Caricatures et dessins de société
Grandville est un dessinateur et caricaturiste du XIXè siècle. Il connait un succès critique et populaire lorsqu’il publie Les Métamorphoses du jour en 1828-29, une série de 70 scènes dans lesquelles des personnages humains sont représentés avec une tête d'animal en situation pour un rôle dans la comédie humaine. Ces dessins sont remarqués par l’habileté du dessin des expressions humaines transposées sur une figure animale. Il s’inscrit en cela dans le courant de la physiogonomie, pseudo-science très appréciée à cette époque, qui cherche à démontrer qu’il existe un lien entre les traits du visage d’un individu et son caractère.
Au recto de cette première estampe sont visibles les inscriptions imprimées à l'encre noire, sous la vignette : "C'est ce que les hommes appellent un rat d’église." Il s’agir d’une des caricatures de Vignette, un rat d'église avec des sabots et tenant un goupillon est assis au pied d'un pilier où est placardée une affiche ornée d'une croix et d'un écusson. A côté du rat, un porte-cierges et à ses pieds une pierre tombale sur laquelle on lit : “CYGIT". Son destin est donc scellé, par la frugalité de son mode de vie.
Cette image représente une scène de mendicité dans la rue. Tous les protagonistes ont des têtes d'animaux. A gauche, un pauvre violoniste se tient à genou, sa tête de taupe suggère qu'il est aveugle. Un jeune garçon en guenilles et les pieds nus, fait l'aumône, il a la tête d'un chien des rues. Il tend son écuelle à trois jeunes gens portant leur étui à violon, leur toile et leur carton à dessins ou encore leur livre et tête de mort sur laquelle méditer. Musicien, peintre et poète, ce sont des artistes sans le sou. Ils sont représentés avec des têtes de rats. Cette estampe est issue des Métamorphoses du Jour où elles étaient accompagnées des mots suivants “ ce sont trois rats, mon bon caniche, trois rats, gueux comme ton maître, le rat d'atelier, du rat d'orchestre et du rat d'amphithéâtre, les plus râpés, les plus misérables de tous les rats "