Les rongeurs dans l'art contemporain

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I...I...I...

Ryan Gander, artiste londonien né en 1976, est invité en 2019 à créer une oeuvre in situ pour la fondation Pinault. Gander n’a pas de médium de prédilection, mais il s’attache avant tout  à interroger les mécanismes de perception d’une œuvre d’art dans un rapport complexe entre réalité et fiction. Ses œuvres parlent toutes, d’une façon ou d’une autre, d’absence, de perte, d’invisibilité, de latence. Avec I… I… I… l’artiste crée une oeuvre dans laquelle une souris animatronique se met en mouvement, surprenant ainsi le visiteur. Avec une petite voix fluette, presque enfantine, elle se met à bégayer et sort de son trou creusé à même le mur. Toujours suivant les mêmes gestes et les mêmes paroles, elle est condamnée à une éternité de cycles, jusqu’à épuisement. Cette oeuvre se veut reflexive de nos propres enfermements, de nos routines et de nos fatigues, dans une société qui nous enferme dans une boucle infernale. 

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« La Souris, ça c’est moi ! », Claes Oldenburg

Au début des années 1960, Oldenburg s’empare de l’image du plus iconique de tous les personnages de dessins animés, Mickey. Dans sa version de ce personnage de BD, la Souris Géométrique, la forme de Mickey est évoquée par une vieille caméra cinématographique dont la boîte carrée et les bobines suggèrent le visage et les oreilles de la fameuse souris. Comme dans le cas d’autres œuvres d’Oldenburg, cette image mêle le grand art et l’art mineur, mais elle est plus personnelle, puisque l’artiste est allé jusqu’à déclarer que la Souris Géométrique était son alter ego : « La Souris, ça c’est moi ! », selon sa propre expression.
En 1967, Oldenburg élargit le sujet de la souris pour en créer une version incorporant tout le bâtiment d’un musée, le Musée Souris. À l’intérieur du Musée Souris, Oldenburg disposa une collection d’objets en miniature, kitsch, qui évoquent des souvenirs personnels.