Beaux-Arts

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Panneau de Gauche du Jardin des Délices 

Le peintre néerlandais Jérome Bosch (v.1453-v.1516) fait apparaître rats ou souris dans son triptyque intitulé Le jardin des Délices, œuvre complexe et énigmatique qui est sans doute la peinture la plus célèbre de l'artiste. Le panneau de gauche représente le paradis terrestre. 
On peut diviser ce panneau en trois parties : La partie supériere où l’on trouve des rochers aux formes bizarres d’où s’échappent des nuées d’oiseaux. La partie centrale, on peut voir la Fontaine de la Vie, de couleur rose et à la droite de celle-ci l’Arbre du Bien et du Mal (un palmier) reconnaissable au fait que le serpent tentateur s’y enroule. Dans la partie basse, il y a une scène atypique en ce sens qu’elle ne représente ni la création d’Eve à partir de la côte d’Adam, ni la manière dont ils se comportent dans le jardin d’Eden… Dans cette scène curieuse et originale apparaissent Dieu, Adam et Eve. Adam est réveillé, ce qui apparaît seulement dans les miniatures, et Dieu lui présente Eve récemment créée. Derrière la Fontaine de la Vie, sur la droite, des animaux s’affrontent les uns aux autres : un lion a terassé un cerf et s’apprête à le dévorer, un étrange bipède est poursuivi par un sanglier. Au premier plan, près du bassin, les disputes entre les animaux recommencent à se produire : un léopard tient un rat dans sa bouche et un oiseau à dents mange une grenouille. On a l’habitude de considérer ces signes étrangers à la paix paradisiaque comme une annonce du péché.

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Nature morte avec deux oiseaux, une souris et des insectes 

Au centre du tableau, un moineau est suspendu à un clou par l’aile droite. En bas, un oiseau sans vie repose sur une margelle, la tête dans le vide. A sa gauche, un objet cylindrique en verre monté sur un pied de buis fait écho au vase de jasmins de la Nature morte à la mésange, seuls objets manufacturés – et donc produits par l’homme – représentés dans ce groupe de natures mortes. A droite de l’oiseau, sur la même margelle, une souris au pelage sombre, prête à jaillir, contraste avec ces éléments inanimés de même que les insectes voletant autour du moineau. D’une grande finesse, cette œuvre déploie une palette de tons subtils qui permettent à son auteur de dévoiler la beauté du quotidien. L’extrême précision du traitement des matières et du volume inscrit cette toile de la  jeunesse d’Oudry, empreinte de fraîcheur, dans l’art du trompe-l’œil. Sa composition reste d’une grande simplicité : reposant sur des lignes horizontales et verticales. Tout comme les trois autres natures mortes réalisées par le peintre, la composition répond à une organisation  concentrée aussi autour de l’oiseau suspendu, le réseau de lignes du tableau s’entrecoupent au centre, juste à la jonction de l’aile droite et du corps de l’oiseau. La rigueur de cette organisation est perturbée par les lignes diagonales formées par le cylindre de verre monté sur pied en bas à gauche et à  droite la petite souris vivante.
Les trois natures mortes peintes par Oudry se distinguent par une touche picturale très fine, inspirée de la technique porcelainée de certaines écoles hollandaises au XVIIe siècle : le rendu lisse met en avant les détails naturalistes du plumage ou du pelage des animaux, la texture des fruits, la transparence du vase.