salle des fêtes mais peuvent être délocalisés dans des lieux prestigieux comme le château de Versailles ou le Musée du Louvre. La salle de réception était organisée à l’origine avec une grande table longue sous le général de Gaulle. Les tables ont été ensuite disposées en U par la suite. Mitterrand avait fait le choix de recevoir ses invités à de petites tables rondes mais Mme Chirac décida de revenir “à l’époque du général”, selon ses mots.
La cuisine présidentielle est constituée de deux chefs et vingt cuisiniers, installés dans les sous-sol du palais de l’Elysée. Cette brigade, comme on l’appelle traditionnellement, est plus ou moins sollicitée selon l’importance du repas.
Le repas est avant tout protocolaire. C’est une véritable mise-en-scène chronométrée, un outil de soft-power qui met en avant l’art de vivre à la française tout en honorant le chef d’Etat invité. Le protocole est réglé comme du papier à musique, selon une hiérarchie immuable. Le président est servi en premier, puis les chefs d’Etats invités et ainsi de suite jusqu’au bout de la table. Les derniers servis n’ont pas forcément le temps de finir leur assiette qu’il faut déjà passer au plat suivant car le président a fini. Ces repas ne sont pas vraiment le lieu propice à des bavardages ou à la dégustation des mets. Il s’agit avant tout de se montrer et de se sustenter.
Le roi Charles III est reçu à Versailles par le président Emmanuel Macron et toute la réception, ainsi que le protocole sont commentés sur les médias, comme ici sur la chaîne de télévision LCI.
Le président de la République se distingue aussi par le choix parfois original des menus servis à ses invités. Ainsi, en 1957, le président Coty a proposé à la reine Elizabeth et au prince Philippe un hérisson périgourdin au nid.