Manger les pissenlits par la racine
« Les Morts vont vite, mais les agences mortuaires vont fort, écrit l’Ouest Eclair. »
BARTHÉLÉMY, Gabriel, L’art et l’ornement funéraires de France, 1926.
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Pissenlit, extrait de Regnault G. et N-F, La botanique mise à la portée de tout le monde, ou Collection des plantes d'usage dans la médecine, dans les alimens et dans les arts, avec des notices..., 1774
"Manger les pissenlits par la racine" est une expression française du XIXe siècle qui fait référence aux morts tout juste enterrée et aux fleurs sauvages qui poussent sur les sépultures.
Si l’on a volontiers pensé la mort et le deuil en termes de mémoire et de commémoration, l’art funéraire à la période contemporaine en France a été peu traité jusqu’alors. Du moins en Occident, où la production artistique et industrielle mise à la disposition des familles pour orner les sépultures ou se parer est bien souvent associée au kitsch et à faible valeur patrimoniale.
Empruntant les termes employés par Louis Mercier dans son opuscule sur le deuil publié en 1877, on peut définir le deuil comme une « expression extérieure d’un sentiment d’affection, de reconnaissance, de respect ou de considération envers une personne qui n’est plus » (2). Celle-ci prend alors différentes formes selon la culture à laquelle appartient la personne endeuillée.
À travers cette relecture de la mort et son anthropologie en histoire des arts industriels et décoratifs, il convient de montrer l’ampleur des industries d’art et artisanats sollicités lors du deuil. Il s’agit également de redonner au décor et à l’ornement toute son importance sémiotique et symbolique en contexte funéraire à l’époque contemporaine.
Cette exposition s’inscrit dans le courant historiographique, de l’histoire des attitudes devant la mort, balisé par Philippe Ariès et Michel Vovelle (3). Par conséquent elle s’inscrit aussi dans l’histoire urbaine, celle des corps et des mœurs.
L’originalité de cette recherche et de cette exposition consiste à l’introduction d’un tel sujet dans le champ de l’histoire des arts décoratifs et industriels, pan majeur de l’histoire de l’art.