Symboles et enjeux des repas présidentiels
Alors que les déplacements et les entrevues du président de la République demandent une exigence croissante de transparence vis-à-vis des citoyens français, un élément reste discret, alors qu'il est pourtant constitutif d’un rituel politique et diplomatique vieux de plusieurs siècles et se déroule à intervalles réguliers dans le palais de l’Elysée : les repas présidentiels.
Depuis la IIIe République, les réceptions officielles des présidents font l’objet d’un protocole méticuleusement orchestré, où la gastronomie française sert d’outil diplomatique pour servir les intérêts de l’Etat, mais aussi de levier pour faire briller le patrimoine culturel et la richesse agricole de la France.
- Mais comment restituer l’importance des repas de l’Élysée alors même qu’il s’agit d’évènements ayant lieu à huis-clos ?
- Quels supports peuvent nous en apprendre plus sur cette scénographie aux enjeux politiques ?
Pour répondre à ces interrogations, les menus des repas donnés à l’Elysée sont des supports fourmillants de détails, où le lieu du repas, sa composition et sa présentation nous donnent des indications sur la politique française.
Cette exposition prend le parti pris de construire son discours à partir des menus, voulant ainsi valoriser cette catégorie d’archives, à commencer par le plus ancien conservé à ce jour.
Il s’agit d’un repas offert par le président Félix Faure au tsar Nicolas II, le 10 octobre 1896.
On peut y lire une large succession de plats, une longueur caractéristique du grand repas français du XIXe siècle, avec des mises en bouche, hors-d’oeuvres, potages, flancs (plats restant sur les côtés de la table durant tout le repas), bouts (plats placés en bout de table), entrées, rôts (plats de résistance), entremets et desserts.
Il est conservé à la bibliothèque municipale de Dijon, qui archive tous les documents pouvant alimenter un fond documentaire orienté vers la gastronomie et le monde culinaire. La bibliothèque à constituer ses archives grâce à l’arrivée de différents fonds, à commencer par le fonds Muteau. Elle compte aujourd’hui plus de 13 000 menus.
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Néanmoins, les menus n’étaient pas conservés de façon systématique. C’est Michelle Auriol, épouse de Vincent Auriol, président sous la IVe République (1947 - 1954), qui propose de conserver tous les menus servis au palais de l’Elysée, avec la volonté que les invités ne mangent pas deux fois la même chose.
De cette exigence de la Première Dame s’est finalement développé une collection de menus, devenus documents historiques aux précieuses informations sur le déroulé de la politique française.